Insécurité alimentaire et Covid-19 : la FAO prédit des lendemains difficiles pour le Sénégal
Le Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) prédit un avenir pas du tout rassurant pour le Sénégal. Pour la structure onusienne, le Covid-19 va faire très mal dans certaines zones vulnérables à la sécurité alimentaire. Dans son dernier rapport, elle prédit une augmentation importante de personnes en situation d’insécurité de 151.000 en mars 2019 à 766.000 personnes au cours de la prochaine période de soudure entre juin et août 2020. Le rapport publié la semaine dernière constate aussi un besoin d’importations céréalières à un niveau supérieur à la moyenne et une baisse de la production de riz de la vallée du fleuve Sénégal.
C’est un spectacle de désolation qui se profile à l’horizon pour certaines localités déjà affectées par une crise alimentaire. En cette période de crise économique provoquée par la pandémie du Covid-19, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire va passer de 151.000 en mars 2019 à 766.000 personnes au cours de la prochaine période de soudure entre juin et août 2020. L’information provient du rapport du système mondial d’information et d’alerte de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao). En effet, les services de Dongyu Qu, Directeur général de la Fao, se basent sur l’analyse du cadre harmonisé de mars 2020 qui chiffre le nombre total de personnes, en situation d’insécurité alimentaire sévère qui correspond à la phase 3 :
«Crise» et au-dessus, a environ 436.000. Ce qui veut dire en nette augmentation par rapport aux 151.000 personnes en mars 2019. «Si des mesures et des réponses appropriées ne sont pas mises en œuvre, ce nombre devrait atteindre près de 766.000 personnes au cours de la prochaine période de soudure entre juin et août 2020, bien au-dessus des 341.000 personnes en situation d’insécurité alimentaire estimées pour la période juin-août 2019», lit-on dans le rapport. Qui poursuit : «la détérioration de la situation alimentaire et l’augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire sont dues aux effets des phénomènes météorologiques défavorables (sécheresse et inondations) sur la production céréalière et fourragère».
Prévision des besoins d’importation supérieurs à la moyenne
La Fao, vu l’évolution de la situation du Covid-19, s’est aussi attardée sur l’augmentation des besoins d’importation. «Le pays dépend fortement des importations pour couvrir ses besoins totaux de consommation intérieure de céréales. Bien que la production céréalière de 2019 soit estimée à un niveau supérieur à la moyenne, les besoins d’importations pour la campagne de commercialisation 2019/20 (novembre/octobre) devraient se situer à un niveau supérieur à la moyenne de 2,3 millions de tonnes» renseigne le rapport.
Baisse de la production de riz dans la vallée du fleuve Sénégal…
Pis, la Fao soutient qu’«une augmentation des importations de riz est attendue en raison de la légère baisse de la production de riz dans la vallée du fleuve Sénégal et de l’intention des commerçants de constituer leurs stocks». D’ailleurs, c’est que le rapport de la Fao conforte le bulletin mensuel de février 2020 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) qui a indiqué que les importations du mois de février 2020 sont évaluées à 203,4 milliards de F Cfa contre 345,9 milliards de F Cfa au mois précédent, soit une baisse de 41,2%. Une baisse imputable à celle des achats à l’extérieur de riz (-59%), selon l’Ansd.
Déficit de production des cultures céréalières
Autre chapitre inquiétant, c’est la culture céréalière avec «des conditions météorologiques saisonnières sèches qui prévalent dans la plupart des régions du pays». D’ailleurs, la Fao informe que malgré la production moyenne au niveau national, plusieurs localités ont enregistré des déficits de production en raison de poches de sécheresse au début (juin) et à la fin (septembre) ainsi que des inondations qui ont affecté les cultures, en particulier dans les régions de Bakel et Podor.
Samba THIAM – Les Échos