Economie

Sénégal : les acteurs de la pêche protestent contre l’intention du gouvernement de délivrer 54 permis de pêche à des navires chinois et turcs

illustration surpêche au Sénégal Bateau de pêche
un Bateau de pêche plein de poissons

En pleine crise du coronavirus, le comité consultatif sénégalais pour l’attribution des licences de pêche a été consulté par email pour l’attribution de 54 permis de pêche à des navires chinois et turcs. Selon les informations obtenues par « Les Echos », plusieurs organisations de pêche ont soulevé des problèmes de durabilité et averti que cela pourrait mettre en danger les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs artisanaux. D’autant qu’il s’agit de la plus grande liste de navires à avoir demandé des licences en une seule fois.

La population sénégalaise traverse une crise de sécurité alimentaire et les multiples alertes d’organisations non-gouvernementales semblent confirmer la menace. En 2017, le Programme alimentaire mondial a déclaré que 50% de la population sénégalaise souffre déjà d’insécurité alimentaire et qu’avec la surpêche dans les eaux sénégalaises, ce chiffre ne peut cesser d’augmenter.

Pourtant il faut croire que le gouvernement sénégalais n’a rien à faire de ces alertes pourtant on ne peut plus sérieux. En effet, les acteurs sénégalais de la pêche sont dans tous leurs états. À l’origine de cette colère, l’intention du gouvernement sénégalais de délivrer 54 permis de pêche à des navires chinois et turcs. Soit la plus grande liste de navires à avoir demandé des licences en une seule fois.

Et pourtant le poisson est important au Sénégal. Environ les trois quarts du régime alimentaire local en sont composés. Non seulement sur la côte, mais loin dans l’intérieur. Des centaines de milliers de Sénégalais sont des pêcheurs. Une décision des autorités sénégalaises jugée invraisemblable par que les acteurs de la pêche. Pour ces derniers une telle décision soulève des problèmes de durabilité et averti que cela pourrait mettre en danger les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs artisanaux.

Ainsi, face à cette situation, plusieurs acteurs sénégalais de la pêche, notamment des pêcheurs artisanaux, des armateurs industriels mais également des organisations de la société civile, ont protesté contre l’intention de leur gouvernement de délivrer 52 licences de pêche à des navires d’origine chinoise et 2 à des senneurs turcs . Alors que le pays est confronté à des restrictions épidémiques liées à Covid-19, le ministère a consulté le comité consultatif sénégalais pour l’attribution des licences de pêche (Ccalp), un organisme avec la représentation des principaux acteurs de la pêche, via un e-mail.

L’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (Aprapam), une organisation de la société civile sénégalaise, a publié une déclaration soulignant que si ces licences étaient accordées, cela augmenterait la pression de pêche, menacerait la durabilité et les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs artisanaux qui souffrent déjà des restrictions en place pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.

Parallèlement, la pêche artisanale a adressé une lettre au ministre de la pêche demandant le report de l’examen des licences en soulignant plusieurs inquiétudes concernant la procédure mais également les demandes de licences. Le groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes) a également envoyé une lettre ouverte au ministre, soulignant des préoccupations similaires.

Il faut savoir que sur le lot des 54 permis demandés, 15 navires d’origine chinoise et 2 senneurs turcs ont demandé une licence pour pêcher les petits pélagiques, une ressource déjà surexploitée, notamment la sardinelle, qui est une ressource clé pour la pêche artisanale et un aliment de base au Sénégal mais également dans toute l’Afrique de l’Ouest. Il y a également 36 demandes de licence pour le merlu, une ressource surexploitée qui est d’ailleurs partagée avec d’autres pays de la région.

Pour ces navires, l’obtention d’une licence est une condition sine qua non pour devenir «sénégalisé» (délogé au Sénégal) dans le cadre d’une joint-venture. Aprapam note que cela signifie que 51% du capital doit être détenu par un ressortissant sénégalais. Le Conseil national interprofessionnel de la pêche artisanale du Sénégal (Conipas) s’interroge cependant sur le «comment une entreprise avec capital de 100 000 francs peut posséder un bateau pouvant couter jusqu’à 1 milliard de francs? ».

De son côté, Aprapam déclare qu’il n’y a «aucun doute sur la véritable nationalité de ces bateaux. « Nous les considérons comme des bateaux étrangers», souligne l’organisation et d’indiquer que ces navires sont nouveaux dans les eaux du Sénégal et que certains d’entre eux ont des antécédents de non-conformité.

Sidy Djimby NDAO

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