Reportage

[Reportage] Ramadan et Covid 19 : à Saint-Louis un jeûne dans la ferveur malgré la particularité

Une rue à Saint Louis du Sénégal
Une rue à Saint Louis du Sénégal

Au quartier nord de l’ile dans la ville tricentenaire, il est presque 18 heures le moment où les gens s’apprêtent à faire leurs achats pour la rupture du jeune. Dans une des rues du nord les personnes vaquent à leurs occupations avec le port de masque sur leur visages, ce qui laisse penser un ramadan en plein Covid 19.

Nous avons pu interroger quelques résidants qui nous font part de leurs cris de cœur face à l’impact du corona à Saint-Louis.

Saint-Louis vit dans un ramadan avec la situation du Coronavirus. Dans cette ville tricentenaire, berceau de l’islam au Sénégal, les musulmans jeunent dans un contexte qui leur est étranger.

Dans ce quartier de la vieille ville appelé Nord ou Lodo, le port de masque de certains riverains décrit un moment de méfiance du virus Corona. Pour les habitants de cette localité, le coronavirus les a privés d’un ramadan avec une certaine dévotion.

C’est l’avis de ce vieux du nom d’Abdoul Madjid Fall, qui dit être nostalgique des instants marquants du ramadan tel que les prières regroupées et les «tafsiroul khour ane» qui étaient organisés dans les mosquées : « nous les saint-louisiens on est tellement impacté par ce fléau. Vous savez ici à Saint-Louis l’islam occupe une place importante, puisque cette ville a vu la venue de beaucoup d’érudits de l’islam comme Cheikh Omar Foutiyou Tall, qui est même le bâtisseur de la grande mosquée qui se situe ici au nord, y’a pas mal de guides religieux dont on a connu. Donc, pour vous dire que le ramadan est accueilli avec beaucoup de soin. Mais, dans cette période de Covid 19 , on a du mal à sentir le ramadan comme il faut. Prier dans les mosquées est impossible alors se regrouper n’en parlons pas. Auparavant on pouvait se réunir pour réciter le coran entre fidèle et faire des enseignements sur ce livre sacré mais actuellement vu cette situation tout cela reste pour l’instant difficile , on ne fait nos invocations qu’à la maison à cause de cette pandémie. Nous implorons Dieu de nous libérer de cette malédiction pour pouvoir revivre les moments nécessaire de nos pratiques religieuses. »

Si pour Madjid Fall, le coronavirus a empêché d’adorer Dieu dans les lieux de culte , pour ce jeune coiffeur du nom de Boly Teuw ,il est difficile de gagner sa vie avec le coronavirus ce qui rend le ramadan un peu difficile : « depuis qu’on a annoncé le premier cas de Saint-Louis j’ai la peine de recevoir beaucoup de clients dans mon salon pour se faire coiffer. Vraiment, cette pandémie de Covid a tout gâché puisque je peux ouvrir tout une journée sans voir de clients. Avec cette maladie il y’a trop de distance entre nous, ce qui ne facilite pas mon métier. Ce que je dis c’est que le mois de ramadan de cette année, il faut que les vœux soient exaucés car on a à faire avec une véritable épreuve. »

Cette dame nommée Rokhaya Ndam dit : « j’ai du mal à sortir pour aller vaquer à mes occupations, mais on y peut rien puisqu’on est obligée d’aller à la boutique ou au marché afin de préparer le repas pour la rupture. C’est trop gênant d’aller et venir avec une telle situation. Parfois, je suis dans la psychose lorsque je vais au marché pour mes achats. Avec les cas qu’on annonce chaque jours , j’ai une peur de côtoyer mes semblables et que surtout ces derniers temps le corona a touché des commerçants et vendeurs. La peur est là mais on y peut rien. Finalement, je porte mon masque pour espérer me protéger. Le ramadan de cette année est loin d’être facile pour nous. »

Pour ce jeune du nom de 18 ans du nom de Cheikh Thiam, le ramadan de cette année ci manque de beaucoup de communion, parce qu’on se réunissait entre ami pour débattre et joué, question de ne pas sentir le temps pénible du jeune : « le ramadan de cette année s’annonce mal avec le coronavirus. Nous ne pouvons plus se voir entre ami comme il faut.

Un tel virus est antisocial, on peut dire, du fait qu’il nous empêche de se côtoyer. Nous sommes forcé de garder les distance, on n’a pas le choix pourvu que les cas communautaires sont parmi nous, on est tous porteur probable de ce virus. En plus de cela la police de l’ile interdit tout regroupement. Maintenant, ce qui reste à faire c’est de rester confiné chez soi.

Le micro tendu à Pa Abdourahmane Ndiaye, le chef de quartier du Nord de l’ile qui essaie de rassurer les résidents de cette cité : « nous sommes certes dans une crise mondiale, mais il est de notre devoir de protéger notre population. Pour participer au soutien de nos proche on a pu recenser les nécessiteux du quartier puisqu’il n’ont pas les moyens de se subvenir face à ce contexte. Je travaille avec le maire et le conseil du quartier sur comment aider les habitants. Déjà, à ce qui concerne la sensibilisation et la sécurité pour les domiciliés, nous avons confectionné des masques qu’on va les offrir. Nous savons plus que tout le monde ce que ressentent certaines personnes face à cette pandémie en plein ramadan. J’invite mes concitoyens à rester chez eux et de respecter les mesures barrières, et chercher à avoir plus de retenu. Nous allons faire tout ce que nous pouvons pour les servir. »

Le Covid 19 a rendu défavorable un épanouissement d’un ramadan Moubarak pour cette population de Saint-Louis, ville des valeurs islamiques et de l’hospitalité. Mais, vaut mieux s’abstenir pour éradiquer cette pandémie qui dicte sa loi. L’heure est à la méfiance et au confinement pour gagner cette lutte. Il ne sera jamais tard de vivre un jour, un ramadan sans corona.

Mamadou Ndiaye Mbengue

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