[Tribune] Economie mondiale et santé : le protectionnisme sanitaire face au libéralisme (Covid-19) – Par Meissa Lo
La pandémie de COVID-19 aura un impact indescriptible, insupportable et dévastateur dans le monde. Elle plongera inéluctablement le monde dans une crise économique profonde. Aujourd’hui l’impact se sent déjà sur tous les plans : sanitaire, social, politique et financier.
La propagation du virus a touché les pays de plein fouet. Des conséquences désastreuses sur le plan économique sont inévitables surtout pour nos états africains qui sont tributaires des produits de base et d’échanges commerciaux pas suffisamment présents sur le commerce mondial. Les premières évaluations du Fonds monétaire international (FMI) sont assez alarmantes et symptomatiques : une économie mondiale qui est dans la récession, un ralentissement de la croissance mondiale accompagné d’une chute significative de la demande de produits de base africains comme le pétrole, le cacao, le café etc., sans compter la baisse importante des envois de fonds. L’Afrique, comme tous les états du monde, sont sur des démarches ou politiques d’urgence visant à sauver leur économie et limiter l’impact de cette pandémie.
Ces mesures prises, frisent le protectionnisme sanitaire, économique et social. De ce fait, il semble se poser un véritable dilemme pour ces états, qui avaient une politique économique et sociale très libérale. Nous constatons, que les mesures de lutte contre le covid-19, ont poussé ces états à fermer leur frontière, limiter leurs échanges internationaux sinon quasiment les stopper. Donc, des décisions qui sont en porte-à-faux avec les principes fondamentaux du libéralisme : libre échange, liberté de déplacement (confinement partiel ou total), liberté d’expression (pour éviter les « fake news », dans certains états la circulation des informations est passée au peigne fin) etc. Le protectionnisme sanitaire prend t-il le dessus sur le libéralisme ? Est-il en train de remettre en cause les principes du libéralisme ? Présente-t-il le coronavirus comme le virus du libéralisme ? D’autant plus que beaucoup ont pointé d’un doigt accusateur la mondialisation, lui imputant la responsabilité d’avoir facilité la propagation du virus dans le monde.
Selon l’ancien ministre et écologiste Nicolas Hulot, intervenant sur France inter, cette crise sanitaire sera finalement une crise salutaire, qui poussera les états qui étaient à fond sur le libéralisme, à songer à un équilibre entre le protectionnisme et le néolibéralisme. Cependant, il assure « qu’on ne va pas cesser de commercer. On ne va pas cesser d’échanger mais qu’il va falloir relocaliser des chaînes de valeur entières et on ne va pas commercer à l’identique. On va arrêter d’avoir des produits qui arrivent en 24 heures du bout du monde avec les impacts écologiques et climatiques que l’on connaît ». Aujourd’hui, écologistes, protectionnistes, et autres semblent profiter de cette crise pour mettre en exergue les limites du libéralisme, et le présenter comme étant la locomotive de cette maladie dans le monde. Pour eux, le covid-19 signe l’échec du libéralisme.
IL ne s’agit nullement d’un choix à faire entre la santé et l’économie, étant donné que les deux sont corolairement liées mais aussi que des experts de la santé ont soutenu et justifié l’utilité de certaines mesures prises impactant directement la bonne marche de l’économie, juste dans le but de combattre efficacement cette pandémie. Cependant, Il est aisé de noter que plusieurs études ont démontré que tous les pays touchés, notamment ceux de l’Afrique, ne pourront échapper aux répercussions néfastes sur le plan économique, répercussions liées à ces mesures de confinement.
Ce que la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) a traduit en ces mots : « un mois complet de verrouillage à travers l’Afrique coûterait au continent environ 2,5 % de son PIB annuel soit 65 milliards de dollars », et de l’autre coté la première puissance mondiale est elle à plus de 25 millions de chômeurs.
Bien qu’un nombre important de scientifiques et médecins ont loué l’efficacité du confinement, soit de plus de 3 milliards de personnes dans le monde, il est important de souligner que l’Iran qui fait partie des pays les plus fermés, n’a pas adopté les mêmes mesures, car selon eux le combat contre cette maladie appelle à une libre circulation des informations (bonnes informations), des marchandises tels que les masques, gels hydroalcooliques, la circulation aussi des scientifiques et acteurs de la médecine capables de venir en aide aux états les plus fragiles qui sont dans le besoin.
Revenir, à des politiques autarciques, adopter le protectionnisme ne sauraient être la solution post covid-19. Pour rappel, après la crise de 2008, personne n’a réclamé le retour du protectionnisme, certains états ont même renforcé leur politique libérale.
Les états doivent plutôt revoir l’hypermondialisation de la fragmentation des chaînes de valeur, la relocalisation de certaines tâches industrielles, sachant que la fermeture de certaines frontières a créé d’innombrables problèmes d’approvisionnement dans des secteurs stratégiques, annonçant déjà les prémices d’une crise économique mondiale, qui vient se rajouter aux conséquences de la crise sino-américaine et la récession déjà attendue par beaucoup d’analystes financiers.
Meissa LO
Expert financier
Mba trading et gestion d’actifs
Paris, la défense
PS : La direction de Kaolack Infos (Klinfos.com) rappelle que l’auteur de ce texte n’est pas un journaliste de la rédaction de KLINFOS mais un contributeur dont nous diffusions l’opinion et ce dans une dynamique de libre expression plurielle.