Kaolack : le 1er président de la Cour d’appel accusé de corruption par un collègue
Le Premier président de la Cour d’appel de Kaolack a démissionné de l’Ums après avoir épuisé sa capacité à supporter les «insultes» des jeunes magistrats à l’endroit de la hiérarchie judiciaire. Cette décision ferait-elle suite à des relations conflictuelles avec un juge affecté dans sa juridiction, qui a porté à son encontre de graves accusations.
La démission du Premier président de la Cour d’appel de Kaolack de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) cacherait-elle un malaise au sein de cette juridiction ? Il est constant que le juge Ousmane Kane entretient un rapport conflictuel avec un autre magistrat, qui n’a pas manqué de porter à son encontre de graves accusations contenues dans une lettre-réponse à une demande d’explications, qui lui a été servie. Cela remonte au 14 avril dernier.
En réponse à la «De» qui lui reprochait d’avoir fermé dans son bureau «les dossiers en délibéré de la Chambre civile, de la Chambre sociale et de l’audience solennelle du 18 mars 2020» et son refus «de remettre les clés à un collègue qui revenait de Kaolack (…) malgré la suggestion qui vous en a été faite par le Secrétaire général», le juge Yaya Amadou Dia a fait un réquisitoire sur la gestion de la Cour d’appel de Kaolack en portant plusieurs griefs, comme de la corruption présumée, à l’encontre de son président.
Cette lettre a-t-elle précipité le départ du juge Kane de l’Ums tant les mots utilisés pour lui répondre sont durs ? En tout cas, le juge Dia affirme dans son document que tous les «faits mentionnés dans cette lettre, sans exception, sont documentés ou attestés» et se met «à la disposition du ministère de la Justice et des autorités judiciaires, pour remettre à tout enquêteur qu’ils voudront bien désigner, toutes les preuves à notre possession concernant ces faits».
Ampliataires de cette lettre, l’Ums, le Premier président de la Cour suprême, le Procureur général près la Cour suprême et le ministère de la Justice n’ont pas publiquement posé un quelconque acte pour tirer cette affaire au clair.
Il faut dire que le conflit générationnel est latent dans la magistrature. Dans sa lettre de démission de l’Ums, Ousmane Kane, qui a été juge au Tribunal arbitral du sport, qui jouit d’une excellente réputation et est considéré comme l’un des magistrats les plus intègres de ce pays, regrettait que «les chefs de la hiérarchie judiciaire» soient «conspués et insultés par des collègues pour lesquels ils ont contribué à la formation».
«En ce qui me concerne, ne pouvant plus supporter ces insultes, je vous présente ma démission de I’Ums», dit-il en soutenant qu’«il serait d’un apport décisif si les magistrats apprenaient à respecter la hiérarchie».
L’évolution de cette affaire montre par ailleurs, à quel point les chaînes de prise de décisions sont lentes à agir dans notre Administration. Il est pour le moins surprenant que, pour une lettre qui leur a été servie depuis le mois d’avril dernier, en plus étayée de faits très graves et sur un ton à la limite de la courtoisie, les différents échelons de la haute magistrature n’aient pas daigné poser d’actes visibles, dans un sens ou dans l’autre. Ce qui a abouti à l’étalage sur la place publique de ce conflit indigne de la Justice sénégalaise.
Suite à ces graves accusations, le Premier président de la Cour d’appel de Kaolack, le magistrat Ousmane Kane a décidé d’animer une conférence de presse à Kaolack. Le face à face avec les journalistes se déroule au moment même où nous écrivons ces lignes.
Nous y reviendrons…