Environnement

Gestion des inondations au Sénégal : Incompétence ou business – Par Bocar Harouna Diallo

Gestion des inondations au Sénégal : Incompétence ou business - Par Bocar Harouna Diallo
Inondations à Khakhoum Kaolack

Les inondations sont devenues un problème très récurrent qui plonge les sénégalais dans un chaos total. Depuis 2005, certaines régions du Sénégal en particulier Dakar se retrouvent au fond des eaux pluviales associées à celles usées.

Cette situation est devenue une habitude tout au long de l’hivernage et les habitants de la banlieue dakaroise en sont les principales victimes avec des pertes de vie et matérielles assez conséquentes. Et pourtant depuis 2005 plusieurs programmes et politiques de gestion voire de lutte contre les inondations sont entrepris avec des budgets inestimables.

Mais pourquoi le problème n’est-il toujours pas résolu ?

On dit qu’il y’a un problème lorsqu’on constate qu’une situation est non satisfaisante, et qu’il existe un hiatus (écart) entre la réalité et ce qui est attendu.

Ce problème restera difficile à éradiquer si la gestion des inondations n’obéit pas à certaines réalités. La gestion des inondations semble être confiée à des pseudos politiciens qui œuvrent pour l’intérêt crypto-personnel qui ne se soucient pas de la vie de leurs compatriotes. Le système de canalisation défectueux et sans norme et l’aménagement du territoire incohérent entrepris par des businessmen politiciens sont aujourd’hui des véritables facteurs de ces inondations. Les spécialistes de l’environnement sont-ils bien associés dans cette lutte ?

Non, je pense qu’ils sont sous-estimés du fait de leur véracité et sans engagement politique populaire.

Le choix des opérateurs d’assainissement et entretien des infrastructures semble se baser sur des liens sociaux et/ou d’amitié où la crédibilité et l’expérience dans le domaine sont classées au second plan.

L’urbanisation très mal planifiée peut aggraver la situation. Ils s’y ajoutent la démographie galopante, les constructions anarchiques et la pauvreté. Il me semble que les budgets alloués à ce fléau sont loin d’être utilisés comme prévu. Peut-être ils sont utilisés à d’autres fins sans lien avec les inondations. Ce qui justifie d’ailleurs la gestion nébuleuse et fumeuse de ces fonds et sans compte rendu fiable.

Cet échec fatal résulte de l’incompétence et un manque notoire de vision future dans les stratégies de certains de nos gouvernants destinées juste à capter des mannes financières cruciales. On se rappelle qu’en 2012, la B.E.I a injecté un pactole de 440 milliards de FCFA pour assainir la ville de Dakar. Paradoxalement cette ville confond toujours hivernage et souffrance et se parfume d’une odeur nauséabonde des tas d’ordure.

Récemment Abdoul MBAYE a évoqué les 750 milliards destinés à la lutte contre ces inondations et qui selon lui n’ont jamais été dépensés convenablement.

Que faut-il faire pour régler le problème de ces inondations ?

On peut se permettre de dire qu’un problème bien posé est à moitié résolu.
Vouloir régler définitivement le cas des inondations nécessite une véritable rigueur et sérénité et patriotisme. Il nous faut des démarches minutieusement réfléchies.

Il s’agit de procéder à :
1_Mise en place d’une équipe dynamique et compétente en la matière ;
2_Une cartographie de toutes les zones de rétention d’eau et les bassins versants ;
3_Un aménagement très cohérent du territoire ;
4_Un système de canalisation efficace et durable ;
5_Un curage des canaux d’évacuation des eaux usées permanent ;
6_Un contrôle permanent des fonds destinés à la gestion des inondations;
7_Aménagement des bassins de rétention qui d’ailleurs pourront promouvoir le développement du maraîchage.

Tout problème à une solution, mais il faut voir le bon côté des choses et mettre des hommes qu’il faut avec une gestion vertueuse et efficace.

On a pas besoin des discours répétitifs et des slogans ( pouvoir et opposition) juste pour séduire la population, on a plutôt besoin des actes concrets sans grand bruit. On a besoin des hommes d’État avec des idéologies de développement typiquement sénégalaises et non de politiciens chefs de parti obnubilés par le pouvoir qui se servent du pays au lieu de le servir.

Le cosmos ne ment pas, il réagit juste en fonction des interventions anthropiques

Bocar Harouna DIALLO, Géographe

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