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Nouvelle enquête du ICIJ : Lamine Diack et son fils Pape Massata Diack cités dans les « Clients confidentiels » du Consortium international des journalistes d’investigation

Lamine Diack et son fils Pape Massata Diack cités dans les « Clients confidentiels » du Consortium international des journalistes d'investigation
Lamine Diack et d'autres personnes sont cités dans les « Clients confidentiels » du Consortium international des journalistes d'investigation

Condamné par la justice françaises à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, après avoir été reconnu coupable de corruption, le Sénégalais Lamine Diack ne connaitra pas de répit de sitôt. Et pour cause, l’ancien président de l’IAAF a été une nouvelle fois par le Consortium international des journalistes d’investigation (Icij) à travers son enquête publiée hier sous le titre « Clients confidentiels » qui fait de la manière dont plusieurs grandes banque ont blanchi 2.000 milliards d’argent «sale» permettant à leur clients « douteux » de faire des transactions à travers la planète. Basée sur des rapports confidentiels, cette enquête révèle comment les banques américaines ont mis des années avant de déclarer les millions de dollars de transferts suspects liés à un des plus grands scandales de dopage de l’histoire du sport. À travers cette enquête, l’Icij liste les noms de ces clients propriétaire d’argent « sale ». Dans ce casting de hautes personnalités allant du Kazakhstan au Venezuela, figure le nom de Lamine Diack. Les documents FinCEN révèlent qu’entre 2007 et 2015, Lamine Diack et son fils Pape Massata Diack sont liés à 112 transactions portant sur une somme totale de 55 millions de dollars.

Les procureurs français ont accusé Lamine Diack de corruption et de blanchiment d’argent en 2019 à la suite d’une enquête sur les paiements prétendument reçus par le ressortissant sénégalais pour retarder les tests de dépistage de drogues des athlètes ou enterrer les résultats. Selon l’enquête, Lamine Diack et son fils Papa Massata Diack, auraient sollicité des pots-de-vin, principalement auprès d’athlètes russes, par l’intermédiaire d’une société à Singapour, Black Tidings. Lamine Diack est assigné à résidence depuis 2015. Lui et son fils nient les accusations.

Quelques jours avant la publication des document FinCEN, le tribunal de Paris a condamné Diack à quatre ans de prison pour corruption et abus de confiance. Papa Massata Diack a été condamné à cinq ans de prison pour complicité d’actes de corruption et à une amende de plus d’un million de dollars. Les deux hommes ont été innocentés du blanchiment d’argent. Ils ont dit qu’ils feraient appel.

Dans le cadre d’une enquête sur les allégations selon lesquelles Diack et son fils ont détourné de l’argent dans des accords de parrainage, les enquêteurs français affirment que Massata Diack a conservé un tiers d’un contrat de 30 millions de dollars attribué à Pamodzi Sports Consulting, sa société de marketing sportif. Le contrat était avec Sportima, un agent de marketing de VTB Bank à Saint-Pétersbourg, en Russie.

De 2011 à 2015, les transactions signalées par Citibank comme étant suspectes, VTB et Sportima ont payé à Pamodzi plus de 30 millions de dollars pour parrainer des événements de l’Association internationale des fédérations d’athlétisme.

Au total, Citibank a signalé 112 transactions liées aux Diacks, à Pamodzi Sports Consulting et à d’autres parties comme potentiellement suspectes. Citibank a signalé les paiements en 2016, des années après l’enquête de corruption menée par le Comité international olympique en 2011 sur Diack (il a été sanctionné par un avertissement) et après que Citibank a traité des paiements vers des boutiques de luxe et d’autres destinations à Londres, Paris et Singapour. Les experts disent que les paiements auraient dû alerter les banquiers diligents beaucoup plus tôt.

Mais ce n’est qu’en octobre 2016 que Citibank envoie enfin au réseau de lutte contre les crimes financiers du département du Trésor américain (FinCEN) une liste de 112 transactions suspectes liées à la société Pamodzi, étalées entre 2007 et 2015.
« Le dernier transfert a été effectué peu de temps avant la mise en examen de Lamine et Papa Massata Diack, ainsi que des autres protagonistes impliqués dans le scandale du dopage russe. Le signalement de ces transferts, dont le montant total s’élève à 55,7 millions de dollars, s’est donc produit bien après que le scandale a éclaté et même après que les sanctions à l’encontre des athlètes russes ne soient effectives et que les principaux instigateurs ne soient inquiétés », note l’enquête.
Ces nouvelles informations sont principalement issues d’une base de données financières secrète obtenue par BuzzFeed News et partagée avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Les documents divulgués, appelés « FinCEN Files », comprennent plus de 2100 rapports d’activités suspectes rédigés par des banques et d’autres acteurs financiers, et soumis au réseau de lutte contre les crimes financiers du département du Trésor américain (FinCEN). Grâce à la collaboration entre les membres d’ICIJ, d’autres documents et informations ont pu être obtenus.

Ces documents montrent comment Lamine Diack, ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (World Athletics, ex-IAAF), son fils Papa Massata Diack et Valentin Balakhnichev, ancien président de la fédération russe – aidés par de nombreux collaborateurs et complices – ont pu monter un système complexe de corruption, d’extorsion et de détournement d’argent (via plusieurs sociétés intermédiaires), à l’origine du scandale de dopage d’athlètes russes.

Le Consortium international des journalistes d’investigation a ainsi eu accès aux rapports financiers confidentiels prouvant que des millions de dollars ont pu être transférés par le biais de grandes banques internationales, vers des comptes de sociétés ou d’individus basés au Sénégal, en Russie, à Monaco, en Chine, à Singapour ou à Paris et liés aux principaux accusés ou à leur réseau.

Les FinCEN Files révèlent que ce n’est qu’après l’éclatement du scandale (2014-2015) que des rapports d’activités suspectes (SAR) seront transmis au Trésor américain par les banques internationales. Dans ces rapports, des centaines de transferts “suspects” sont listés, notamment par Citibank en 2016, couvrant la période de 2007 à 2015. Ces transferts concernent particulièrement la société « Pamodzi Consulting », qui possède plusieurs filiales, dont une enregistrée à Dakar, au Sénégal, et dont le propriétaire n’est autre que Papa Massata Diack.

Prenant l’exemple d’une transaction portant sur plus de 12 millions de dollars, le Consortium international des journalistes d’investigation a expliqué comment les Diack ont déplacé de l’argent de la Russie au Sénégal. Ainsi note l’enquête, le 3 février 2012, la banque russe VTB a envoyé 12,3 millions de dollars à une banque correspondante, JPMorgan Chase. Les détails du paiement se lisaient comme suit: ‘’premier parrainage pmnt agr pamodzi / sportima-vtb 2012-2015’’. JPMorgan à New York a reçu les fonds et les a transmis à Citibank. À son tour, Citibank a transféré les fonds à la Société Générale de Banques du Sénégal (devenue depuis Société Générale Sénégal), une banque sénégalaise et une filiale de la Société Générale française. La banque sénégalaise a crédité les fonds à Pamodzi Sports Consulting. Conclusion : « Lamine Diack aurait utilisé Pamodzi pour recevoir des fonds que VTB et son agence de marketing sportif, Sportima, lui ont versé pour sponsoriser des événements de l’IAAF ».

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