Vente d’immeuble du patrimoine bâti : Sonko lâche des bombes foncières et accuse Macky
De l’avis du président de Pastef, Ousmane Sonko, les 79 familles déguerpies de Terme Sud l’ont été sur la base d’un faux. A l’en croire, contrairement à ce qu’on veut faire croire, la Comico n’est pas propriétaire des trois hectares du site en question, mais bien l’Etat du Sénégal qui, ajoute-t-il, veut ériger sur le site son projet de Zéro bidonville.
Sur un autre registre, il s’est prononcé sur l’affaire du juge Téliko et c’est pour révéler que la tutelle veut le liquider parce qu’il gène, parce qu’il a mis à nu les disfonctionnements de la justice.
Au terme d’une visite chez les 79 familles déguerpies de Terme Sud logées au Centre socioculturel de la commune de Mermoz Sacré-Cœur, Ousmane Sonko a fait face à la presse pour dénoncer cette «expulsion très brutale» des familles concernées.
Poursuivant, le leader de Pastef s’est inscrit en faux contre ce qui a été dit dans cette affaire, faisant croire qu’il s’agit d’un problème entre l’armée et les occupants.
«L’armée n’aurait même pas dû intervenir sur cette question, parce que l’armée n’est pas propriétaire du terrain. La coopérative Comico est une coopérative privée. Il n’y a pas de coopérative civile ou militaire, aux yeux de la loi. C’est une association strictement privée, même si ça regroupe des militaires», fait remarquer le patriote en chef.
A l’en croire, le terrain d’une superficie de 438.765 m2, situé à Terme Sud, appartient à l’Etat du Sénégal. Par conséquent, il ne voit pas à quel titre la Comico s’est substituée à l’Etat pour expulser les occupants de Terme Sud.
C’est sur la base d’un faux que les familles ont été expulsées
Revenant sur la genèse de cette assiette foncière, Ousmane Sonko rappelle que l’Etat avait fait état d’un lotissement administratif sur le site, avant de renoncer à ce projet, au grand détriment des occupants qui devaient être les premiers servis. S’agissant de la vente d’une partie du terrain (3,1 hectares) à la Comico, le leader de Pastef trouve que c’est une vente illégale, conformément à la décision du premier juge qui avait cassé cette cession.
Avant de se désoler de constater que le juge d’appel n’avait pas dit le droit en réhabilitant la Comico. En effet, même s’il est d’avis que l’Etat peut céder ses biens, il indique qu’il y a des conditions à respecter; notamment, la saisine de l’Assemblée nationale. Malheureusement, il se désole de constater que cela n’a jamais été fait.
Il révèle également que la publicité autour de cette vente n’a pas été faite, étant donné que les populations ont le droit d’être informées de cette vente de l’Etat. Mieux, la vente, ajoute-t-il, doit se faire par adjudication publique aux enchères et ce n’est pas le Directeur des Domaines qui vend, mais le gouverneur de la région concernée.
Dans cette vente, il accuse le Directeur des Domaines de s’être enfermé dans son bureau avec la Comico pour établir un acte de vente. Toutes choses qui lui font dire que cette vente est illégale. «Cet acte est illégal. On exclut des gens sur la base d’un faux pour installer d’autres personnes, ce n’est pas normal», fulmine Ousmane Sonko.
Terme Sud emporté par le programme Zéro bidonville de l’Etat
Poursuivant Ousmane Sonko considère que Terme Sud, notamment la vente de trois hectares à la Comico, n’est qu’un bouclier, car l’ambition de l’Etat est de vendre les 15 hectares du site pour un programme du ministère de l’Urbanisme appelé «projet zéro bidonville». C’est plus de 3280 logements sur des immeubles R+4 avec des appartements F2, F3 et F4 qui seront construits et les 88 seront réservés aux déguerpis de Terme Sud.
Les 3200 logements, dit-il, seront rétrocédés aux promoteurs pour amortir leur investissement. Loin d’être convaincu, il fait état de mafia sur cette question. Une injustice commise sur le dos de plus de 400 personnes entassées dans un petit centre, au moment où le Président Sall dort dans son palais climatisé.
D’ailleurs, il accuse le chef de l’Etat, lorsqu’il était Premier ministre, d’avoir ouvert la boite aux pandores sur ces violations de la règlementation notées aujourd’hui. C’est ce qui a été à l’origine, dit-il, de la vente de plusieurs immeubles dont ceux qui abritaient certains ministères qui ont été transférés à Diamniadio.
Le juge est le dernier bastion de résistance pour une justice saine…
Outre l’affaire Terme Sud, le leader de Pastef s’est prononcé sur la crise qui mine la magistrature, notamment avec les affaires des juges Téliko et Ngor Diop.
A l’en croire, cette question relève de la justice et de son indépendance. Pour Ousmane Sonko, le juge est le dernier rempart, le dernier bastion de résistance pour une justice saine et indépendante au service du peuple sénégalais et non pas une justice au service de Macky Sall.
Selon lui, Téliko n’a fait qu’émettre un avis technique. Mais, on en profite pour le liquider parce qu’il gène, parce qu’il a mis à nu les disfonctionnements de la justice.
Concernant l’affaire du juge Ngor Diop, il déplore la trouvaille de Macky Sall qu’il accuse d’affecter les magistrats du siège comme intérimaires. Or, un juge, dit-il, ne peut être affecté sans son consentement. A l’en croire, le chef de l’Etat est en train de tout déstructurer en perspective de son fameux troisième mandat et faire passer ce qu’il veut et taper sur qui il veut, quand il veut.
Moussa CISS
Ils sont en train de vendre des immeubles de l’Etat au centre-ville à vil prix
Dénonçant une circulaire prise en 2006 par Macky Sal, alors Premier ministre, stipulant entre autres que les demandes de location ou d’achat de dépendances du domaine privé public de l’Etat, devront être examinées à la lumière de la situation particulière du demandeur ainsi qu’au regard de ses intérêts pour la mise en œuvre, Sonko note que «toutes les magouilles sur le foncier découlent de cette circulaire de Macky Sall.
Poursuivant, il note que c’est sur cette circulaire qu’ils se sont basés pour vendre les maisons de la Sicap qui sont en ville, derrière l’Assemblée nationale à des pontes du régime.
«Certains ont même revendu les maisons acquises à des prix exorbitants, des centaines de millions, alors qu’ils les ont achetées à vil prix», assène-t-il. Et de poursuivre. «Au moment où je vous parle, ils sont en train de vendre des immeubles de l’Etat au centre-ville, à des gens de leur camp, sans passer par l’Assemblée nationale, et ils les vendent à vil prix», révèle-t-il.
Et de citer l’immeuble Brière de L’Isles, en face de l’Assemblée nationale, la Direction de l’élevage, sur l’avenue Pasteur, l’ex siège du ministère de l’Education nationale, du ministère de la Culture, l’intendance des palais nationaux, près de l’assemblée et deux TF à la rue Salva angle Carnot. Suffisant pour qu’il accable le chef de l’Etat :
«Macky Sall n’a jamais été sobre et vertueux dans sa gestion publique. Il ne connaît que la jouissance du bien public». Il n’a pas manqué de mettre en garde ceux qui achètent ces immeubles de l’Etat. Pour lui, un nouveau régime pourra les reprendre facilement car la vente est illégale.