Parti socialiste : le Kaolackois Serigne Mbaye Thiam affirme ses ambitions et défie Aminata Mbengue Ndiaye
Finir l’intérim, passer à des renouvellements transparents, rajeunir tout en maintenant la solidarité intergénérationnelle, afin de redonner espoir aux militants et sympathisants du Parti socialiste. C’est le vœu de Serigne Mbaye Thiam, qui n’est nullement obnubilé par le poste de secrétaire général, même si divers responsables du parti lui ont avoué avoir espoir en lui. Considérant que le moment n’est pas venu de se prononcer sur la présidentielle de 2024 et encore moins sur un éventuel troisième mandat de Macky Sall, Serigne Mbaye Thiam est cependant convaincu que le Ps ne se dissoudra jamais dans l’Apr, car ce serait une trahison envers leurs devanciers. Aussi, en tant qu’héritier de Senghor qui a toujours œuvré pour une nation unie et paisible, il ne peut que condamner les propos tenus par le député Aliou Dembourou Sow. Il a tenu ses propos dans «l’invité de MNF» sur la 7Tv.
Serigne Mbaye Thiam n’est pas obnubilé par le poste de secrétaire général du Parti socialiste, mais il ne cracherait pas dessus non plus. «Il n’y a aucun poste ou nomination qui m’empêche de dormir. Mais aussi, il n’y aucun poste ou aucune nomination que je ne mériterais pas, si mes camarades jugent que c’est un poste ou une nomination qui doit me revenir», soutient-il d’emblée. Et d’ajouter que cela est si vrai que quand Ousmane Tanor Dieng est décédé, c’est lui qui, «en premier, a rappelé ce que le parti a prévu» à cet effet, à savoir que si le secrétaire général n’est plus là, c’est son adjoint qui doit assurer l’intérim. Et que c’est par le même schéma qu’on a remplacé ceux qu’on a renvoyés du parti. Mais, à propos de la situation actuelle, même s’il se garde de réclamer la fin de l’intérim, il note tout de même qu’il ne peut pas s’éterniser. «Je ne dis pas qu’il doit prendre fin. Mais un intérim, par définition, ne doit pas être du long terme», dit-il. Non sans ajouter qu’un intérim doit avoir «une fin, à partir de laquelle on va procéder aux renouvellements». Et Serigne Mbaye Thiam de révéler que «c’est la pandémie qui a retardé ce processus», comme elle a perturbé le fonctionnement de tous les partis.
«Il y a des responsables socialistes d’ici et de la diaspora qui, de leur propre initiative, viennent me dire qu’ils ont espoir en moi, mais…»
Même s’il ne fait pas de fixation sur le poste de secrétaire général du Ps, certains de ses camarades voient en lui le meilleur profil. «Si les camarades décident que Serigne Mbaye Thiam est le meilleur profil pour diriger le Ps, je vais accepter. Mais ce n’est pas quelque chose que j’appelle. Il y a des responsables socialistes d’ici et de la diaspora qui, de leur propre initiative, viennent me dire qu’ils ont espoir en moi. Mais je dis toujours à ces camarades que le plus important est qu’on soit unis, parce que prendre une responsabilité dans des conditions de déstabilisation du parti, cela n’en vaut pas la peine. Ne serait-ce que pour honorer la mémoire de Tanor Dieng».
Pour le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, le Ps ne doit plus s’inscrire dans une dynamique du messie sauveur, mais travailler à mettre en place un modèle de gestion collective, avec une grande place accordée aux jeunes. «Les renouvellements ne doivent pas se focaliser sur celui qui va diriger le parti, mais vers quel leadership collectif on doit aller et quel visage on doit donner au Ps, pour redonner de l’espoir aux gens», explique-t-il. Et pour lui, «cela passera par des renouvellements transparents, par le rajeunissement, tout en maintenant la solidarité intergénérationnelle». Insistant sur le rajeunissement, il soutient : «aujourd’hui, quand je pense au Ps, je ne pense même pas à ma personne. Je pense aux jeunes qui, en 2000, sont venus et ont passé toute leur jeunesse au Ps. Cette génération-là doit toujours être mise au-devant pour tout ce qu’on fait au Ps». Toutefois, il ne veut pas d’une «dynamique jeunes contre-anciens, parce qu’l’union fait la force».
«Si on dissout le Ps dans l’Apr, on aura trahi nos devanciers et nos camarades»
Sur un troisième mandat de Macky Sall et sur un éventuel soutien du Ps, Serigne Mbaye Thiam donne sa langue au chat, renvoyant à la position que le Ps a toujours eue sur ces questions. «De la même manière qu’on ne voulait pas se prononcer très tôt après la présidentielle de 2012 sur celle de 2019, autant nous ne pouvons pas nous prononcer sur la présidentielle de 2024, alors qu’on vient d’élire le Président qui n’a même pas fait 2 ans. On va se déterminer quand nous aurons tous les éléments d’appréciation. Avant de parler de la présidentielle de 2024, il y a d’abord les locales et les législatives. On règle cela d’abord avant toute autre chose».
Par contre, il a une certitude sur une question. Le Ps ne se dissoudra jamais dans l’Apr. «Si on dissout le Ps, on aura trahi nos devanciers ; on aura trahi nos camarades. C’est un schéma qu’on ne peut même pas envisager», martèle-t-il. Serigne Mbaye Thiam de rappeler que le Parti socialiste représente beaucoup de choses dans le pays et est porté aujourd’hui par une génération venue au moment où le Ps était dans l’opposition, qui s’est se bonifiée dans le parti et, légitimement, aspire à un avenir avec le parti.
«Nous combattons la référence à une ethnie dans un combat politique»
Sur l’affaire Aliou Dembourou Sow, Serigne Mbaye Thiam pense qu’en tant qu’héritier de Senghor qui s’est donné toute sa vie pour bâtir une nation unie, solidaire, il ne peut que condamner les propos du député. «Tu as parlé de propos inacceptables à quelqu’un qui est au Parti socialiste, qui a comme fondateur Senghor, qui a bâti le Sénégal. Nous ne pouvons que condamner ces propos. Nous combattons la référence à une ethnie dans un combat politique. Nous ne pouvons accepter que quelqu’un tienne de tels propos. Peut-être c’est une erreur», fustige-t-il.
Mbaye THIANDOUM