Partenariat de pêche Sénégal – UE : l’Union européenne confirme, parle «d’accord de pêche transparent et réglementé» et dit comment Dakar en bénéficie
Alors qu’elle avait signé, en quasi-catimini, un nouveau partenariat de pêche de cinq ans qu’elle applique de façon provisoire depuis le 18 novembre 2019, l’Union européenne s’est, pour la première fois, adresséeaux Sénégal à propos de cet accord controversé. Cela, deux jours seulement après les révélations de votre canard à ce propos. En effet, la délégation de l’Union européenne à Dakar a sorti, hier, un communiqué de presse pour dire que l’accord de pêche en question est «transparent et réglementé».
Alors qu’elle veut être garante de la bonne gouvernance en Europe, mais également dans les pays avec qui l’Europe fait affaire, l’Union européenne n’a pas d’excuse d’avoir tu la signature d’un nouvel accord de pêche avec le Sénégal. En effet, le renouvellement de cet accord n’a été rendu public que presqu’une année jour pour jour après sa signature(les négociations pour un nouveau protocole de cinq ans ont, en effet, débuté le 19 juillet 2019 et le partenariat de pêche durable conclu s’applique de façon provisoire depuis sa signature, le 18 novembre 2019). Hier, soit deux jours seulement après les révélations de «Les Échos», l’Union européenne s’est, pour la première fois, adressée aux Sénégalais à propos de cet accord jugé controversé.
Dans un communiqué, la délégation de l’Union européenne à Dakar informe que l’accord de partenariat de pêche durable Union européenne-Sénégal et son protocole de mise en œuvre garantissent un cadre légal, transparent, et assorti de contreparties gagnant-gagnant.
«Il s’agit d’assurer que les quotas de pêche alloués par le Sénégal aux bateaux européens correspondent à une ressource non ciblée par les pêcheurs sénégalais et disponible en quantité suffisante, en adéquation avec les principes d’une pêche durable et responsable. Ces quotas concernent exclusivement des espèces bien déterminées – le thon et le merlu noir – et ne font pas l’objet de licences de pêches qui pourraient interférer avec la pêche artisanale sénégalaise», note le document, rappelant que la pêche artisanale sénégalaise représente environ 400.000 tonnes débarquées par an, et la pêche industrielle (nationale et étrangère) environ 100.000 tonnes et que plus de 25% des marins embarqués sur les navires européens sont de nationalité sénégalaise.
Un processus de ratification en cours au Sénégal
«Le nouveau protocole a été négocié entre les parties en juillet 2019. Ces négociations se sont appuyées sur une évaluation indépendante du protocole précédent (2014-2019) et les meilleurs avis scientifiques disponibles (sénégalais et européens), ainsi que sur des consultations menées avec les opérateurs et la société civile au Sénégal et en Europe», assure l’Union européenne qui ajoute que suite au feu vert du Parlement européen ce 12 novembre, un processus de ratification est en cours en parallèle au Sénégal.
En ce qui concerne les quotas annuels, l’Ue fait remarquerque dans le nouveau protocole, ils ont été revus à la baisse : à savoir 10.000 tonnes pour les thonidés (au lieu de 14.000 tonnes précédemment) et 1750 tonnes de merlu noir (au lieu de 2000 tonnes). Par ailleurs, des dispositions ont été introduites pour limiter les captures accidentelles d’oiseaux de mer et de mammifères marins.
«Surtout, le rôle des observateurs scientifiques a été renforcé. Le nouveau protocole met l’accent sur la capacité scientifique en conduisant une évaluation annuelle conjointe (à travers le comité scientifique conjoint Ue-Sénégal) de l’impact de la pêche par les navires européens et des autres flottes ciblant les mêmes ressources», ajoute le document, qui n’a pas manquer de citer des exemples qui montrent comment le Sénégal bénéficie de ce partenariat.
«L’Accord de partenariat de pêche durable entre le Sénégal et l’Ue a permis de nombreuses réalisations en faveur des acteurs de la pêche depuis 2014. Citons : la modernisation du quai de pêche de Hann ; la construction du quai de Ndangane Sambou ; les travaux de re-certification du navire de recherche Itaf Deme, l’immersion de 10.000 pots à poulpe tous les ans ; et celle de trois navires obsolètes pour créer des récifs artificiels de reproduction des espèces ; l’achat de 26.000 gilets de sauvetage et de 100 kits de géolocalisation pour renforcer la sécurité en mer des pêcheurs artisans», cite le document.
Pour finir, l’Union européenne, note que l’accord vise aussi à combattre le fléau de la pêche illégale (Inn). «La surveillance des pêches est renforcée à travers des patrouilles aériennes, des patrouilles de surveillance côtière et les patrouilles exécutées par les Comités locaux de pêche artisanale. Plus largement l’Accord assure un cadre de coopération pour prévenir la pêche Inn».