Assassinat lâche de la belge de 72 ans à Thiès : les révélations renversantes de l’enquête sur le meurtre de José Christiane Thielemans
Après les effroyables aveux suivis de la mesure de garde-à-vue du maçon entrepreneur A. Sarr, alias Mame Gor, dans l’affaire de meurtre crapuleux et d’enterrement clandestin de sa troisième épouse belge José Christiane Thielemans dans un champ, à proximité de son chantier, sis au village Dakhar Mbaye, à la sortie de Thiès, «Les Echos» est en mesure de livrer au détail près les circonstances du drame conjugal, mais aussi les différentes phases de l’enquête criminelle aux allures de mission impossible des vaillants gendarmes de la Section de recherches de Dakar/Colobane.
Il a fallu exactement 24 heures – un ultimatum fixé par le patron de la Section de recherches (Sr), Abdou Mbengue, à ses redoutables hommes de terrain – pour débusquer le présumé meurtrier de la femme belge José Christiane Thielemans, l’appréhender puis reconstituer toute la trame de la boucherie.
Il donne un coup de tête à José, qui tombe en se fracassant la tête sur les carreaux et meurt d’hémorragie interne
Quand la femme belge a trouvé son coffre-fort défoncé et le contenu emporté, elle a hurlé de stupeur et a aussitôt soupçonné son mari sénégalais A. Sarr, dit Mame Gor, qui se trouvait sur son chantier. La dame entre dans une colère noire, téléphone à Sarr et lui crache ses vérités à la figure. Elle le traîne ensuite dans la boue et le traite de voleur. Ce dernier se sent atteint dans son honneur, suspend son travail sur le chantier et débarque dans la maison. Il fait irruption dans la chambre conjugale de son épouse et engage une vive dispute avec elle. Au cours des échanges de propos durs, il prend au collet la Toubab et lui assène un coup de tête d’acier. Celle-ci titube et se retrouve avec les jambes en coton. Elle tombe brusquement au sol, se cogne la tête contre les carreaux et décède sur le coup d’une hémorragie interne. Le jeune homme a tenté toutefois de l’attraper. En vain.
Il fait sortir son épouse sénégalaise de la maison et lui dit d’acheter des crevettes pour José, pourtant déjà morte
L’épouse sénégalaise de Sarr entend, du salon où elle se trouve, le bruit de la chute, accourt et tape à la porte de la chambre de sa coépouse européenne. Elle interpelle son mari, qui minimise le choc et la prie d’aller rendre visite à sa mère à Mbour-Saly, d’autant que celle-ci lui avait fait demande d’une pareille visite de courtoisie. Il lui donne de l’argent pour le transport et lui dit d’acheter, en revenant, des crevettes pour José sur la demande de celle-ci. La bonne dame ne se doute de rien, prend ses quelques affaires personnelles et file chez ses parents. Laissant seul son mari dans la maison.
Sarr allonge le corps sans vie sur le siège-arrière du véhicule pour éviter les soupçons et part l’enterrer
Mame Gor Sarr profite de l’occasion, quitte précipitamment la maison à bord de son véhicule et y retourne le même jour, aux environs de 14 h. Il prend dans ses bras le corps sans vie de son épouse belge et le transporte jusque dans le garage de la maison. Ce qui a occasionné des fractures internes à la victime. Mais, évitant d’éveiller le moindre soupçon, il allonge la défunte sur le siège arrière de la voiture, et non dans la malle ou le coffre, et la présente comme quelqu’un qui dort. Il monte aussitôt à bord, quitte le garage et prend la direction de son chantier dans le village de Dakhar Mbaye, à la sortie de Thiès ; un patelin situé à 7 km environ du domicile du couple Sarr. Il y trouve un endroit discret et désert et débarque en douce le corps sans vie de sa voiture. Il creuse un trou avec une pelle à côté de son chantier et balance dedans sans ménagement le cadavre de son épouse belge. Il l’enterre à la va-vite, confie ladite pelle à des habitants du village, auprès de qui il a l’habitude de confier ses outils de charpenterie. Il retournera ensuite chez lui, vers les coups de 19h.
Mame Gor retourne au lieu d’enterrement clandestin de José et offre ses biens pour ne plus se souvenir d’elle
Le maçon entrepreneur déserte les chambres de la maison et passe seul la nuit dans le salon. Mais, hanté par l’œil de Caïn, il se réveille au petit matin et à bord de son véhicule retourne seul le lendemain du drame au lieu d’enterrement clandestin de sa bienfaitrice épouse européenne. Il vérifie d’abord la tombe d’infortune de la Belge, erre sur les lieux pendant quelques moments, embarque à nouveau dans son véhicule et disparait. Il offre à tout bout de champ les œuvres d’art et autres matériels de la défunte, notamment un congélateur, histoire d’effacer toutes marques de souvenir de José ; car les objets lui causaient une torture psychologue.
Mame Gor perd toute envie lorsque les gendarmes lui notifient son arrestation
Vu que l’enquête piétine depuis trois mois, le patron de la Section de recherches de Dakar/Colobane, Abdou Mbengue, monte au front et lâche un commando de cinq gendarmes dans la cité du Rail. Ces derniers débarquent chez le mari, mais ne l’y trouvent pas. Ils l’appellent au téléphone et le somment de venir les rejoindre en vitesse chez lui. Mame Gor, l’air confiant, quitte son chantier, arrive chez lui et livre son éternelle version des faits pendant des heures. Comme il a toujours fait avec les flics enquêteurs de Thiès depuis l’éclatement de l’affaire. Mais, les gendarmes en civil n’y croient un traître mot, haussent le ton et le traitent de menteur. Ils le prennent à cinq dans leur rouleau compresseur et le bombardent de questions sans lui permettre de placer mot. Ils lui notifient sur la même lancée la mesure de son arrestation et l’embarquent dans leur véhicule pour Dakar.
Il fond en larmes, demande à sa famille de venir à la Sr, leur avoue son crime et se dit maintenant soulagé
Cuisiné à la Section de recherches par cinq gendarmes en même temps, Mame Gor craque, fond en larmes et demande, genoux à terre, au patron de la Sr de faire venir ses parents à Dakar, aux fins de leur dire toute la vérité en avouant son crime devant eux. Le commandant Mbengue accède sa requête. Le présumé meurtrier passe à table et se dit maintenant soulagé. Car, il souffrait terriblement et vivait depuis trois mois sous la hantise de son acte criminel. «Je suis maintenant soulagé de ce lourd fardeau que je portais trois mois durant. Je ne dormais plus la nuit. L’image de José et le meurtre me hantaient l’esprit. José a tout fait pour moi. J’étais énervé quand elle m’a traité de voleur. Lorsque je lui ai donné un coup de tête et qu’elle a perdu l’équilibre, j’ai essayé de l’attraper et lui éviter une chute brutale. Mais c’était trop tard», a soutenu le mis en cause. Et d’ajouter : «j’ai raconté des bobards durant trois mois aux policiers. J’ai voulu rééditer mon coup avec les gendarmes, mais ces derniers m’ont démasqué et retracé tout le film. J’ai l’impression qu’ils étaient présents au moment des faits. J’ai fait croire aussi aux gens que j’étais parti à Toubab Dialaw, sur demande d’une dame, pour prendre des dimensions de chantier. Les gendarmes m’ont non seulement retracé tout mon parcours, mais ils m’ont conduit à Toubab Dialaw et interrogé la dame en question ; c’était juste une façon de les leurrer. La dame a dit m’avoir perdu de vie depuis un an», a-t-il confié aux hommes en bleu.
L’exhumation des restes de la Belge effectuée par les prisonniers de Thiès
Pour mieux mener en bateau son monde, Mame Gor a même accepté les recommandations de ses parents et a sollicité les services de marabouts-voyants, qui lui disaient qu’il a été mis en mal avec son épouse belge. «Mais je savais que ces voyants-là mentaient. Car c’est moi qui ai tué puis enterré ma femme». L’exhumation du corps sans vie de José Christiane a été faite par les prisonniers de Thiès devant le procureur, le patron de la Sr et tous ses adjoints.
Vieux Père NDIAYE