Rencontre avec la société civile : Macky Sall rassure sur le 3ème mandat, dit ses vérités à Sonko et évoque les cas Karim et Khalifa
Une délégation de la société civile a été reçue par le Président de la République en fin de semaine dernière. Plusieurs sujets ont été abordés : le troisième mandat, les cas de Karim Wade et Khalifa Sall, les prochaines élections, la libération des manifestants incarcérés. Sans langue de bois, Macky Sall a dit ses vérités.
Le chef de l’Etat a rencontré les membres de la société civile vendredi dernier dans l’après-midi. Une discussion directe, franche qui a permis aux uns et aux autres de se dire certaines vérités. Droit dans ses bottes, le président de la République a dit à ses interlocuteurs qu’on ne peut pas céder à tout et tout accepter juste par l’émotion. «En tant que chef de l’Etat, je ne peux pas accepter qu’on m’exige quelque chose. Nous sommes dans un pays de dialogue. On peut discuter et trouver des pistes de solutions. Mais l’Etat doit rester fort et les institutions fortes. On ne doit pas accepter d’affaiblir les institutions», a-t-il laissé entendre.
La société civile a profité de l’occasion pour demander au chef de l’Etat la libération des jeunes arrêtés lors des manifestations. Une doléance à laquelle il accepte de donner une suite, mais à une seule condition : surseoir à toute forme de manifestation. «Par rapport à la demande de la société civile de libérer les détenus arrêtés lors des manifestations, le Président Sall a fait part de sa disposition, mais il a exigé en retour l’arrêt de tout ce qui est marche et manifestation. Sinon ça risque de devenir redondant. Parce qu’à chaque fois qu’il y aura marche, on arrêtera des gens et on va encore demander leur libération», révèles nos sources.
«Je n’ai jamais dit que je ferai un troisième mandat»
La problématique du troisième mandat a été également au cœur des discussions. Et face du chef de l’Etat, les membres de la société ont soulevé la question. Mais pour une énième fois, le Président a encore été catégorique. Pour lui, l’urgence est plus dans le travail qu’il est en train d’abattre avec son gouvernement. «Il a dit qu’il ne va pas se prononcer sur la question comme ça. Il a également précisé qu’il n’a jamais dit qu’il veut faire un troisième mandat. En tant que Président réélu, il demande aux gens de se focaliser sur son travail», renseignent nos sources.
«Quand quelqu’un est convoqué par la justice, il doit aller répondre»
Le chef de l’Etat a carrément zappé l’affaire Sonko-Adji Sarr. En aucun moment, il n’a prononcé le nom de Ousmane Sonko. La seule chose qu’il a fait savoir par rapport à l’affaire est que si une personne a maille à partir avec la justice, elle doit aller répondre. «Quand quelqu’un est convoqué par la justice, il doit aller répondre, parce que beaucoup de personnalités politiques sont allées répondre quand ils ont eu maille à partir avec la justice. Il a cité le cas d’Idrissa Seck, d’Abdoulaye Wade et son cas lui-même», révèlent nos interlocuteurs.
«Cas» Karim Wade et Khalifa Sall, le Président «ouvert»
La rencontre avec le chef de l’Etat a été l’occasion pour la délégation de la société civile de revenir sur les cas Khalifa Sall et Karim Wade. Et par rapport à cela, il a fait comprendre qu’«il est très ouvert». Sans entrer dans les détails et sans faire de commentaires.
A la question de savoir ce qu’il en est des élections, le chef de l’Etat a rassuré que les locales se tiendront d’une manière ou d’une autre. «Les élections locales vont se tenir. C’est dans le cadre du dialogue que le report a été décidé par consensus, mais de toutes les façons, elles auront lieu. Le gouvernement est prêt à les organiser», a laissé entendre le chef de l’Etat.
«L’Etat ne peut pas aussi chaque 10 ou 12 mois, organiser des élections»
A propos des élections présidentielles et législatives aussi, Macky Sall a plaidé pour leur rationalisation. «Ça va se faire autour d’un dialogue. Mais, il serait préférable de voir comment combiner les élections. Parce que l’Etat ne peut pas aussi chaque 10 ou 12 mois, organiser des élections», a laissé entendre le chef de l’Etat.
«Une concertation nationale avec la jeunesse»
Revenant sur les manifestations, le chef de l’Etat s’est dit très ouvert pour rencontrer une partie de la jeunesse, même si, pour le moment, le format n’est pas encore défini. Toutefois, il a fait savoir qu’une enquête sera ouverte pour définir les principaux responsables des dégâts. «Pour la jeunesse, il s’est dit ouvert à toute forme d’idée. Et par rapport au reste, c’est du domaine régalien de l’Etat, il faut assurer la sécurité et les enquêtes seront menées. Le Président Macky Sall s’est totalement opposé pour une enquête indépendante. Il a rassuré que l’Etat mènera sa propre enquête, d’autant qu’il y a un flou dans certains dossiers. Il a assuré qu’il faut que l’Etat sache ce qui s’est réellement passé. Il y a eu certes de l’autodéfense des forces de l’ordre, mais il faut que lumière soit faite sur le reste».
Par rapport à l’accompagnement des blessés, le Président a dit que l’Etat a le devoir de les accompagner et il le fera. D’ailleurs, il a révélé que ça a déjà commencé.