Lat Diop avertit l’opposition: « oeil pour oeil, dent pour dent. Vous brûlez nos maisons, on brûle vos maisons »
Lat Diop défend et continue de défendre son mentor. Dans cet entretien, il prévient que rien ne sera plus jamais comme avant. A l’opposition qui fixe des règles pour exiger de Macky Sall qu’il dise publiquement qu’il ne se représentera pas pour un troisième mandat, il répond que le chef de l’Etat ne fera aucune déclaration. Ils n’ont rien à exiger du président de la République parce qu’ils n’ont pas les qualités pour cela. A la limite, Lat Diop tonne que cette demande est ridicule. Il a aussi donné son point de vue sur la question de l’employabilité des jeunes, plaidé pour que le ministère de la Jeunesse soit renforcé avec la Der….
Les Echos : Dans une sortie, vous disiez que ce sera désormais œil pour œil, dent pour dent. Est-ce que cela est toujours en vigueur ?
Lat Diop : Evidemment. En tant que responsable politique, souteneur du président de la République, je n’admettrai pas qu’un citoyen, comme moi, puisse restreindre mes libertés. Mes libertés peuvent être restreintes dans le cadre d’une loi ou d’un règlement de l’Etat du Sénégal….Je prendrai mes responsabilités avec mes militants à la base pour faire face à cette deuxième vague dont on parle. Si deuxième vague, il y a, ceux qui l’agiteront devront s’attendre à nous trouver sur leur chemin. Et il faut qu’on soit très clairs. Que l’Etat prenne ses dispositions à tout point de vue, parce qu’on ne laissera pas cela pour une deuxième fois. Une fois, c’est fait, on a essayé de tempérer. Mais si ça doit se répéter avec les mêmes choses, les mêmes pratiques et agissements, nous prendrons nos responsabilités à la base.
Ce discours est pratiquement le même de tous les responsables du parti au pouvoir. Est-ce une consigne?
Ce n’est pas une consigne. C’est juste que les gens ont pris leurs responsabilités ; non pas en tant que responsables politiques, mais en tant que de simples citoyens. Je considère qu’en tant que citoyens, nous avons l’obligation de veiller à la stabilité du pays et de nous dresser contre les fauteurs de troubles, de quelque bord qu’ils se situent. C’est aussi simple que cela ! Nous avons pris nos responsabilités et nous ferons face à quiconque tentera de déstabiliser le pays à nouveau. Nous ne l’accepterons pas. Que chacun se le tienne pour dit ; on ne va pas l’accepter. Nous prendrons toutes les dispositions possibles à notre niveau pour leur barrer la route.
Le pays sera à feu alors…
On ne peut pas laisser nos maisons ou nos vies être menacées impunément. L’Etat n’a qu’à prendre ses responsabilités pour défendre le pays. Ce sera œil pour œil, dent pour dent. Que chacun prenne ses responsabilités. Pour moi, c’est une question de responsabilité maintenant. Que celui qui veut mettre le feu dans ce pays prenne ses responsabilités. Ce qui s’est passé la fois passée, ça ne va plus se reproduire et il faut que tout le monde le comprenne ainsi. La politique, ce n’est pas une question de haine. C’est une question d’idées et de stratégie.
Et quel regard portez-vous sur la position de vos alliés de la majorité sur ce dossier précis ?
Les troupes n’ont pas été commandées. Quand vous avez des troupes, il faut les commander. Ce n’est pas pour rien que dans une armée, on a des officiers, des sous-officiers et des hommes de troupe. Macky Sall ne peut pas s’occuper de tout. Macky Sall ne peut pas gérer le pays et gérer le parti. Il y a des gens qui sont plus proches de lui qui devraient prendre leurs responsabilités pour gérer ces choses-là. Ce n’est pas à lui de le faire.
Qui par exemple ?
Je parle d’une manière générale et ça c’est le parti qui doit le décider et le régler à l’interne. Ce n’est pas la faute au président de la République. Le Président est occupé à autre chose. Ce n’est pas tout le temps qu’il a la possibilité de gérer ces détails là que je trouve importants. Il faut à l’avenir que Benno Bokk Yakaar et l’Apr essaient d’uniformiser leurs actions et que les militants à la base sachent ce qu’ils doivent faire. Je vous le répète, rien ne sera plus comme avant. Ce sera œil pour œil, dent pour dent. Vous nous insultez, on vous insulte. Vous brûlez nos maisons, on brûle vos maisons. C’est tout.
L’opposition exige de Macky Sall de ne pas se présenter pour un troisième mandat et de faire une déclaration publique pour ce faire…
(il coupe). Ces gens sont ridicules. Ils sont ridicules et prétentieux à la fois. Personne n’a à exiger du président de la République quoi que ce soit. Il est largement majoritaire dans ce pays. Ajoutez à cela les voix d’Idrissa Seck. Si ses partisans et ses souteneurs étaient sortis dans la rue, les affaires auraient eu une autre tournure au Sénégal. Jusqu’à preuve du contraire, c’est le président de la République, démocratiquement élu avec plus de 58%. Aucun Sénégalais n’a à exiger de lui quoi que ce soit. On peut solliciter, demander dans la courtoisie et dans le respect de son statut ; mais de là à faire des exigences de ce genre, je trouve cela prétentieux, à la limite même impoli de leur part. C’est ridicule et ils savent très bien que tous ces points dont-ils parlent ne seront pas satisfaits.
Mais c’est aussi leur droit de dire que Macky Sall n’a pas droit à un autre mandat. Qu’il le dise et le reconnaisse publiquement…
Ils n’ont rien à exiger du président de la République. Parce qu’ils n’ont pas la qualité pour. Ils parlent dans le vent et ils le savent très bien. Cette déclaration, c’est juste pour amuser la galerie. Le président de la République ne les écoute même pas. Il n’a que faire de leurs exigences. Le Président ne fera aucune déclaration sur sa candidature éventuelle pour 2024. S’il veut se présenter, il se présentera en prenant ses responsabilités. Le Conseil constitutionnel chargé de valider ou non les candidatures prendra ses responsabilités. Le peuple sénégalais, chargé d’élire ou non, prendra ses responsabilités. Le parti, la coalition…chacun en ce qui le concerne prendra ses responsabilités d’une manière ou d’une autre. Sinon tous ceux qui s’agitent sur cette question savent pertinemment, au fin fond d’eux-mêmes, que la candidature du président de la République est bel et bien recevable. La jurisprudence Abdoulaye Wade est toujours là. Cette question ne peut pas faire l’objet d’un point de revendication.
Le président a dit qu’il a compris les jeunes. Quel conseil donnez-vous à la ministre de la Jeunesse Néné Fatoumata Tall pour mieux outiller la jeunesse ?
Il faudrait la renforcer et ne pas essayer de l’affaiblir. Je considère qu’il faut qu’on lui donne plus de moyens pour lui permettre de travailler. Je propose que la Délégation à l’Entreprenariat Rapide (Der) soit intégrée au ministère de la Jeunesse. C’est une délégation qui a un budget énorme. Je plaide pour qu’on l’intègre au ministère de la Jeunesse.
Vous allez faire un an à la tête de la Lonase en avril prochain. Quel est votre bilan à mi-parcours ?
Le bilan est là, visible. Quand je venais ici, je pense en mi-mai 2020, nous étions sur une prévision de recettes de 119 milliards. Au 31 décembre 2020, nous sommes passés à une réalisation de 133 milliards. Pour 2021, on est sur une prévision de recettes de l’ordre de presque 160 milliards de F Cfa. C’est inédit. Avec les réalisations des mois de janvier, février et mars, nous sommes sur la bonne trajectoire. Nous avons initié cinq ou six projets qui font qu’on a bon espoir que ces prévisions de recettes seront atteintes. Nous travaillons sur deux choses : l’optimisation des recettes et la rationalisation des dépenses. C’est uniquement cela aujourd’hui le crédo de la Lonase, parce que la conception que les Sénégalais ont de la Lonase est fausse. Mon objectif est de faire en sorte que les recettes augmentent et qu’elles soient utilisées à bon escient, au profit des Sénégalais et des Sénégalaises.
Les Echos