Sécurité

Terrorisme : les révélations de Timbuktu Institute sur les menaces à Est du Sénégal

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Kayes, à la frontière entre le Mali et le Sénégal

La perception de la menace terroriste dans le sud du Sénégal est l’une des grandes lignes du nouveau rapport de « Timbuktu Institute » et de la fondation Konrad Adenauer intitulé « Défis transfrontaliers et sécuritaires aux frontières Guinée-Mali-Sénégal : Entre vulnérabilités et résilience/Cas de la région de Kédougou.

Dans ce travail de terrain, les chercheurs dirigés par Dr Bakary Sambe, a révélé que la population de la zone d’étude (Salémata et Saraya) est peu consciente de la menace terroriste, pourtant « forte en raison de la frontalité avec le Mali ».

Selon le rapport de 47 pages lu par Dakaractu, 96 % des sondés ont répondu n’avoir jamais eu échos de la présence de groupes terroristes d’une manière générale. Ce qui veut dire que 4 % ignorent l’éventuelle présence de groupes liés aux terroristes. Dans cette dernière réponse, il est important de relever que 37 % des répondants, issus de la zone aurifère de Sabodala, disent avoir échos de la présence de groupes terroristes. Ceux d’Oubadji, à la frontière avec la Guinée, rapportent moins ressentir cette présence.

D’après l’étude, « cette méconnaissance constatée pose la nécessité d’une sensibilisation à grande échelle sur cette partie du Sénégal ». Pour Bakary Sambe et son équipe, l’enjeu est de taille « si l’on sait que les groupes terroristes instrumentalisent l’ignorance pour faciliter l’endoctrinement de leurs cibles avant de les faire affluer vers leur rang ». A cette ignorance se greffe souvent la marginalisation.

Pour le prouver, l’étude convoque la distance entre la croissance du secteur minier et le niveau de pauvreté locale. De 2009 à 2015, le secteur de l’or a connu une hausse de près du double, passant de 85 milliards et 403 millions de francs CFA à 170 milliards et 744 millions de francs CFA. L’étude de Timbuktu Institute fait savoir qu’un rapport de l’ANSD place la région de Kédougou à la tête des régions les plus touchées par le chômage avec 26,3 % et ou le taux de pauvreté reste exponentiellement élevée (71%).

Pourtant, 67,7 % des sondés pensent que la région est riche. Le taux relativement élevé des réponses négatives (32,3%) n’alerte pas moins les enquêteurs selon qui, cela peut être sujet à plusieurs interprétations. « soit, cet échantillon a une vision de la richesse matérialisée par des réalisations concrètes (…) soit il ignore la réalité des richesses locales, même si ces dernières ne sont pas ostentatoires… ».

Dans tous les cas, l’étude se réjouit du fait que les avis soient mitigés quant aux avantages de la population sur la richesse de la région. En effet, 49 % des interviewés estiment que les richesses profitent aux populations locales contre 51 % qui se sont prononcés contre.

La précarité apparente ne manque pas d’explication. L’étude de Timbuktu Institute tient des acteurs avertis de la situation socio-économique que le manque de main-d’œuvre qualifiée comparé à la demande sur le marché du travail local et un énorme défi de gouvernance sont essentiellement les causes de cette précarité. Laquelle précarité touche selon le rapport un large échantillon (85%) de sondés les jeunes. 55 % sont d’avis que la jeunesse est confrontée à la pauvreté alors que 43,5 % sont victimes du chômage. Pour seulement 1 %, c’est la marginalisation qui serait à l’origine de la précarité que traversent les jeunes de la région.

Cette situation alarmante s’expliquerait en partie par l’absence d’informations sur les structures auxquelles les jeunes doivent s’adresser pour être informés sur les opportunités d’emplois. C’est du moins l’avis de 21 % des sondés.

Cette vulnérabilité des jeunes peut-elle constituer du pain béni pour les recruteurs ? Selon les réponses sorties de 35,1 % des interrogés, la pauvreté est peut-être une raison d’engagement dans un groupe armé terroriste. Pour 30,3 %, c’est le chômage. L’adhésion à l’idéologie djihadiste ne vient qu’après les avantages financiers, la frustration socio-économique, le rejet des politiques et le rejet des pratiques religieuses locales.

Au regard de ces constatations entre autres préoccupations locales face à la montée de la menace terroriste, le rapport a formulé des recommandations qui seront sans doute partagées avec les invités du lancement prévu ce jeudi 27 mai à la maison de la presse.

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