Histoire

Au-delà de l’évidence – Sénégal : Immanence et permanence des traditions !

un marché hebdomadaire traditionnel dans lequel convergent les commerçants gambiens et sénégalais
Un marché dans un village SENEGALAIS

S’il est un pays très particulier et atypique en termes de poids des us et coutumes, c’est bien le Sénégal tellement les traditions arrosent les artères et veines des relations sociales.

Point de pratiques où l’on ne décèle le spectre d’un tic ou d’un truc tiré de cet incommensurable puits ancestral.

Ce comportement est visible même dans les milieux insoupçonnés et perçus comme neutres et sans couleur et odeur, donc institutionnels. Que ne fait –on pas dans ce pays qui n’est pas accompagné par un geste sur fond de us.

Et cela devient un fait éducatif car très tôt, le tout-petit est plongé dans un bain de pratiques incantatoires inexplicables auxquelles il est prêté des pouvoirs immenses avec possibilité d’agir et de modifier les destins (Thiey !). Cela commence par les 1ères gouttes de lait au nouveau –né (le fameux toxantal) A quelles fins ? Yalla rek Mo Xam ! Et à partir de cet instant débute la longue litanie de recommandations et d’interdits implicites ou explicites au nom toujours de ces coutumes et traditions. Recadrages et rectifications suivront tout au long de cette tendre enfance avec en filigrane l’œil sur le rétroviseur ancestral.

Ce regard ne sera plus cassé avec une prégnance et une acuité lors des 1ers pas du BB où la mère veillera à ne pas en faillir au risque toujours d’un malheur…lequel…. ? Toujours sans réponse !

L’enfant est comme qui dirait barricadé avec des ceintures de tiges et autres racines des « maa meun », charlatans de tout acabit avec la même rengaine toujours servie et plus ou moins à tout le monde. Oh traditions quand tu nous tiens ! Ce moule formatera l’ambiance psycho-mentale du jeune sénégalais et la panoplie variera au fur et à mesure des contextes et au fil de la pyramide des âges.

Les plus soft disparaîtront et en lieu et place les plus têtus seront gravés avec l’effort durable et soutenu du marteau éducatif. L’ancrage et la poussée de l’Islam,son mépris voire interdiction formelle n’y peuvent rien, certaines pratiques deviennent « hard » et accompagneront tout au long de la vie pour un legs au futur.

Et parmi celles-ci, l’eau versée aux premières aurores aux seuils des entrées (chambre, portillon et porte), cette même eau mouillera la plupart des us ( le pourquo ?!). Elle sera présente encore tôt le matin et… demandez aux chauffeurs, à ceux qui aménagent leurs nouveaux locaux ou maisons, l’eau guidera les premiers , ouvrira…telle une flèche ou fera face dit-on comme un bouclier.

Qui n’a pas été encore accompagné par des jets d’eau versés par un être cher au moment d’un départ… pour un voyage ! L’eau, ce liquide précieux arpentera les premières marches lors des prises de service et nouvelles intronisations dans des fonctions de … . toujours comme pratique héritée de la chape des us et traditions.

Et que dire des « poisons » que constituent l’œil et la langue avec ses anti-dots vocaux et sonores en guise de carapaces et de refouloirs ! Chaque compliment a son répondant comme anti-missile et à la limite aucun acte /et ou geste n’est plus gratuit du fait de cette baignade à la fois précoce et perpétuelle.

Pour un pays à plus de 95% de musulmans croyants, une telle cohabitation est assez suggestive et insinue beaucoup sur l’état de l’inconscient et du subconscient sénégalais. C’est aussi cela la singularité de SUNUGAL et peut-être une parmi les nombreuses soupapes d’atténuation et d’équilibre de la nation.

A bon entendeur, salut ! NESE

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