Histoire

Attentats du 11-Septembre : vingt ans après, pourquoi les théories du complot sont toujours aussi présentes ?

world trade center USA
Les attentats du 11 septembre 2001

Depuis l’effondrement des tours jumelles le 11 septembre 2001 suite à un attentat perpétré par Al-Qaïda, les théories du complot vont bon train. La principale théorie diffusée, sous différentes formes, est ainsi que ces attentats ne sont en fait pas l’œuvre d’Al-Qaïda mais du gouvernement américain. Alors vingt ans après, pourquoi les théories du complot sont toujours aussi présentes ? On vous explique pourquoi.

Justifier l’injustifiable. La Maison-Blanche aurait planifié les attentats du 11-Septembre, ou bien, comme il n’y avait aucun juif dans les tours du World Trade Center, les attentats auraient été perpétrés par le Mossad… Vingt ans après, les théories du complot continuent à circuler sur l’attaque qui a fait près de 3 000 morts aux Etats-Unis.

Et on constate qu’à chaque crise, chaque attentat, les théories complotistes se multiplient sur Internet. Ces remises en cause de la version officielle, maintes fois réfutées ces deux dernières décennies, sont diffusées à large échelle avec l’explosion à l’époque de l’accès à internet, et trouvent encore de nombreux adeptes.

« On ne compte plus les vidéos sur YouTube qui remettent en cause la version officielle du 11-Septembre. D’ailleurs, parler de ‘version officielle’ c’est déjà verser dans le complotisme », dit Olivier Klein, professeur de psychologie sociale à l’ULB à nos confrères des Echos.

La faute à Internet ?

Les théories complotistes, attribuant un événement à l’action secrète d’une élite, existent depuis longtemps. À la fin du Moyen-Âge, lors de la peste, la rumeur d’un complot des juifs circulait, les accusant d’avoir pollué les puits et provoqué la maladie. Il s’ensuivra de nombreux massacres en Europe, comme le rapportent Les Echos.

Mais les attaques du 11-Septembre couplées à Internet ont fait décoller le complotisme. « Internet a fait émerger l’individualiste épistémique. L’individu qui se sent capable de faire des recherches par lui-même, d’évaluer les infos et de se faire une première impression sans l’aide des experts », poursuit Olivier Klein.

« Le problème, c’est qu’il n’a pas les compétences et qu’en plus la façon dont il cherche les infos est biaisée. Une recherche sur Google à propos du 11-Septembre mène immédiatement aux thèses complotistes. »

Le complotisme se greffe sur des logiques de fracture sociale ou de grandes divisions préexistantes, précisent nos confrères.

« Le doute systématique »

Le complotisme évolue sur la base d’un doute systématique. « C’est une posture. Ce que nous disent les élites doit être mis en doute, quitte à aller chercher des choses fausses, comme lorsque Trump affirme qu’Obama n’est pas Américain. », continue le professeur.

« Face à l’angoisse de l’invisible, on veut comprendre. »

« Par ailleurs le 11 septembre 2001 correspond à un choc très important, or quand on vit un très grand choc traumatique, on a besoin de comprendre, on a besoin de sens, et le conspirationnisme apporte cela comme plus-value. Même si c’est un sens qui est problématique, il en donne un. », détaille l’historienne Marie Peltier, spécialiste du complotisme à nos confrères de BFMTV.

Le 11 septembre et la crise Covid

Lors de la pandémie, les théories du complot se sont répandues en masse. Une façon de répondre à l’angoisse. « Donner une explication simple à un événement complexe permet de mieux contrôler la peur. C’est vrai face au virus du covid, comme face à la 5G. Face à l’angoisse de l’invisible, on veut comprendre. » précise Olivier Klein.

« La théorie du complot a aussi un effet capteur d’attention, ce qui pousse des producteurs de complotisme à sévir sur internet par objectif mercantile. C’est un effet de l’économie de l’attention », poursuit-il.

Là où il y a quelque chose de similaire [entre les attentats du 11 septembre] avec le Covid-19, c’est qu’il s’agit aussi d’un traumatisme collectif : c’est quelque chose qui est venu bousculer notre quotidien, notre sentiment de sécurité.

« Vingt ans après le 11-Septembre, malheureusement le complotisme a gagné beaucoup de terrain dans le débat public. Il faut quand même rappeler qu’au début des années 2000 il restait très marginal et minoritaire, mais aujourd’hui, on le voit avec le Covid-19, ce n’est plus du tout le cas, le complotisme a un caractère beaucoup plus mainstream. », poursuit l’historienne Marie Peltier à nos confrères de BFMTV.

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