Justice

Taxé de fils illégitime : Abdou Karim Pouye poignarde mortellement son frère Cheikh Adramé Pouye

BAGARRE AU COUTEAU
BAGARRE AU COUTEAU

Après la mort de son père, et lors du partage de l’héritage de celui-ci, Abdou Karim Pouye avait appris qu’il est né hors les liens du mariage. Ce faisant, les membres de sa maison familiale ainsi que ceux du quartier ne cessaient de le traiter de «fils illégitime». C’est ainsi qu’au cours d’une bagarre avec sa belle-sœur, Rokhaya Ciss, il a mortellement poignardé son frère consanguin Cheikh Adramé Pouye. C’est pour des faits d’assassinat qu’il a été jugé hier devant la chambre criminelle de Dakar où il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Avant le décès de leur père, la famille Pouye domiciliée à Diamniadio vivait dans une parfaite harmonie. Toutefois, après que le vieux Pouye a quitté ce bas monde, l’un de ses enfants, en l’occurrence Abdou Karim Pouye, était méconnaissable. D’homme calme, il est devenu colérique et belliqueux à cause de certaines supputations selon lesquelles il serait un enfant illégitime. Ces suppositions ont fini par être dévoilées au grand jour, lorsque se faisait le partage de l’héritage de son défunt père. Là, on lui a craché à la figure qu’il était né hors les liens du mariage.

Il devient alors la risée des membres de sa famille et de certains voisins du quartier.

Sa belle-sœur Rokhaya Ciss ne ratait aucune occasion pour le traiter de «batard». Exaspéré par ces remarques, le 15 mai 2018, il s’en est pris à sa belle-sœur. Pour éviter le pire, son frère Cheikh les a séparés. Mais Abdou Karim Pouye lui a asséné mortellement un coup de couteau au thorax.

Abdou Karim Pouye essaie de le défendre

Alertés, les éléments de la brigade de Diamniadio se sont présentés sur les lieux avant d’interpeller le mis en cause. L’arme du crime saisie, Abdou Karim a été conduit devant les enquêteurs. Lors de son audition préliminaire, il a reconnu les faits en soutenant que les rapports avec sa famille se sont détériorés après la mort de son père. Car, précisait-il, au sein de sa famille, il était souvent insulté. Toujours selon lui, même dans la rue, tout le monde était au courant qu’il est né hors les liens du mariage.

Mais hier, devant la chambre criminelle de Dakar, Abdou Karim Pouye a curieusement nié les faits. «Rokhaya avait mis des pierres à l’endroit où était posé mon canari. J’ai envoyé El Hadji Pouye pour qu’il parle avec elle. Mais elle m’a insulté en me rappelant que je suis né hors mariage. On a appelé Cheikh qui m’a frappé quand il est venu. Il m’a même étranglé et j’ai riposté. Il est allé chercher une machette et je suis allé prendre un couteau. Je me suis défendu et c’est en tombant que Cheikh s’est blessé avec mon couteau», a-t-il servi comme déclaration devant le prétoire.

Les témoins le démentent

Des allégations battues en brèche par la déposition de son frère Issa Pouye. Entendu en qualité de témoin, celui-ci avait révélé: «c’est lorsque je suis venu les séparer que Abdou Karim est retourné dans sa chambre pour se procurer d’un couteau. A son retour, il a planté un coup mortel à la victime». Un autre témoin du nom de Mansour Dione d’ajouter: «Abdou Karim Pouye était armé d’un couteau et ne cessait de proférer des menaces à l’endroit des membres de sa famille.

Après avoir poignardé son frère, il l’a laissé au sol alors qu’il gisait dans une mare de sang. Il a rendu l’âme bien avant son évacuation à l’hôpital». Rokhaya Ciss a pour sa part indiqué que l’accusé l’a menacée de mort. Et que c’est lorsqu’il a commencé à la tabasser que les gens sont venus les séparer. Mais, précise-t-elle, elle n’osait pas l’insulter parce qu’il était armé.

La famille Pouye réclame 200 millions

Pour le compte de la famille Pouye qui s’est constituée partie civile, Me Babacar Ndiaye a réclamé à titre de dédommagement la somme de 200 millions F Cfa. Selon le conseil, cette famille a subi une plaie qui sera difficile à guérir, même si cet accusé veut faire croire à la chambre qu’il s’agit de légitime défense.

Le parquet requiert 20 ans

La représentante du parquet a, dans ses réquisitions, demandé au tribunal d’écarter la préméditation ainsi que l’assassinat puisque, selon elle, c’est dans le feu de l’action qu’il est allé chercher un couteau. Elle a quand même requis la peine de 20 ans de réclusion criminelle contre Abdou Karim Pouye.

Pour sa part, l’avocat de la défense a sollicité la clémence en tentant de justifier l’acte de son client. «C’est depuis le décès du père que les problèmes ont commencé. Il faut comprendre pourquoi il est en colère. On l’a traité de n’importe quoi après le décès de son papa. On le traitait de « fils illégitime ». Il a fini par péter les plombs parce qu’il ne pouvait plus supporter les insinuations. Il a agi dans la colère et meurtre s’en est suivi», a renseigné la robe noire.Délibéré le 13 décembre prochain.

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