Afrique

Cinq ans après chute de l’ex dictateur : des voix réclament le jugement Yahya Jammeh au Sénégal

Yahya Jammeh
Yahya Jammeh ex président de la Gambie

L’ancien président gambien Yahya Jammeh ne va donc pas s’éterniser à Malabo et ses crimes ne resteront pas impunis. Et pour cause, cinq après la chute de l’ex homme fort de Banjul, des voix commencent à se lever. Leur demande : faire immédiatement juger Yahya Jammeh au Sénégal. Parmi les théoriciens de l’ouverture du procès de Yahya Jammeh à Dakar devant les Chambres africaines extraordinaires, le très influent militant des droits de l’homme nigérian, Femi Falana. L’avocat de 63 ans a récemment a appelé à la tenue immédiate du procès de Yahya Jammeh devant le tribunal créé en 2013 par un accord entre l’Union africain et le Sénégal.

Après l’ancien président tchadien Hissène Habré (juin 1982 – décembre 1990), le Sénégal va peut-être accueillir le procès d’un autre ancien chef d’Etat africain : l’ancien président gambien Yahya Jammeh (juillet 1994 – janvier 2017). Et si bon nombre de Sénégalais ne se sentaient concerner par le procès de Hissène Habré, pour Yahya Jammeh, nos compatriotes devront sans nul doute se sentir un peu plus concerner, si le procès venait à se tenir. C’est en tout cas la volonté de l’avocat et militant des droits de l’homme nigérian, Femi Falana qui a publié mardi une déclaration à ce propos.

Celui qui est connu pour s’opposer à l’oppression des autorités militaires de son pays souhaite que l’Union africaine et l’Organisation des nations unies agissent rapidement pour garantir que Yahya Jammeh soit extradé vers le Sénégal pour y être jugé devant les chambres africaines extraordinaires. Aussi, l’avocat des droits humains Femi Falana a exhorté l’Union africaine et les Nations Unies à prendre des mesures immédiates sur la recommandation de la Commission vérité, réconciliation et réparations de Gambie que l’ancien président, Yahya Jammeh, soit poursuivi. La recommandation de la Commission vérité recommande que Yahya Jammeh et plusieurs de ses complices soient poursuivis pour assassinats extrajudiciaires de citoyens et d’étrangers, viol, répression de la presse et opposition parmi d’autres crimes perpétrés au cours de ses 22 ans de règne en Gambie.

Décrivant la recommandation comme un « tournant pour la justice », en Gambie, Me Falana a d’abord accusé le président équato-guinéen, Teodoro Obiang, de vouloir continuer à « protéger » Jammeh ou de le soustraire aux poursuites. Il a ensuite appelé l’Ua et l’Onu à agir rapidement pour garantir que Jammeh soit extradé vers le Sénégal pour y être jugé devant les chambres africaines extraordinaires.

« Compte tenu du fait que les victimes n’étaient pas seulement des ressortissants gambiens, la Commission recommande qu’un tribunal international spécial soit mis en place pour juger Jammeh et d’autres en Afrique de l’Ouest, mais en dehors de la Gambie. J’appelle les dirigeants de l’Union africaine (UA) et des Nations Unies à prendre des mesures immédiates et efficaces pour garantir que Jammeh et les hauts responsables de son gouvernement soient extradés vers le Sénégal pour y être jugés devant les chambres africaines extraordinaires des tribunaux sénégalais, pour le bien des victimes de Jammeh », a noté Falana dans sa déclaration qu’il a publiée mardi.

Poursuivant, il assure que sa demande ne nécessitera pas de structures et d’institutions distinctes. Puisque pour lui, avec l’existence des Chambres africaines extraordinaires, les dirigeants de l’UA n’ont pas à réinventer la roue.

« Extrader immédiatement Jammeh et d’autres pour qu’ils soient jugés devant les Chambres permettrait d’économiser du temps et des ressources. Le statut des Chambres lui donne compétence sur les crimes contre l’humanité et la torture tels que définis dans le statut. Les définitions de ces crimes reflètent généralement celles utilisées dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et d’autres tribunaux internationaux. », dt-il, ajoutant que si cela venait à se faire Jammeh bénéficiera de ses droits à un procès équitable devant les chambres extraordinaires, y compris ceux garantis par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples que le Sénégal a ratifiés. « Ces traités relatifs aux droits humains définissent les garanties minimales qui doivent être accordées aux accusés dans le cadre de procédures pénales. », rappelle l’avocat nigérian, appelant l’Union européenne et d’autres organismes mondiaux engagés en faveur de la justice et de la responsabilité pour les crimes internationaux en Afrique à financer la tenue de ce procès.

L’avocat principal du Nigéria est allé plus loin pour expliquer le fonctionnement des chambres africaines extraordinaires et le processus que devrait suivre le procès de M. Jammeh. « Les chambres africaines extraordinaires ont quatre niveaux : une chambre d’instruction avec quatre juges d’instruction, une chambre d’accusation de trois juges, une chambre de première instance et une chambre d’appel. La Chambre de première instance et la Chambre d’appel ont chacune deux juges sénégalais et un président d’un autre État membre de l’Union africaine. Les chambres disposent également d’un administrateur pour assurer le bon fonctionnement de leurs activités et gérer tous les aspects non judiciaires des travaux. », dit-il encore.

Mais s’il en est ainsi, c’est que croit-il savoir, les victimes de Jammeh doivent avoir la possibilité de participer à la procédure en tant que parties civiles. En effet, explique le juriste, si Jammeh est reconnu coupable des charges retenues contre lui, les victimes de ses crimes doivent recevoir une indemnisation adéquate et des réparations, y compris une garantie de non-répétition.

Rappelons qu’après la publication du rapport, la Commission vérité, réconciliation et réparations avait appelé les personnes qui avaient fait une divulgation complète et pleine de remords devant la commission et n’étaient pas impliquées dans des crimes contre l’humanité à demander l’amnistie. Alors que le gouvernement gambien a promis de publier un livre blanc au plus tard le 25 mai 2022 sur le rapport de la commission.

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