Sanctions de la Cedeao contre le Mali : c’est le Sénégal qui s’est mis sous embargo
La décision de la Cédéao de fermer les frontières avec le Mali commence déjà à se faire ressentir au Sénégal. Au port de Dakar, ceux qui s’occupaient de la déclaration, de l’enregistrement et de l’acheminement des marchandises du Mali vers ce pays, ne savent plus à quel saint se vouer.
Au port autonome de Dakar, tous les transitaires du mole Hamassiré Ndour, l’ex-mole 3, les transitaires et autres manutentionnaires et dockers, sont tous à l’arrêt. Ils se tournent les pouces à longueur de journée depuis dimanche dernier, date à laquelle les chefs d’Etat de la Cédéao ont décidé de la fermeture des frontières avec le Mali voisin. La vérité est que 70% de leurs dossiers quotidiens concernaient le Mali.
A ce rythme, les conséquences dépasseront toutes les prévisions. Selon les déclarants en douane et transitaires, il faut qu’une solution de sortie de crise soit trouvée au plus vite.
En attendant, ils espèrent que les autorités maliennes de la Transition et celles de la Cédéao se retrouvent autour d’une table, car en dehors de l’aspect économique, le Mali et le Sénégal sont des pays frères qu’aucune frontière ne devrait pouvoir séparer.
En réalité, ces sanctions imposées au Mali vont durement affecter l’économie sénégalaise. Selon l’économiste Ndongo Samba Sylla, le Mali est le premier client du Sénégal, loin devant la France et tous les pays de l’Union européenne réunis, avec 574 milliards de fcfa d’exportation en 2019 et 493 milliards de fcfa en 2020. De même, une bonne partie de l’industrie cimentière sénégalaise tourne grâce au client malien.
En réalité, c’est comme si c’est le Sénégal qui était sous embargo, puisque le Mali continuera de s’approvisionner à travers d’autres canaux. Au lieu du port de Dakar, ceux de Conakry et de Nouakchott lui sont grand ouverts.
Par ailleurs, les chargeurs sénégalais et autres transporteurs dont la principale destination est le Mali seront durement affectés et il n’est pas exclu qu’ils entament des mouvements de grève pour protester contre des mesures que tout le monde estime injustes.
Pour la Côte d’Ivoire, même si, dans une moindre mesure, les opérateurs économiques sont également durement touchés pour les mêmes raisons. Cette situation risque de faire plus de mal aux pays de la Cédéao qu’au Mali.
Moustapha Cissé pour le 360.ma