Antoine Félix Abdoulaye Diome : le ministre musulman aux prénoms qui sonnent chrétiens
Le ministre de l’Intérieur de Macky Sall bénéficie de liens très forts, y compris familiaux, avec Touba, la ville sainte du mouridisme.
Malgré ce que son prénom usuel pourrait suggérer, le musulman Antoine Diome entretient des relations anciennes et étroites avec l’influente confrérie mouride. Le journaliste Souleymane Niang, de la Télé Futurs Médias (TFM), en a été pour ses frais et pour un mea culpa public. Il avait déduit à la va-vite, au lendemain de la nomination d’Antoine Félix Diome au ministère de l’Intérieur, que ce dernier était catholique.
« Analysant sa nomination et ignorant que, contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom, il n’est pas chrétien, je me suis étonné du fait que, rompant avec une pratique qui commence à s’ancrer, le président de la République ait nommé à ce poste une personnalité non musulmane et réputée capable de représenter le gouvernement aux cérémonies officielles du « magal » et des « gamous » [célébrations religieuses musulmanes], avec tout ce que cela exige de connaissance de l’étiquette des milieux maraboutiques et des éléments de langage appropriés », a-t-il ensuite admis.
« Antoine Félix Abdoulaye Diome est d’ethnie sérère, où l’on peut trouver dans une même famille à la fois des catholiques et des musulmans. Feu le cardinal Thiandoum avait ainsi un frère imam », s’amuse un éditorialiste, lui aussi sérère.
Or non seulement Antoine Diome est bien musulman, mais il est de plus très introduit à Touba, la ville sainte du mouridisme, où il est proche des descendants de Serigne Saliou Mbacké (décédé en 2007), lui-même fils du fondateur Cheikh Ahmadou Bamba et cinquième khalife général de la confrérie. Celui-ci avait même été son guide spirituel.
Le ministre de l’Intérieur peut en outre compter sur le soutien de son « oncle » Mbackiou Faye (un cousin du côté de sa mère), qui est le représentant du khalife général des mourides à Dakar, et à ce titre la figure de référence de l’imposante mosquée Massalikoul Djinaane, inaugurée dans la capitale par la confrérie en septembre 2019.
Source : Jeune Afrique
Boucar Diouf