[Tribune] 9ème Forum mondial de l’eau : enjeux, portée et perspectives – Par Abdou Sané
Le forum mondial de l’eau qui se tiendra à Dakar du 21 au 26 Mars 2022, intervient dans un contexte marqué par entre autre une grave menace de ce liquide précieux et aggravé par les effets néfastes des changements climatiques. L’ouverture du forum aura lieu le 21 Mars à la veille de la célébration de la journée mondiale de l’eau.
Celle-ci a lieu le 22 mars de chaque année depuis 1993, et est une célébration des Nations Unies qui met l’accent sur l’importance de l’eau douce. L’un des principaux objectifs de la Journée mondiale de l’eau est de soutenir la réalisation de l’objectif de développement durable 6 : eau propre et assainissement, pour tous d’ici à 2030.
L’eau est au cœur de la vie (humaine, végétale, animale). Elle est à l’origine de l’éclosion de biens de civilisations (cf. au rôle du Nil, du Tigre et de l’Euphrate dans l’éclosion des civilisations mésopotamiennes).
La gestion de l’eau est d’un enjeu de taille car au-delà de l’objectif de développement durable 6, elle conditionne d’autres objectifs comme ceux liés à la pauvreté et à la faim (ODD1 et ODD2), à la santé (ODD3), aux villes et communautés durables (ODD11), aux changements climatiques (ODD 13), à l’éducation (ODD4), à la vie terrestre (ODD15).
D’où la nécessité de connaître l’état de la ressource, d’analyser son évolution, de la maîtriser afin d’améliorer sa gestion et les conditions de son utilisation. La sécurité de l’eau s’impose en priorité. Elle comporte de multiples aspects concernant la disponibilité, la préservation, l’accès, la répartition équilibrée entre les divers usages, la protection des infrastructures hydrauliques.
Au niveau du Sénégal, les enjeux à relever restent nombreux et sont principalement liés à :
– La préservation et à la gestion efficace des ressources en eau pour éviter leur surexploitation et leur contamination par diverses sources de pollution (naturelle ou anthropique).
– La réduction du nombre de personnes non raccordées à des services d’alimentation en eau potable ou ne disposant pas de services d’assainissement adéquat ;
– La mobilisation des ressources en eau pour aussi satisfaire les besoins des projets de développement.
Pour relever ces défis, il serait indiqué de procéder à une évaluation sans complaisance de certaines formes d’exploitation et d’utilisation de cette précieuse ressource. Il s’agit entre autres de l’exploitation minière .A titre d’illustration :
– Grande Cote Operation(GCO) dispose de plusieurs forages captant la nappe maastrichtienne avec des débits de 160 m3/h et un prélèvement annuel pouvant atteindre sept (07) millions de m3 .
– Sabodala Gold Operation (SGO) dispose d’un bassin de rétention d’eau pluviale d’une capacité de 15 millions de m3 avec une utilisation annuelle pour les besoins de la mine de 2,11 millions de m3 / an.
– L’exploitation des phosphates nécessite le captage des eaux souterraines in-situ, soit un volume annuel estimé à 17 millions de m3 pour une production respectivement de 40 millions et 100 millions de tonnes avec les Phosphates de Matam et les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) au niveau des Niayes.
Les calcaires sont principalement exploités par les trois cimenteries du Sénégal que sont la SOCOCIM, DANGOTE, les CIMENTS DU SAHEL.
La SOCOCIM ne dispose pas de forage, elle est alimentée par le service public en eau potable en milieu urbain et péri-urbain. Les deux autres cimenteries utilisent les nappes maastrichtiennes et paléocènes pour un prélèvement de plus de 2 millions de m3 / an.
Au même moment la quantité consommée par personne et par jour est passée de 7 litres en 1981 à 28 litres en 2000. Malgré ces progrès, des efforts restent à faire pour atteindre l’objectif de 35 litres par personne et par jour tel que recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. En effet, le déficit en eau de consommation est estimé à 54 %.
La pression sur l’eau résulte principalement de l’exploitation excessive de la ressource pour soutenir les activités des mines (ICS, Cimenteries). Les pollutions notées sont de forme atmosphérique et hydrique. À Darou Khoudoss (région de Thiés), l’arrêt d’utilisation de certains puits et la faible rentabilité des cultures seraient liés aux contaminations issues des carrières.
En réponse et pour une meilleure rationalisation de la gestion de la ressource eau ,les autorités ont procédé à la revue du plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau et à l’élaboration d’un autre pour l’horizon 2017-2025 en vue de prendre en compte les nouveaux enjeux et défis liés notamment à la mise en œuvre des orientations de la Lettre de Politique Sectorielle de Développement 2017-2025, aux exigences relatives à la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable , à la gouvernance participative, au Genre et aux changements climatiques. En outre, le Plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau, s’aligne sur les réformes majeures dont celles liées à l’approche de gestion axée sur les résultats et à la programmation budgétaire par objectif définie dans le cadre de la réforme de la gestion des finances publiques et adoptée par les États membres de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africain .
Le Plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau 2017-2025 s’articule autour de cinq enjeux et défis majeurs qui ont permis d’identifier et de retenir cinq axes stratégiques d’intervention :
– Gouvernance, Instruments de gestion et Système d’informations ;
– Qualité des masses d’eau et des services d’eau, d’hygiène et d’assainissement ;
– Résilience face aux Changements climatiques ;
– Valorisation des eaux pour la croissance et la Sécurité alimentaire ;
– Connaissance et recherche action sur l’eau et l’assainissement.
Les autorités en charge de la gestion de l’eau ont proposé comme modèle de développement du secteur, une gestion intégrée reposant sur la mise en place d’Unités de gestion et de planification des ressources en eau qui veille à la cohérence des usages sectoriels et à la protection des écosystèmes. La Gestion intégrée des ressources en eau demeure une solution qui assure la satisfaction des demandes diversifiées tout en préservant la ressource pour les générations futures.
C’est tout le sens des attentes des populations qui ne demandent qu’à être rassurées face à un horizon de plus en plus incertain quant à l’accès à l’eau et à l’assainissement.
Monsieur Abdou Sané.
Géographe –Environnementaliste.
Ancien Député
Conseiller municipal délégué auprès du maire chargé de l’environnement, de l’urbanisme et de l’état civil à la mairie de Ziguinchor.
Téléphone +221701059618
Email : abdousanegnanthio@gmail.com
Ziguinchor, Sénégal
Mis en ligne par Boucar DIOUF