Offensive de l’Armée sénégalaise en Casamance : plus de 6 000 personnes fuient vers la Gambie
Dans le cadre de l’offensive de l’armée sénégalaise en Casamance, les Jambars ne relâchent pas la pression sur les rebelles dans le nord Sindian. Mais si les dernières informations font état de deux militaires tombés et de quatre rebelles tués ce jeudi, un autre fait préoccupe Banjul. Selon les autorités gambiennes dans le cadre de ces opérations qui, en fait, se déroulent à la frontière avec la Gambie, au moins 6 000 personnes fuient vers ce pays qui forme une enclave dans le Sénégal.
L’armée sénégalaise continue de frapper les bases rebelles dans le nord Sindian. Hier, durant le weekend, le bilan des combats entre les Jambaars et les rebelles de la Casamance a évolué. Selon les informations, l’armée sénégalaise dont l’offensive contre les éléments du Mfdc dure depuis dimanche dernier, a tué, ce jeudi, quatre combattants de Salif Sadio. Mais les pertes ne sont pas seulement du côté des rebelles, puisque malheureusement, durant les affrontements à Batingaye, un deuxième Jambaar, qui a été touché lors des affrontements, a succombé durant son évacuation. Ce qui fait deux pertes du côté de l’armée nationale.
Mais en marge de ces opérations largement maitrisées par l’armée sénégalaise, un autre fait commence à inquiéter de la côté de la frontière, en Gambie. En effet, les autorités gambiennes ont annoncé samedi 19 mars 2022 qu’environ 6 000 personnes se sont réfugiées en Gambie après avoir fui les violences de la semaine dernière entre l’armée et les rebelles en Casamance, dans le sud du Sénégal voisin.
L’armée sénégalaise a annoncé avoir lancé le 13 mars une opération contre les rebelles en Casamance, une région séparée du nord du Sénégal par la Gambie. L’armée avait indiqué que « leur principal objectif est de démanteler les bases » du chef militaire rebelle Salif Sadio, situées le long de la frontière nord avec la Gambie. Le nombre de personnes fuyant les violences depuis le 13 mars s’élève désormais à 6350, dont 4508 déplacés, a indiqué l’Agence nationale gambienne de gestion de crise, dans un document officiel transmis samedi à la presse.
« En raison de la situation dans la région de la Casamance au Sénégal, la région de Foni Kansala est devenue un refuge sûr pour les réfugiés et les déplacés internes », lit-on en partie dans le communiqué. Le même document de préciser que ces personnes ne peuvent plus rester chez elles en raison de la proximité des combats et des implications globales du conflit en cours.
Toujours dans son communiqué publié samedi, les autorité gambiennes rappellent que c’est au niveau du district de Foni Kansala, une vile situé sur le territoire gambien et limitrophe de la Casamance et proche de la zone que se déroulent les combats entre l’armée sénégalaise et les rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), qui luttent pour l’indépendance de cette région depuis 1982.
Il faut dire que avant les Sénégalais, ce sont les Gambiens établies en Casamance qui ont été les premiers à prendre la fuite. En milieu de semaine dernière, les autorités de Banjul informaient déjà que « des dizaines de Gambiens ont fui les régions frontalières alors que le Sénégal a lancé une offensive contre les rebelles séparatistes de Casamance ».
La Croix-Rouge présente sur le terrain et qui est en train d’évaluer la situation a déclaré qu’elle attend plus de monde. « Nous procédons à une évaluation pour rencontrer les personnes, les déplacés internes, les réfugiés, qui se trouvent dans la hotline, dans les lignes principales, pour les enregistrer. Mettez-les également dans la collecte de données du gouvernement afin que le gouvernement puisse savoir qui et qui sont sur son sol. Mais maintenant que le conflit se déroule au niveau des frontières entre les deux pays, nous attendons plus de monde, car c’est la première fois maintenant que nous recevons des villageois du Sénégal vers la Gambie », a déclaré Sheriffo Mboge, officier régional de la Croix-Rouge gambienne.
Rappelons que depuis 1982 que les rebelles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) sont engagés dans un conflit de faible intensité qui a fait des milliers de morts. Le président sénégalais Macky Sall, a fait de la « paix définitive » en Casamance une priorité de son second mandat. Du côté gambien, le président gambien Adama Barrow a promis de venir en aide aux déplacés et de continuer à jouer son rôle pour le retour de la paix dans cette partie du Sénégal.
Abdoulaye NDIAYE