Emprisonnement de Cheikh Oumar Diagne : le collectif Noo Lank dans tous ses états
Cheikh Oumar Diagne a été envoyé en prison, hier, dans l’affaire qui l’oppose au député Me Djibril War. Cette arrestation est « un excès de zèle du pouvoir, qui ne s’explique que par une volonté de museler un acteur gênant de la société civile », selon le collectif Noo Lank qui s’est indigné à travers un communiqué publié ce jeudi 07 avril.
« Le collectif Noo Lank a appris avec déception l’emprisonnement de Cheikh Oumar Diagne, placé sous mandat de dépôt cet après-midi par le juge d’instruction du deuxième cabinet.
L’arrestation de Cheikh Oumar Diagne est un excès de zèle du pouvoir, qui ne s’explique que par une volonté de museler un acteur gênant de la société civile.
Cette arrestation est d’autant plus choquante qu’elle est initiée par un acteur comme Maitre Djibril War, connu pour son indiscipline, les excès récurrents et forts médiatisés de ses propos, insultes et actes de violences contre ses propres compagnons.
Il y a peu, il a déshonoré le Sénégal et l’Afrique en s’attaquant physiquement à une femme, députée du parlement africain, une scène scandaleuse, grotesque filmée, en vidéo, disponible sur l’internet. Il s’en est ensuite vanté.
C’est le même qui avait aussi posé son pistolet sur la tempe de Mahmout Saleh au siège de l’APR, un acte de menace à la vie d’un grand responsable de son parti et qui aurait dû aboutir à son arrestation et le retrait pur et simple de son permis de port d’arme s’il en a.
Le pouvoir n’a probablement pas jugé nécessaire de lui retirer cette arme, même si, par cet acte, il a démontré qu’il n’a pas la maturité, la maitrise de soi et la stabilité psychologique nécessaire pour bénéficier de ce port d’arme.
C’est le même qui ne se prive pas de paroles choquantes et abusives, dans l’hemicycle et les médias, pour caractériser ses adversaires sur le plan politique. Il a publiquement accusé Moustapha Diakhatè d’avoir détourné 600 millions à l’assemblée nationale.
Malgré ses frasques, il n’a jamais été poursuivi devant les tribunaux pour le punir.
Une telle personnalité sulfureuse, bien connue des sénégalais, pour de tels comportements, ne devrait pas instrumentaliser les autorités policière, le parquet et les juges pour intimider un citoyen, libre de ses opinions.
En l’occurrence, Cheikh Oumar Diagne, est homme d’opinions, qui a choisi de faire entendre ses convictions, peu importe qu’elles soient totalement avérées ou non. Ses avis, spéculations, craintes, croyances quant à la mise en œuvre d’un agenda international sur le Sénégal sont juste ses opinions et ne devraient pas être prises pour des accusations personnelles, directes et diffamantes par qui que ce soit.
Dans tous les pays, des groupes de citoyens, mus par leurs valeurs et croyances, ont une vision du monde qui n’est pas celle de tous les autres. Et pourtant, ils ont le droit de les exprimer. Sur la covid, des professeurs, prix nobel et citoyens ordinaires ont exprimé leurs théories sur l’existence de complots internationaux et même nommé des présidents de pays, personnalités mondiales, institutions internationales et multinationales. Trump et ses adeptes théorisent des complots au sein de l’Etat américain.
Plus près de nous, et depuis longtemps, tous les hommes politiques de ce pays, dans leurs discours, expriment aussi leurs opinions sur les intentions et manœuvres des parties adverses qu’elles identifient comme complices d’une action néfaste sur le pays en collaboration avec des acteurs étrangers. Cela n’en fait pas des insulteurs ou auteurs de propos diffamants.
Wade et ses relations avec la Libye de Khadafi, Macky Sall et ses relations avec la France, Ousmane Sonko et ses relations avec les salafistes, tous ont fait ou font encore l’objet de propos qu’ils pourraient trouver diffamants mais ont la grandeur d’esprit de considérer que ce sont des discours politiques, opinions et avis spéculatifs qui appartiennent au discours public.
La démocratie et la liberté d’opinion tout comme la science et la recherche de la vérité, ont besoin de tolérance et d’espace d’expression.
La liberté de Maitre Djibril War de continuer à débiter librement son discours n’aurait pas été possible si toutes ses paroles et actions étaient considérées au premier degré et traitées sur le plan judicaire. Il aurait été déjà jugé et emprisonné.
Le collectif Noo Lank demande au pouvoir en place de mettre fin à l’intimidation de Cheikh Oumar Diagne qui ne vise qu’à lui mettre une épée de Damoclès afin de conditionner son discours. Son mandat de dépôt fait montre de la faiblesse de notre institution judiciaire. Cette affaire aussi banale devrait à la limite être en flagrant délit mais instruire ce dossier revient tout simplement à instrumentaliser notre justice qui est à géométrie variable.
Le pouvoir devrait plutôt se demander pourquoi les sénégalais sont sensibles au discours de Cheikh Oumar Diagne afin de prendre les mesures explicatives et convaincantes nécessaires pour y répondre. Cela ne nécessite ni emprisonnement ni intimidation, mais bien un discours clair, bien articulé et des actions cohérentes et conséquentes. Il appartient ensuite aux sénégalais de croire ce qu’ils veulent croire. C’est cela la liberté fondamentale, croire ou ne pas croire. », assène le Secrétariat exécutif national du collectif Noo Lank.
Boucar DIOUF