[Tribune] Mon Sénégal – Par Mary Teuw Niane
Mon Sénégal
Des plages mousseuses gercées de rochers rebelles du Cap Vert
À la colline de Bakel qui surplombe souveraine fleuve et plaines
Mon Sénégal se déploie de l’embouchure mortelle accidentelle du Grand fleuve
Jusqu’à la forêt refuge en voie de disparition de la Casamance verte
Mon pays se mire au pieds de la chute rafraîchissante de Dindéfélo
Les cases Bassari hauts perchés au flanc de la montagne
Admirent, au loin, enfumés de nuages, les contreforts du Fouta Djalon gorgé d’eau
La montagne immense, généreuse, offre à mon pays la Gambie et le Sénégal
Des vaches Bédik dodues rassasiées couleurs de terre
Aux zébus blancs hauts sur pattes aux cornes fourchues agressives
Mon pays s’endort aux rythmes des immenses champs d’arachides du Baol
Qu’interrompent les îles du Saloum enveloppées de mangroves aux huîtres délicieuses
Mon Sénégal embarqué dans la pirogue Sunugaal tente de s’échapper dans l’Océan Atlantique
De Gorée qui garde les souvenirs abominables de l’esclavage
Au cimetière de Thiaroye où gît le tirailleur sénégalais libérateur assassiné
Mon pays rugit à la voix persuasive du généalogiste qui rappelle le Mardi de Nder
Sous les nuées de vautours affamés nouvellement arrivés
Mon pays se construit, modernité resplendissante face à la pauvreté étourdissante
Les talibés, les mendiants, les malades mentaux peuplent les rues de Dakar
Insouciants femmes langoureuses et hommes bavards vaquent à leurs occupations
Mon Sénégal se meut tranquillement transporté par le TER, la Coupe d’Afrique, le Mondial
Le cri de douleur de la famille affamée s’entend difficilement
Comme retentit à peine audible le désarroi de la jeune pousse sans travail
Mon pays qu’illumine les phares de l’Occident couchant s’assoupît anesthésié
De la foule de l’inauguration de l’immense Pont Nelson Mandela de Foundiougne
À la symbiose tumultueuse bariolée de lasers vengeurs du chaudron Maître Abdoulaye Wade
Mon pays se réveille entre lumières resplendissantes et ténèbres menaçantes
Nous serons forts pacifiquement par la Justice et la Liberté à conjurer le mauvais sort
Mon pays est béni, son futur sera heureux
Lorsque la Vérité crue s’imposera devant le mensonge laudateur
Que le démuni face au Pouvoir aura droit au Droit absolu
Alors le peuple rassemblé célèbrera le bonheur perdu
De Touba à Tivaoune
De Popengine à Jamma Laye
De la Forêt sacrée à Médina Gounas
De Kaolack à Ndiassane
Les prières unies apporteront paix, concorde et bonheur
Ramadan Mubaarak
Dimanche, 10 avril 2022
Mary Teuw Niane