[Tribune] Réflexion de nuit de Ramadan : au-delà de l’hôpital – Par Imam Kanté
Dans nos foyers, au plus bas âge, on ne vous écoute pas, ou rarement, on vous crie dessus tout le temps, on ne vous explique rien, on ne vous pardonne rien…
Cela fait que vous avez toutes les chances de devenir un jeune individu (garçon ou fille) d’une timidité inhibitrice voire énervante ou au contraire, vous « restituez » ces frustrations accumulées depuis la « chaude » enfance, en vous défoulant sur les gens dès que vous disposez de la moindre prérogative vous permettant de le faire.
Ce peut être le cas à l’hôpital (en rapport avec une certaine actualité) comme partout ailleurs dans nos relations interpersonnelles : ne cherchez pas à comprendre, taisez-vous, supportez tout, estimez-vous heureux du peu que vous recevez et même pas avec la manière car ça pouvait être pire !
Nous avons déjà écrit ceci que, chez nous, le citoyen est souvent traité par l’agent qui délivre le service qu’il sollicite comme un mendiant qui n’a pas à se plaindre. D’où l’on note les exressions les plus partagées dans notre pays : « dimbli ma rek », « japp ci rek »… Et l’agent qui répond comme un roi : waa dinaa seet! Ou bien, il fait un effort si vous lui avez été recommandé ou des fois, si vous donnez quelque chose…
Si la teranga est réservée aux étrangers qui viennent chez nous alors on peut se poser la question de savoir si elle est authentique et sincère. Et si on arrêtait un peu de se prendre pour les plus beaux et les plus gentils pour faire, chacun à sa façon, son introspection pour le meilleur de toutes et de tous.
Avec la grève des sages-femmes assortie de slogans choquants et maladroits, on commence à dire que les manquements des autorités, l’insuffisance de moyens, les difficiles conditions de vie ne sauraient justifier les écarts de comportements, la négligence, et le manque de compassion dans la délivrance d’un service notamment de santé.
Le pays a bien besoin de ce sursaut de lucidité. Que chacun et chacune change et tout changera même s’il est attendu des autorités publiques, l’impulsion des processus pouvant mener aux changements attendus.
Les mots-clés : responsabilité, reddition de compte, compétence, éducation, sensibilisation, contrôle qualité du service, évaluation des agents, sanction si nécessaire.
Ahmadou Makhtar Kanté