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[Tribune] Et si Serigne Mboup, maire de Kaolack, était mal parti -Par Oumar Mboup

[Tribune] Et si Serigne Mboup, maire de Kaolack, était mal parti -Par Oumar Mboup
oumar mboup et serigne mboup

Serigne Mboup! Serigne Mboup ! Serigne Mboup ! Accompagné d’une sonorité musicale, ce nom était scandé, plébiscité, et chanté par tous les kaolackois, soifs de changement, lors des élections locales. Tout le monde s’accordait à dire qu’il est la Solution, qu’il va sortir Kaolack de ses difficultés, de son marasme, de l’abîme dans lequel il se trouve (je reprends ici l’expression de Almamy, un jeune garçon et intelligent, qui disait à son père que Kaolack est abîmée).

Bien qu’étant, traditionnellement de grands électeurs du parti au pouvoir, les populations de Kaolack avait pris leur destin en main, avait décidé d’opérer une nette rupture, en se débarrassant des politiciens de métiers, ceux qui se servent au lieu de se servir. Elles étaient convaincues que la bonne nouvelle était enfin arrivée, qu’elle était portée par Serigne qui est une chance pour Kaolack. On peut, de ce point de vue, se féliciter du regain d’intérêt pour le changement. Mais, qu’en est-il de ce changement ? Où sont les germes du changement? Pourquoi, les kaolackois ont perdu espoir en la personne de Serigne Mboup ? Qu’est-ce qui explique ce désenchantement ? Où est le Maire Serigne Mboup ? Est-il devenu un maire fantôme, absentéiste ?

Un profil d’hommes d’affaires s’il est une chance au départ, peut aussi se révéler un handicap. Une mairie ne se gère pas, comme on gère une entreprise. La logique des collectivités locales n’est pas celle des entreprises privées, simplement parce qu’ elles reposent sur des mécanismes complexes: de maîtrise du territoire, des compétences locales, de la réalité socio-économique et culturelle, pour ne citer que ceux-là. Et donc, pour cette raison, nous pensons qu’il faut lui consacrer du temps, le temps, son temps. Or, tout porte à croire que le temps de Serigne Mboup n’est pas le temps de Kaolack. Il aurait même démissionné du fait de son incapacité à se concentrer à se focaliser sur Kaolack. D’où, la raison de son absence, de ses fuites hors de Kaolack, faisant ainsi de lui un Maire fantôme.

Voilà ce qui ressort comme étant la première justification du titre de cette contribution : Et si Serigne Mboup était mal parti. La deuxième raison renvoie à ses ambitions démesurées, d’aspirer à la députation et d’étendre ses ambitions présidentielles, la cause principale des nombreux départs notés au sein de la coalition And Nawle And liggey auxquels s’ajoute la non implication, dans ses décisions politiques, de l’ensemble de ses adjoints. Nous ne lui refusons pas ce droit, mais c’était prématurer et précoce pour sa part de se lancer dans une aventure aussi périlleuse que les législatives. Un autre aspect plus important, c’est son manque de planification, de projection. Savoir d’où nous-venons? Où nous allons? Comment y aller ? Quelle stratégie faut-il mettre en œuvre, conformément à un agenda temporel, pour faire advenir le développement que nous voulons ? Toutes ces questions n’ont pas été bien posées au départ, occasionnant, ainsi, le tâtonnement et l’amateurisme dont son équipe fait montre.

Rien qu’en prenant la question des inondations, nous verrons que ce sont les vielles méthodes qui sont utilisées ; Agir sous la dictature des urgences; les retards accumulés font les actions urgentes. À rebours de ce qui vient d’être énoncé, c’est sans aucun doute là l’un des cas les plus patents de l’absurdité des solutions d’échanges proposées ça et là, dans les quartiers susceptibles d’être frappés par les inondations. Aucune planification n’a été faite dans ce sens et, Kaolack devra encore s’attendre à renouer avec les inondations. Ce qui fait que jusque-là, Serigne Mboup ne fait que reprendre les erreurs de ses prédécesseurs qui n’avaient pas une vision claire pour Kaolack.

D’aucuns diront certainement qu’il vient d’être élu, il lui faut du temps, mais quel temps? Un an, deux ans, trois ans ? Il n’y a pas un temps pour enclencher le changement que nous voulons, il n’y a que la volonté de bien faire et de bien servir sa localité qui importe. Kaolack est dans l’immobilisme, elle ne bouge pas, elle ne décolle pas, elle est restée là où Mariama Sarr l’avait laissée.

Et si l’on y prend pas garde, elle connaîtra dans les mois qui viennent, dans les années qui viennent, une régression totale. Toutefois, il n’est jamais trop tard de revenir à la raison, de bien faire, et c’est pourquoi, il s’impose au Maire de Kaolack de se concentrer sur ce pourquoi il a été élu: être à Kaolack, être à la mairie, être auprès de la population, dégager une vision claire, de concert avec les kaolackois, pour qu’amorce un changement souhaitable.

Il est inadmissible, dans le contexte actuel, que Kaolack ne prenne pas son envol, que Kaolack ne rêve pas , que Kaolack n’ait pas sa propre utopie politique.

Ce point est crucial, car comme le rappelle Felwine Sarr  » rien ne s’est fait sans avoir été pensé, rêvé et envisagé jusqu’à ce que cette chose pensée advienne dans le temps phénoménal  » Nous espérons que Serigne Mboup sera capable, pour ce qui reste de son mandat, de remplir pleinement sa mission conformément à un projet politique clair, porteur de prospérité et d’espoir pour Kaolack et les kaolackois.

Par Oumar Mboup.

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