Militaire tué au Mali : Klinfos revient sur la vie du Caporal Ousseynou Diallo de Kabatoky et comment sa famille a appris sa mort
Il est l’un des trois militaires Sénégalais de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) mort avant-hier à Songobia, localité située à 29 km au sud-ouest de la ville de Bandiagara, dans le centre du Mali.
Né en 1990 à Ndiébel, il fait ses humanités à Kaolack, précisément au quartier Kabatoky où son papa élit domicile après le service militaire.
Fils d’un ancien militaire à la retraite, l’enfant du vieux Abdoulaye Diallo a très tôt perdu son frère jumeau 7ans après. Il s’est engagé dans l’armée en 2015 après le baccalauréat. Quatre années plutard, (2019), il se marie et perd sa maman dans la même année.
Père de deux garçons, Ousseynou Diallo, le jeune Caporal fait la bonne partie de son service au camp Dial Diop de Dakar.
Son premier enfant, âgé aujourd’hui de 4 ans, porte le nom de son ami (Abdoulaye) un douanier alors que le second (Malick) âgé de six mois, porte le nom de son frère, agent de sécurité dans une banque à Koungheul.
Ousseynou Diallo qui s’est ré-engagé dans l’armée il ya deux ans est parti, il y a six mois au Mali et avec son lot de projets dont le plus qui le tenait à cœur ; Construire un maison et réunir sa famille sous le même toit.
Allant jusqu’à proposer son autre frère (aîné de la famille), Babacar (Agent à l’Ageroute), une fois que son vœu se réalisait, de démissionner de son poste afin de revenir au bercail et couver la grande famille.
Social, que seul le bonheur familial était sa principale préoccupation, Ousseynou Diallo est parti à jamais.
L’annonce de la mort de trois (03) casques bleus sénégalais,tués, avant-hier, mardi 21 février 2023, par une bombe artisanale au cours d’une mission de la Minusma au Mali, le temps semble s’être arrêté au domicile d’une des victimes. Ousseynou Diallo, 33 ans.
Malgré la forte canicule qui sévit en ce moment dans la région de Kaolack, le domicile mortuaire du soldat, Ousseynou Diallo,tombé avant-hier, mardi,ne désemplit pas.
Située en plein cœur du quartier Kabatoki de la commune de Kaolack, la maison des Diallo est depuis mardi dernier, le principal lieu de convergence des populations de cette partie
centre du pays. Partout, les amis, parents, proches ou même simples connaissances ont effectué le déplacement pour compatir avec la famille du jeune militaire, tombé sur le
champ de bataille.
Sur place, des tentes sont dressées un peu partout pour accueillir les visiteurs. Dans la cour familiale, juste devant la véranda, le vieux Abdoulaye Diallo, entouré de certains membres de sa famille, échange avec ses hôtes sur les circonstances dans lesquelles son fils
aurait trouvé la mort au Mali.
Tout en se rappelant les derniers instants
partagés avec celui-ci, quelques instants avant sa mort suite à l’explosion d’une bombe artisanale sur le chemin de retour, alors qu’il était parti se ravitailler entre Ogossagou et Sévéra.
«Ousseynou est né en 1990 à Kaolack. C’est après 30 ans de service dans l’Armée sénégalaise, à la suite de ma retraite comme sous-officier que je me suis définitivement installé ici, à Kabatoki», confie d’emblée, le vieux Abdoulaye Diallo, très attristé par la perte de son enfant parti à la fleur de l’âge.
«Ousseynou est jumeau. Malheureusement, il a perdu son frère jumeau à l’âge de 7 ans. C’est après l’obtention de son Baccalauréat qu’il a intégré les rangs de l’armée sénégalaise, en 2015. Malheureusement, par la volonté divine, mon fils ne fera même pas 10 ans de service dans cette corporation», regrette l’ancien sous-officier.
Qui enchaîne : « Le jour de son décès, c’est à travers les ondes de la radioque j’ai, dans un premier temps, entendu la tragédie. Seulement, ancien soldat, je me suis gardé d’aller trop vite en besogne. Car, je me disais que c’est à la hiérarchie de l’Armée Sénégalaise de me donner la bonne information.
Parce qu’elle fonctionne sur des ordres. Néanmoins, j’avoue que je ressentais déjà une grande peur qui s’est automatiquement emparée de tout mon corps. Car, je n’ai que mes enfants. Je vis seul avec eux depuis la mort de leur mère survenue en octobre 2019», fait savoir le papa du défunt casque bleu.
Le vieux Abdoulaye Diallo renseigne cependant que c’est par la suite, dans la journée, que le Capitaine Diémé ainsi que l’adjudant-chef Diakhaté de la Compagnie
de la zone de Kaolack et le commandant Diop avec qui Ousseynou était au Mali l’ont saisi au téléphone pour lui annoncer la mauvaise nouvelle.
«Aussitôt, j’ai demandé à mon petit-frère, Mamadou Diallo, un Colonel de l’Armée, établi à Dakar, d’aller se renseigner davantage au camp Dial Diop où Ousseynou Diallo était en service avant son départ pour le Mali. Ceci, afin que je puisse en avoir le cœur net. Mais également avoir suffisamment de détails sur les circonstances de sa mort. Et connaître aussi le jour du rapatriement de sa dépouille au sénégal», ajoute t-il.
Le plus grand souhait de Ousseynou était de construire une maison pour sa famille.
Marié et père de deux enfants, Ousseynou était le grand ami de son père. C’est ainsi que le décrit son paternel qui le crayonne comme un garçon très correct, discipliné, sociable et travailleur.
«Dès l’annonce de la nouvelle qui m’a d’ailleurs beaucoup surpris, j’ai tant bien que mal essayé de me ressaisir pour ne pas remettre en cause la volonté divine.
Puisque je ne suis pas le seul père de famille à avoir perdu son enfant dans cette tragédie.
Mais, il faut aussi reconnaître que l’amour qui lie un papa à son fils n’a pas d’égal. Surtout quand il s’agit d’un enfant comme Ousseynou Diallo qui travaillait dur pour me mettre à l’abri de tout besoin.
Et pour preuve, son plus grand souhait était de changer le visage hideux du domicile familial avant l’hivernage. Malheureusement, le Tout Puissant en a décidé autrement. Et je ne peux que me résigner face à la volonté de Dieu», souffle Abdoulaye Diallo qui se souvient encore de ses dernières échanges téléphoniques avec son enfant.
«Le jour de sa mort, aux environs de 8 heures du matin, comme à son habitude, il m’a appelé pour me souhaiter une bonne journée. Avant de solliciter des prières. Car, il me disait qu’il devait effectuer un déplacement de deux (02) jours.
Par la suite, il a aussi appelé sa grande sœur, Diéwo Diallo pour qu’elle lui fasse des aumônes. Ce que cette dernière a fait juste quelques instants avant sa mort. Aujourd’hui,
avec sa mort si brusque et inattendue, j’ai perdu un soutien de famille, une partie de moi s’en est allée.»
Abdoulaye DIALLO