Justice

Accusé de viol, anti-Macron… : qui est Juan Branco le brillant nouvel avocat de Sonko

Juan Branco, avocat français
L'avocat français Juan Branco va représenter Ousmane Sonko

En attendant la confirmation formelle du leader de Pastef, Ousmane Sonko, malade et toujours interné dans une clinique à Dakar, depuis jeudi, le célèbre avocat français Juan Branco a informé, ce samedi, avoir été « désigné » par ce dernier pour le sortir des griffes de dame Justice. Seneweb tente de dresser ici le profil de ce jeune et éloquent avocat, connu pour sa détestation de Macron, mais aussi son implication dans une affaire de viol présumé.

Ce samedi 18 mars, alors que tous les responsables et militants de Pastef dialoguaient sur l’état de santé de leur leader, Ousmane Sonko, interné dans une clinique de la place depuis les évènements malheureux de jeudi dernier, et celui de Me Ciré Clédor Ly, évacué pour des mêmes raisons sanitaires, le célèbre avocat français, Juan Branco, débarque sur la scène politico-médiatique sénégalaise. « J’ai été désigné par Ousmane Sonko, principal opposant à Macky Sall, menacé de mort, pour le représenter », a-t-il posté sur son compte Twitter, suscitant de vives réactions (plus de 1400 retweets).

En attendant la confirmation du principal concerné, seneweb s’est intéressé au profil de Juan Branco. Ce dernier est un jeune avocat surdiplômé, brillant. Sur les réseaux sociaux, il se présente comme le Dr Juan Branco. Mais s’il est docteur, c’est en droit international, après une thèse à Normale Sup, où il est entré par une voie parallèle, précise Ouest-France. L’avocat est aussi titulaire de quatre masters, et passé par Sciences Po Paris. Son Cv de six pages, que l’on trouve en ligne égrène ses postes : un temps enseignant-chercheur, il a travaillé pour l’Université de Yale aux États-Unis, à l’Institut Max Planck au Luxembourg, à l’université Sapienza à Rome mais aussi au ministère des Affaires étrangères et à la Cour pénale internationale, relatent des articles d’une partie de la presse française consultés par Seneweb.

Avocat « activiste », farouche opposant de Macron, défenseur des Gillets jaunes

D’une mère espagnole, psychanalyste, et d’un père portugais, producteur de cinéma indépendant, le célèbre et prolifique Paulo, le jeune avocat, Juan Branco, a fait irruption, en mars 2019, sur le devant de la scène aux côtés des Gilets jaunes, avouant d’ailleurs, une détestation à la Macronie. « Ils ne sont pas corrompus, ils sont la corruption », disait-il, en février 2019, à l’Express . C’est aussi le sujet de son livre, « Crépuscule » paru l’an dernier (au Diable Vauvert), un best-seller (100 000 exemplaires en version papier) où le macronisme est présenté comme une nouvelle variante du fascisme. « Un monde vacille, se décompose et lutte contre son crépuscule, écrit-il. Il était temps de le révéler. Et face à un pouvoir menaçant d’effondrement, de se lever ».

Son pamphlet dénonce, très justement pour beaucoup, d’une manière caricaturale pour d’autres, « la captation de la démocratie par des oligarques puissants en faveur d’intérêts de caste » et les liens qui unissent dirigeants politiques (à commencer par Emmanuel Macron), économiques et médiatiques. Peint en France comme un avocat « activiste », il a naturellement, défendu le breton Maxime Nicole, alias Fly Rider. Il a aussi été conseiller juridique de WikiLeaks et de Julian Assange.

Trois ans plus tard, la notoriété de son auteur n’a pas faibli. Fort de plus de 171 000 abonnés sur Twitter, Juan Branco, 32 ans, ne cesse de faire parler de lui. Son nouveau livre, Treize Pillards 1, est paru en janvier. Cette fois-ci, l’ouvrage dénonce « treize symboles des corruptions politiques de nos dirigeants », d’Emmanuel Macron à Édouard Philippe en passant par Xavier Niel, Benjamin Griveaux ou Martin Hirsch. Son éditrice, Marion Mazauric, qui voit en lui un « Jésus des temps modernes, un nouveau Che Guevara ou d’Artagnan », revendiquait 20 000 exemplaires vendus. Un chiffre enviable, bien qu’en deçà de ceux de Crépuscule. Mais, au-delà de ses succès de librairie, Juan Branco fait montre d’un talent certain pour faire parler de lui, être dans tous les coups. Pour le meilleur et pour le pire.

Branco et l’affaire de « pornopolitique » impliquant un ancien ministre

Le nom de Juan Branco est également lié à l’affaire Griveaux du nom de l’ancien secrétaire d’État, porte-parole du gouvernement et député, filmé montrant ses parties intimes à une jeune femme dénommée Alexandra De Taddeo, compagne d’un artiste et activiste russe, Piotr Pavlensky. Dans ce que la presse locale décrivait comme une « pornopolitique », le tonitruant avocat est accusé d’avoir joué un « rôle flou », en « conseillant » la défense sur les vidéos à l’origine du retrait de Benjamin Griveaux de la course à l’élection municipale de Paris, avant leur diffusion. Une proximité qui avait poussé le bâtonnier de Paris à demander à Juan Branco de renoncer à défendre l’activiste russe. C’est finalement Me Yassine Bouzrou qui a été désigné pour assurer la défense.

La diffusion de ces sextapes avait provoqué un scandale politique. Benjamin Griveaux avait alors retiré sa candidature à la mairie de Paris, abandonnant par la suite sa carrière politique pour se reconvertir dans l’entreprenariat. Une épreuve également « très difficile et très violent[e] » pour sa vie professionnelle et familiale, avait-il déclaré en janvier 2021 devant les magistrats instructeurs.

« Un grand manipulateur », disait de lui Aurélie Filippetti, dans l’Express, en 2019, après avoir travaillé avec Branco en 2012, lors de la campagne de Hollande pour la présidentielle. Elle ne veut plus en entendre parler. Le jeune avocat rejoint ensuite La France insoumise. En 2017, il se présente aux législatives en Seine-Saint-Denis, où il ne décroche que 13,94 % des voix.

Mis en examen pour viol sur une dame de 20 ans

Juan Branco a aussi fait la une des journaux en novembre 2021. Cette fois-ci, pour une sulfureuse affaire de viol présumé. Une femme, âgée de 20 ans au moment des faits, avait déposé une main courante au commissariat du 14e arrondissement de Paris, le 29 avril, après avoir rencontré M. Branco à la suite d’échanges sur le réseau Instagram. Ses déclarations avaient « incité le parquet de Paris à confier une enquête pour des faits de viol à la 1re DPJ [direction régionale de la police judiciaire] », avait rapporté Le Parisien.

Placé en garde à vue un mois plus tard, l’avocat avait évoqué une relation consentie. L’avocat de M. Branco, Yassine Bouzrou, avait alors dénoncé des accusations « dépourvu [es] de fondements » et une « garde à vue (…) abusive », demandant le « classement sans suite immédiat » de cette enquête. Selon lui, la plaignante « affirme elle-même qu’il n’y a eu ni violence, ni menace, ni manifestation de son opposition à la pénétration », « indique s’être déshabillée elle-même » et est « restée dormir avec Juan Branco après la relation sexuelle ».

Dans un long post Facebook, M. Branco avait nié toute relation contrainte avec la jeune femme. Après une balade dans Paris, ils se seraient rendus au domicile de M. Branco, selon la version de celui-ci, puis auraient regardé un film avant d’avoir une relation sexuelle consentie. Le lendemain matin, la jeune femme l’aurait « embrassé » avant de partir, assurait encore l’avocat. Elle serait revenue le soir « froide et troublée », en lui annonçant qu’elle avait déposé une « main courante » sur les conseils de deux amies.

Après la révélation des accusations, l’avocat et essayiste avait assuré, dans un message à la presse, que la plaignante entendait « retirer » sa main courante au plus tôt. Dans cette main courante, selon Le Point, la jeune femme assurait avoir pris un opiacé, de la lamaline, avec M. Branco. Celui-ci avait confirmé dans l’émission « Touche pas à mon poste » (C8), en comparant ce médicament à du Doliprane.

C’est donc un personnage controversé, brillant et grande gueule à la fois, qui va assurer la défense de Sonko

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