Migration : 13 Sénégalais dont un malade hospitalisé déportés d’Allemagne dans des conditions inhumaines
Le 3 mai dernier, alors que le monde entier célébrait la liberté, celle de la presse notamment, des Sénégalais vivant en Allemagne ont été déportés vers Dakar en violation de leur droit et dans des conditions inhumaine. Selon nos informations, pour déporter nos compatriotes au nombre de 13, les autorités allemandes les ont fait accompagner par des dizaines de policiers allemands. Selon notre lors de ce vol de Chaque déporté était menotté et encerclé sur l’avion par 4 policiers, deux sur les sièges devant, 2 derrière. La plus part des personnes déportées avaient été arrêtée la vieille dans la rue, mis en prison sans téléphone dans l’attente du vol, sans pouvoir alerter quelqu’un ni avoir la possibilité de récupérer les biens. Le pire dans cette histoire, c’est que le Sénégal s’est rendu complice de cette barbarie allemande digne de la traite des nègre, en produisant des sauf-conduits via l’Ambassade du Sénégal à Berlin. Des documents qui, selon notre source, ont été faits sans qu’aucune des personnes concernées l’ait demandé, ou en soit au courant. En plus, les déportés ont eu connaissance de l’existence de ces documents de voyage qu’à l’arrivée au Sénégal où ils ont été accueillis par des gendarmes sénégalais.
Selon un rapport détaillé de l’Ong engagée dans le domaine de la fuite et de la migration Boza Fii, c’est le 21 avril 2023 que tout a commencé. Ce jour-là, l’Ong a reçu 2 messages faisant état des auditions pour l’identification de Sénégalais qui vivent en Bavière, un État situé dans le sud-est de l’Allemagne. Selon l’Ong, ces méthodes d’identification ont souvent pour but des déportations. En 2021 par exemple ce même dispositif avait occasionné la déportation de Munich de 14 Sénégalais par un vol charter. Ainsi quand elle a reçu l’information, l’Ong a premièrement alerté le collectif des associations et acteurs de la migration au Sénégal, avant de contacter certaines personnes qui vivent en Allemagne, plus particulièrement à Munich, pour leur avertir de la gravité de la situation.
« C’est ainsi que nous avons entamé des procédures pour lutter contre ce dispositif. Malheureusement lutter contre des structures puissantes n’est pas facile car nous avons toutes les difficultés pour rencontrer ou même avoir un espace de communication avec les autorités. Néanmoins nous avons essayé de lancer une manifestation devant l’ambassade allemande pour protester contre les auditions qui ont la fonction de préparer des déportations. Malheureusement, la manifestation n’a pas pu avoir lieu à cause d’un manque d’autorisation. Puis, nous avons écrit une lettre de protestation que nous avons envoyée au Ministère des Affaires Étrangères, à la Direction des Sénégalais de l’Extérieur, à l’Ambassade d’Allemagne de Dakar et à l’Ambassade du Sénégal à Berlin. Et il n’y a que l’Ambassade du Sénégal à Berlin qui nous a répondu, mais pour nous dire que nous nous sommes trompés d’adresse. Ce qui signifie qu’ils n’ont même pas eu la peine de lire la lettre.», note Boza Fii dans son rapport dans « Les Échos » détient copie.
Pendant ce temps, les autorités allemandes ont accéléré les démarches pour déporter ces citoyens sénégalais qui vivent sur leur sol. Et alors que la procédure suivait son cours, Boza Fii reçu l’information qu’un vol de déportation allait quitter Munich/München pour le Sénégal le 3 mai. L’Ong a ainsi décidé de se renseigner sur ce vol et d’envoyer une équipe à l’aéroport international Blaise Diagne au Sénégal pour attendre l’arrivée des personnes expulsées. A l’arrivée, il s’est avéré que Boza Fii avait vu juste sur toute la ligne. Le vol en question était bien pour la déportation de Sénégalais vivant en Allemagne.
Quelques vérifications faites ont permis de savoir que la compagnie aérienne qui a été payée pour le vol charter est Sundair et le vol avait le code SDR88DD. Sundair est une compagnie aérienne charter allemande dont le siège est à Stralsund et elle est basée à l’aéroport de Berlin Tegel, l’aéroport de Brême, l’aéroport de Dresde et l’aéroport de Kassel. Selon des informations, depuis des années cette compagnie est complice de nombreux vols de déportation de l’Allemagne.
Mais si la procédure de déportation de nos concitoyens est à décrier, c’est surtout le modus-operandi qui est d’une gravité sans commune mesure. En effet, selon notre source, à bord de l’Airbus A320, se trouvaient 13 Sénégalais, accompagnés par des dizaines de policiers allemands. Chaque déporté était encerclé sur l’avion par 4 policiers, deux sur les sièges devant, 2 derrière. Ce qui fait qu’il y avait au moins 52 policiers à bord. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les déportés étaient menottés pendant le vol, même quand le repas est arrivé. Une personne en particulier, qui est psychiatrisée, a été ligotée même aux pieds et on lui a mis un casque de moto avec la visière baissée.
« Quand ils sont débarqués au Sénégal, il y avait que les gendarmes sénégalais à les accueillir. Et c’est seulement à ce moment-là qu’on a donné à chacun un Sauf-conduit valable pour un voyage Aller à compter du passage de la frontière », dénonce un membre de Boza Fii. Aussi, ces sauf-conduits qui datent le 18 avril 2023, ont été produits par l’Ambassade Sénégalaise en Allemagne à Berlin. Le plus grave c’est que ces documents ont été faits sans qu’aucune des personnes concernées l’ait demandé, ou en était au courant. En plus, les déportés ont eu connaissance de l’existence de ces documents de voyage qu’à l’arrivée au Sénégal.
Aucun officier ou porte-parole de la délégation du Ministère des Affaires Étrangers et de la Direction des Sénégalais de l’Extérieur était présent à l’aéroport. Si pour le vol de rapatriement organisé de la Tunisie par l’état sénégalais, une accueille avait été prévue, dans ce cas il a eu un total abandon institutionnel. Et pourtant le Ministère était informé du vol.
Personne au niveau institutionnel n’a pris en charge leurs besoins, même pas les plus immédiats : on ne les a pas donné de l’eau, ni d’argent de poche pour payer le transport vers leurs domiciles, ni des cartes téléphoniques ni la possibilité de prévenir leurs parents. La plus part des personnes déportées avaient été arrêtée la vieille de leur déportation dans la rue. Ils ont ensuite été mis en prison sans téléphone dans l’attente du vol, sans pouvoir alerter quelqu’une ni avoir la possibilité de récupérer les choses accumulées durant des années et souvent décennies. En outre, dans l’avion, le policier responsable du vol a donné des brochures d’un projet allemand d’aide aux rapatriés dénommé « Dalal Jam ». Dans la brochure on parle d’une maison d’accueil à Dakar. Une maison qui en réalité est fermé depuis mars.
Il s’agit là d’une grave situation de violation des droits de ces Sénégalais par la République fédérale d’Allemagne. Selon nos informations, parmi les personnes déportées, il y a même des sujets vulnérables et des personnes qui étaient en règle avec leur permis de séjour. L’Ong, écoeurée par ce traitement inhumain a détaillé la manière dont certains de ces Sénégalais ont été « attrapés ». Des récits qui font froid dans le dos.
« Une personne a été arrêtée la vieille du vol. Sa carte de « Duldung » (un document de tolérance renouvelable de 3 à 6 mois) de trois mois avait expiré le 26/4, mais il était en Allemagne depuis 10 ans. Il était donc parti le 2 mai, après le travail, tout en ayant un contrat de travail qui est encore en cours, pour aller au service d’immigration (Ausländerbehörde) et renouveler son permis. En ce moment, les officiers ont appelé la police et lui ont dit « tu vas rentrer au Sénégal ». Vers 16 h on l’a ramené chez le juge et vers 17 h on l’a mis en prison. Il n’a même pas pu rentrer chez lui prendre ses choses. Il est débarqué au Sénégal avec juste un petit sac cassé ». Alors qu’une autre personne a été arrêtée à la maison. Deux policiers ont débarqués chez lui le soir du 2, ils l’ont menottée et ils l’ont emmené en prison.
« Une autre personne, depuis 25 ans d’émigration en Allemagne, avait ses papiers en règle, chose que lui avait permis il y a deux mois de pouvoir voyager au Sénégal et revenir. Il dit que ‘’sa faute est de ne pas avoir déclaré sa nouvelle adresse de résidence’’ », dénonce l’Ong. Et d’ajouter qu’une autre personne a été attrapée à l’arrêt du bus, l’après-midi du 2 mai. Son Ausweis Duldung allait expirer le lendemain et il avait déjà son rendez-vous fixé pour le lendemain. Il a été emmené au tribunal dans l’urgence, et il n’a pas pu prévenir son avocat. Dans cette purge, même les malades ne sont pas épargnés. Puis qu’une autre personne a été prise dans la structure de détention pour des personnes psychiatrisées, où il était depuis des années. Il est sous traitement médical dont il dépend pour sa vie. Il a été envoyé à l’aéroport sans qu’il ait pu consulter un docteur.