Economie

Avions trop chers et peu remplis : comment Air Sénégal a raté son décollage

Réceptionné aujourd’hui, à l’Aéroport International Blaise Diagne, le premier Airbus A330neo de la compagnie nationale Air Sénégal. .jpg
Réceptionné, à l’Aéroport International Blaise Diagne, du premier Airbus A330neo de la compagnie nationale Air Sénégal

Surendettée, la compagnie nationale sénégalaise paie aujourd’hui ses mauvais choix stratégiques, et ses investissements massifs dans des Airbus flambant neufs. En grande difficulté financière, le pavillon national créé en 2017 par Macky Sall enchaîne les erreurs stratégiques. Et peut aller jusqu’à mettre en jeu le sujet crucial de la sécurité. Las de voir la compagnie nationale sous perfusion de l’État, le nouveau président sénégalais espère pouvoir stopper l’hémorragie. Au programme, le changement de directeur général et la mise en place d’une nouvelle stratégie. Cela sera-t-il suffisant ?

Macky Sall a-t-il causé la quasi-faillite d’Air Sénégal dont il voulait faire l’un de ses fleurons nationaux, lorsqu’il a lancé la compagnie en 2017 ? Sept ans après sa création, le constat est sans appel : à la mi-2024, l’endettement d’Air Sénégal – qui n’a jamais publié ses comptes – est évalué par le ministère de tutelle à près de 100 milliards de francs CFA, soit environ 150 millions de dollars. Et les mouvements d’avions d’Air Sénégal sur la période allant de janvier à mai 2024 ont chuté de 14,4 % par rapport à l’année précédente (440 opérations de moins).

Cette situation financière délicate trouve en grande partie son origine dans les choix stratégiques qui ont été pris dès le début par les dirigeants de la compagnie aérienne. En effet, comme le révèle Jeune Afrique dans l’enquête sur les raisons de la chute du pavillon sénégalais, l’achat de plusieurs Airbus neufs – sur une courte période – a fortement déséquilibré les comptes de l’entreprise. Cette erreur industrielle a, de facto, provoqué une profonde crise de confiance : les passagers, échaudés par les retards, la qualité de confort discutable de certains appareils loués, voire apeurés par la « sortie de piste » d’un appareil juste après son décollage, en mai dernier, boudent désormais Air Sénégal.

Que pèse, aujourd’hui, la compagnie ? Quels sont les avions qui portent haut ses couleurs ? Dans ce quatrième et dernier volet de notre enquête, JA brosse le portrait de la flotte sénégalaise : des deux A330neo achetés en 2018 lors du salon du Bourget qui ont fait la fierté de la compagnie avant d’être cloués au sol pour des problèmes de maintenance, aux L-410 NG – plus petits et plus légers – achetés pour assurer les vols intérieurs.

Air Sénégal, un jeune pavillon aux ambitions démesurées

La compagnie nationale sénégalaise s’est, dès 2017, lancée dans l’achat d’Airbus flambant neufs pour se constituer une flotte à la hauteur de ses aspirations. Cette stratégie, qui lui a permis d’ouvrir des lignes vers l’Europe et les États-Unis, s’est avérée désastreuse à moyen terme. Aujourd’hui, plombée par les dettes, Air Sénégal peine à décoller.

Air Sénégal : comment éviter le crash ? (2/4) – Des Airbus flambant neufs, fierté nationale du Sénégal. Un aéroport moderne aux normes internationales, prêt à accueillir les avions d’Air Sénégal. Tout avait pourtant bien commencé pour la jeune compagnie nationale, vite rattrapée par ses ambitions démesurées. En ce dimanche d’août 2017, Mamadou Lamine Sow, premier directeur général de la compagnie,

Le plan de sauvetage de Bassirou Diomaye Faye

Las de voir la compagnie nationale sous perfusion de l’État, le nouveau président sénégalais espère pouvoir stopper l’hémorragie. Au programme, le changement de directeur général et la mise en place d’une nouvelle stratégie. Cela sera-t-il suffisant ?

L’avenir d’Air Sénégal a été une préoccupation pour le président Bassirou Diomaye Faye, dès son arrivée au pouvoir en avril. Boudée par les clients et plombée par plus de 150 millions d’euros de dettes, la compagnie nationale a inquiété le chef de l’État à tel point qu’au cours des derniers mois, il a multiplié les consultations avec des spécialistes

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