[Tribune] De l’urgence à la vision : le Sénégal à l’heure de la planification stratégique – Par Daouda Mbaye
« Passage d’une logique d’urgences et de saupoudrage à court terme à une logique de vision et de planification à long terme » Premier ministre Ousmane Sonko (Page 25 DPG). Ce passage résume tout. C’est ma phrase préférée de la DPG.
L’approche axée sur les urgences et les réponses rapides à court terme est une logique de gestion qui permet, certes, de répondre à des besoins immédiats, mais elle a ses limites en termes d’efficacité, de durabilité et de cohésion à long terme. Le passage à une logique de planification à long terme et de vision globale est un impératif dans un contexte où la bureaucratie a montré ses limites.
L’accent trop mis sur les urgences favorise un traitement réactif, au lieu de prévenir les crises à venir. Ainsi, les budgets sont souvent alloués à des mesures temporaires, au détriment d’investissements dans des secteurs qui auraient pourtant permis de garantir une stabilité durable.
La DPG du Premier ministre Ousmane SONKO vient de dicter la voix à emprunter pour les 25 prochaines années. L’Agenda National de Transformation du Sénégal s’est paré d’une vision claire à long terme, en définissant des priorités stratégiques pour les prochaines décennies, qui déboucheraient sur un Sénégal SOUVERAIN, JUSTE et PROSPÈRE.
Cette vision est teintée d’objectifs ambitieux mais réalistes, car elle implique l’ensemble des acteurs sociaux, économiques et environnementaux dans la définition des grands projets nationaux.
Des politiques publiques plus cohérentes, plus efficaces et moins sujettes aux fluctuations des événements de l’actualité, voient le jour.
On n’est plus à l’ère de la rigidité administrative ou de l’enfermement dans des scénarios figés. Bien au contraire, cette vision du PM est flexible et évolutive. Elle est capable de s’adapter aux nouvelles informations et aux bouleversements externes. C’est un projet ambitieux et structurant, qui exige des investissements massifs et une gouvernance partenariale sur plusieurs années, voire plusieurs décennies. Cette approche privilégie des politiques d’investissements productifs, porteurs de transformations profondes et durables.
Cependant, pour réussir cette transition il est nécessaire de revoir les mécanismes de gouvernance, mais surtout, d’assainir notre administration.
LE SYSTÈME N’EST PAS ENCORE MORT.
En effet, il faut réformer l’état actuel de l’administration publique dont certaines pratiques semblent encore être influencées par les vestiges de l’ancien régime. Bien que ce dernier ait été officiellement déchu et que le nouveau pouvoir ait pris ses fonctions, il demeure des membres au sein des structures administratives qui continuent de faire prévaloir les habitudes et les comportements qui ont longtemps servi à déstabiliser les institutions et à compromettre l’efficacité du gouvernement.
Il est devenu évident, au sein de divers services, que certains fonctionnaires, plus attachés aux anciennes méthodes qu’à l’accomplissement de leurs devoirs vis-à-vis de la nation et du gouvernement actuel, persistent dans des pratiques susceptibles de nuire à l’ordre nouvellement établi. Ces actions, subtiles mais dangereuses, peuvent saper la confiance des Sénégalais.
Des exemples concrets de ces manœuvres (dénoncées quotidiennement par les citoyens) incluent des résistances ouvertes ou cachées à l’application de certaines directives venant du nouvel appareil étatique, des retards systématiques dans l’exécution des ordres, ainsi que la propagation de rumeurs et d’informations faussement alarmistes visant à fragiliser l’autorité de l’État. Ces comportements, bien que souvent difficiles à détecter, ont un impact réel sur le bon fonctionnement des institutions, du PROJET et la crédibilité du nouveau gouvernement.
Il faudrait, par des mécanismes rigoureux comme les audits déjà entamés dans certains services, assainir l’administration sans éroder les acquis de nos vaillants fonctionnaires, car malgré le fait qu’ils soient sous l’autorité des élus qui détiennent le pouvoir, les fonctionnaires restent indépendants et n’obéissent ( ou ne devraient obéir) à aucune forme de considération politique.
Toutefois, cela ne doit pas exclure le fait que l’administration soit contrôlée pour voir si ses décisions sont conformes à la Loi et répondent aux attentes des citoyens. L’idéal serait de promouvoir une administration collaborative mais indépendante, une administration qui sera forte et impliquée dans le mécanisme décisionnel.
Il est en effet important de prendre en considération le fait que les fonctionnaires représentent le socle technique sur lequel reposent les politiques publiques. Il urge donc de mieux les armer, en accélérant la loi sur la protection des lanceurs d’alerte et en donnant plus d’autonomie à l’administration. Ceci permettrait de mieux gérer le triptyque HIÉRARCHIE, INDÉPENDANCE et CONTRÔLE.
L’État comme organisation politique, a
inéluctablement besoin d’une administration à ses côtés afin de jouer un rôle d’exécution et d’encadrement. Avec une maitrise des procédés techniques et juridiques, les fonctionnaires assurent la continuité de l’Etat en voyant se succéder plusieurs régimes et en collaborant avec ces derniers dans le cadre de la gestion de la plus grande institution jamais inventée par l’homme : l’État.
Dans cette collaboration, il faut mettre en avant un patriotisme administratif qui se traduit par un devoir de loyauté envers l’État et ses institutions. Cela signifie que les fonctionnaires doivent agir de manière impartiale, honnête et transparente, en évitant toute forme de corruption ou de partialité qui pourrait nuire à l’intérêt général.
Voilà la clé du succès du PROJET.
Daouda MBAYE, Spécialiste des Politiques Publiques
Diplômé en Analyse des Politiques Publiques (Paris13 Sorbonne Cité)
Élève à l’École Nationale d’Administration Publique de Montréal (ENAP)
Daouda.atd@gmail.com
NB : le titre est de la rédaction