Kaolack

Arrestation de Moustapha Diakhaté : la CDS crie à l’arbitraire et accuse le pouvoir de dérive autoritaire

Les leaders de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS)
Les leaders de la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS)

Dans un communiqué virulent, la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS) dénonce l’incarcération de l’ancien parlementaire Moustapha Diakhaté pour « offense au chef de l’État » et accuse le régime de trahir ses promesses démocratiques.

La Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS) sort de sa réserve et tape du poing sur la table. Dans un communiqué publié le 15 juin à Dakar, la coalition regroupant plusieurs formations de gauche et progressistes s’insurge contre l’arrestation pour la seconde fois de Moustapha Diakhaté, ex-chef de cabinet du président Macky Sall, interpellé puis placé sous mandat de dépôt pour avoir traité certaines autorités de « gougnafiers ».

Pour la CDS, cette incarcération sonne comme une grave entorse à la liberté d’expression. « Il est tout de même curieux que dans notre pays, réputé démocratique et respectueux des droits et libertés, un citoyen puisse encore être mis en détention pour un mot ayant déplu au chef de l’État ou à son Premier ministre », fustige le communiqué signé par la Conférence des leaders. Et d’ajouter : « Son crime ? L’utilisation du terme gougnafiers pour qualifier les autorités qui auraient foulé aux pieds les normes protocolaires de la République. »

La sortie de la CDS prend une tournure très politique. Elle rappelle que les mêmes figures aujourd’hui au pouvoir, issues du Pastef, n’avaient de cesse, du temps de leur opposition, de dénoncer les lois liberticides, au premier rang desquelles l’article 80 du Code pénal, utilisé aujourd’hui contre Diakhaté. Le communiqué cite même Ousmane Sonko qui, dans ses envolées contre l’ancien régime, qualifiait cette disposition d’« hérésie juridique qui doit disparaître » et affirmait qu’« un dirigeant allergique à la critique ne doit même pas présider une famille ou un parti, a fortiori un État ».

Ce que la CDS considère comme un « reniement de plus » s’inscrirait dans une logique autoritaire grandissante. Elle parle sans détour de « ligne politique faite d’autoritarisme et de tyrannie », pointant une volonté manifeste d’« effacer journalistes, chroniqueurs et politiques opposés à la gouvernance » du Pastef. « La presse paie un lourd tribut », s’alarme la coalition, qui évoque une répression rampante visant à museler toutes les voix discordantes.

Dans cet appel à la mobilisation, la CDS ne se limite pas à dénoncer. Elle appelle les « forces démocratiques » à se lever pour faire bloc et défendre la République contre ce qu’elle qualifie d’« agressions quotidiennes » du régime en place. Une tentative de fédération des résistances pour faire face à une gouvernance qu’elle juge de plus en plus liberticide.

En exigeant la libération immédiate de Moustapha Diakhaté, la Confédération entend aussi poser un acte symbolique fort : celui de la résistance au nom de la liberté d’opinion et du respect des engagements démocratiques. Reste à voir si cet appel sera entendu au-delà du cercle des opposants classiques.

Abdoulaye NDIAYE

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