Sénégal

Sécheresse dans le Nord : 245.000 personnes en situation de famine à Podor, Matam, Kanel et Ranérou

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Matam

Le Sénégal fait face à sa troisième sècheresse au cours des six dernières années, après les épisodes de 2011 et 2014. Cette fois-ci, les conséquences des faibles précipitations affectent les départements de Podor, Kanel, Matam et Ranérou, où 245.000 personnes sont sans nourriture, c’est ce que rapporte un communiqué de l’Ong Action contre la faim, publié hier. Pour les aider, les familles les plus démunies reçoivent sept euros par personne et par mois.

L’alerte lancée, en mai dernier, par l’Organisation des Nations-Unies était plus que fondée : la faim est vraiment présente au Sénégal. Selon un communiqué de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Action contre la faim, publié lundi, plus de 245.000 personnes sont sans nourriture dans les départements de Podor, Kanel, Matam et Ranérou. «La conséquence de la sècheresse a été une augmentation de l’insécurité alimentaire ; les familles vivant en situation de stress assez forte de nourriture», selon le directeur d’Action contre la faim au Sénégal.

Selon les calculs effectués par Action contre la faim, à Podor, l’un des départements touchés, les précipitations saisonnières ont diminué de 66% en 2017. Cela a provoqué l’épuisement des pâturages, rallongeant du coup la durée de la transhumance, qui passe à six mois. Aussi, souligne le document, la faible production des pâturages dans la bordure de la vallée du fleuve Sénégal, entre la Mauritanie et le Sénégal, «est l’une des plus alarmantes de toute l’Afrique de l’Ouest cette année et la situation rappelle celle qui a suivi la grave sècheresse que la région a connue en 2011».

Affrontements entre agriculteurs et éleveurs

A en croire Action contre la faim, la sècheresse a réduit la superficie des terres disponibles. Ce qui a augmenté les affrontements entre agriculteurs et éleveurs qui se disputent les champs fertiles qui restent. En outre, ce problème ajoute un risque accru de propagation de maladies parmi les animaux et, par conséquent, une réduction de la production de lait et de viande. «Ce n’est pas une crise soudaine. Nous remarquons depuis novembre le manque de pâturages, ce qui a occasionné des transhumances de milliers d’éleveurs», explique Carbonne.
Face aux signes d’une crise aigüe, les Nations-Unies ont appelé début 2018 les donateurs internationaux à mobiliser 1,47 milliard de dollars pour couvrir les besoins les plus urgents de 13,4 millions de personnes, au Sénégal et dans le reste du monde. Les autres pays du Sahel qui souffrent de cette crise alimentaire sont le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger. En juin 2018, seuls 26% du financement avaient été reçus. Le Sénégal, en particulier, a atteint 16,8 millions, soit 22% des besoins.

7 euros par personne et par mois distribué aux familles

En guise de réaction, Action contre la faim a lancé avec le gouvernement et le Programme alimentaire mondial (Pam) un programme à l’intention de 2150 ménages à Podor et à Matam. «Nous avons effectué vers des familles un transfert monétaire similaire à une protection sociale : un montant de sept euros par personne et par mois, multiplié par le nombre de membres de la cellule familiale», a expliqué Fabrice Carbonne à ce propos.

De la farine enrichie à base de céréales locales avec des suppléments nutritionnels distribuée aux enfants âgés de 6 à 59 mois

Ce sont les mères qui reçoivent l’argent chaque mois pour couvrir leurs dépenses alimentaires en juin, juillet et août. En outre, les familles avec des enfants âgés de 6 à 59 mois ou avec des femmes enceintes ou allaitantes reçoivent une farine enrichie à base de céréales locales avec des suppléments nutritionnels (minéraux et vitamines). «Jusqu’en septembre, nous ferons trois distributions pour garder une trace des enfants atteints de malnutrition aigüe, afin d’éviter le nombre maximum de cas», a déclaré Carbonne.

Sidy Djimby NDAO (Les Échos)

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