Relations entre Baye Niass et le Nigéria : la Fayda au pays des Haoussas
Entre Cheikh Ibrahima Niass Baye et le Nigéria, c’est une histoire d’amour. Le fondateur de la Fayda Tidjania a de tout son vivant fait de ce pays de l’Afrique de l’ouest son pays adoptif, le Nigéria lui à rendu en accumulant le plus grand nombre de Talibé Baye Niass dans le monde. Cheikh Ibrahima Niasse est un des nombreux khalifes de la communauté Tidiane du Sénégal. La localité de Médina Baye qu’il a crée un vendredi 03 Avril 1931 est devenue un foyer ardent de la Tidianya où viennent se ressourcer des fidèles musulmans de tous les horizons. Educateur hors-pair, ses enseignements ont traversé les frontières et poussent des milliers de personnes à faire le déplacement lors de la commémoration du Gamou pour se recueillir au mausolée du maitre de la Fayda Tidiane. Parmi ces communautés qui se ruent vers Médina Baye, les Haoussa, Yorouba, Djerma, Bambara, Dogomba, Frafra, Malinké, Peul, Maure, Soninké, Wolof, Sérer, Mossi, Arabe, Berbère, Soudanais, Soussou, Dogon, Diola, Dioula, mais aussi Américains, Chinois, Japonais, Français, Anglais, Pakistanais et même des Russes des populations du Nigéria, un pays où le saint homme compte plus de 60 Million de Talibés.
En ces temps de Mawloud, votre site vous propose de revisiter les relations qui lient Cheikh al Islam et les Nigérians.
En fin 1929-début 1930, alors que la crise économique qui venait d’éclater aux Etats-Unis, commençait à gagner le reste de la planète, Baye Niass déclara à la face du monde qu’il était ce saint annoncé par Mawlana Cheikh Ahmed Tidiane, comme son propre héritier et le seul habilité à propager la fayda décrite par Aboul Abbas en ces termes : « l’effluve viendra avec un de mes disciples à tel point que les hommes entrent dans notre voie (tarîqa) par groupes, par peuples. Cette fayda adviendra à un moment où le monde éprouvera de grandes difficultés ». Selon Baye Niass, « la sagesse de l’apparition de cette Fayda à cette époque pervertie s’explique par la faiblesse de la foi dans le cœur des hommes et par la multitude des voies perverses et perdantes. Or cette communauté islamique est une communauté vénérable auprès de Dieu et alors fut ouverte et déversé vers eux, l’effluve des connaissances gnostiques et des vérités essentielles pour qu’ils retournent à la source de la foi naturelle. C’est cette impulsion née en à Kaolack en pleine crise économique qui s’est expédié partout dans le monde et surtout au Nigéria qui reste jusqu’à le premier foyer des Talibés Baye à travers le globe.
Toutefois son audience reste limitée jusqu’en 1937, année où il effectue son premier pèlerinage à la Mecque et y rencontre l’émir de Kano, Abdoulahi Bayero qui renouvelle son affiliation à la Tijaniyya auprès de lui et l’invite à Kano. Il y obtient l’adhésion de la majorité des oulémas de la Tijaniyya qui, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale se font les moteurs de l’expansion de son mouvement dans toute l’Afrique de l’Ouest. À la mort de l’émir Abdoulahi Bayero en 1953, son fils Mouhamed Sanuss lui succède et renforce ses liens avec Cheikh Ibrahima Niasse. À la fin des années 1960, grâce à ses appuis politiques, le zèle de ses disciples nord-nigérians, son action éducative, le zèle de son prosélytisme, il se trouve à la tête d’une communauté transnationale de plusieurs millions de membres répartis entre le Nord Nigéria, lieu par excellence de son rayonnement, le Ghana, le Niger, le Togo, le Liberia, la Sierra Leone, le Tchad, le Cameroun, la Gambie, la Mauritanie et la région du Sine-Saloum à l’ouest du Sénégal. Selon Mervyn Hiskett, « il n’y a aucun doute que son mouvement était la plus grande organisation musulmane en Afrique de l’Ouest à la fin de la période coloniale ».
En effet c’est en 1946 que Cheikh Ibrahima NIASS fit un bref séjour au Nigéria et y éleva au rang de muqaddam l’Emir et ses 40 ministres dont Malam Jibirma, Malam Atiku, Malam Tidjâni Uthman, Malam Sani Kafanga, Abdallahi Salga et Uthman Khalan Sawi. Ce geste galvanisa les disciples nigérians et le mouvement né en 1937 commença à s’amplifier.
Baye Niass reviendra dans ce pays en 1951 et, sous sa bannière, des centaines d’oulémas adhérèrent à la Tidjâniyyâ. Ses nouveaux et prestigieux disciples se lancèrent à l’expansion de la confrérie dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Quand, en 1953, disparut l’Emir, son fils et successeur Muhammad Sanusi (1900-1963), devint le porte-flambeau du mouvement qu’il renforça par le recrutement de milliers de disciples. Déjà en 1956, au Nigéria, 15 millions de fidèles se réclamaient de l’obédience d’El Hadj Ibrahima NIASS. Aujourd’hui, de par le monde, ils sont quelque 100 millions à travers la planète.
La Mauritanie aussi
Outre le Nigéria, le Bénin, le Cameroun, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Libéria, la Mauritanie, le Niger, la Sierra-Léone, le Soudan, le Togo et le Tchad, d’autres pays et régions du monde ouvrirent leurs portes à la Fayda et, ipso facto, de son temps, Baye devint le chef spirituel musulman dont l’audience est la plus large et la plus solide.
Cheikh Hady ould Mawlûd Fâl est grand savant de la Mauritanie, héritier de la lignée de Mouhamed Al-Hafiz, propagateur de la Tariqa en Afrique Noire et disciple Cheikh Ibrihima Niass, avait l’honneur de venir initier au mysticisme, les disciples lointains de Kaolack, qui n’avaient pas accès à Cheikh Ibrahima Niass. C’est ainsi qu’il vint à Kumasi se charger de l’éducation spirituelle des gens qui prenaient de plus en plus la tariqa tijâne, suite à la propagation de l’apparition du maître de Kaolack. Pendant que Makkaranta faisait l’initiation à Kaolack, Cheikh Hady, de son côté à Kumasi, s’occupait des autres.
Pour illustrer cela, l’assemblée des tijânes de Kumasi, a réuni dans un poster l’essentiel des photos des grands savants sous l’ombrage des photos de Cheikh Ibrahim, Cheikh Aliou Cissé et de Cheikh Hady, pour signifier le rôle Ô combien important de ce dernier.
Le Ghana également
Incontestablement, Sheikh Baba Makkaranta est le pionnier de la Faydha Tijaniyya au Ghana et Kumasi en devient aussi son foyer original. Après la fameuse percée de Cheikh Ibrahima Niass au Nigéria, suite à son pélerinage en 1937, les Nigériens prirent la bonne habitude de faire leur ziarra au Cheikh à Kaolack par voie terrestre. Ils traversaient naturellement le Togo, le Ghana, le Burkina Faso et le Mali. Sheikh baba Makkaranta, de Kumasi, mis au courant de l’avènement du Sheikh Suprême, se mit à les suivre. A son départ, Sheikh Ibrahim Backo lui donnait une somme d’argent pour sa ziarra, ne pouvant pas partir lui même. Il fut ainsi le premier à faire l’initiation mystique (tarbiyya) directement à Kaolack. Il devint de ce fait l’élève direct de Cheikh Ibrahima Niass au Ghana. Cela lui conférera plus tard la place de Khalif au Ghana. Dans ce pays, les Talibés de Baye Niass sont estimés à des millions.
Premier chef religieux ouest-africain à établir des contacts avec les organisations islamiques internationales, Cheikh Ibrahima Niasse a été membre fondateur et vice-président de la Ligue mondiale islamique basée à la Mecque, membre de l’Académie de recherches de l’Université al-Azhar et vice-président de la Conférence mondiale islamique dont le siège est à Karachi.