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Présidentielle 2019 : Karim Wade et Khalifa Sall posent l’avant-dernier acte avant le grand combat

Karim Wade Khalifa Sall
Karim Wade - Khalifa Sall
Sauf avis défavorable du Conseil constitutionnel aux fins d’annihiler leurs derniers espoirs de participer à ces élections, Khalifa Sall et Karim Wade ne sont pas près de renoncer à se frotter à Macky Sall pour les élections de février. Ils ont sous une forte mobilisation de leurs militants et responsables respectifs, déposé leurs déclarations de candidature et les fiches de parrainages hier au siège du Conseil constitutionnel.

Ce n’est pas aujourd’hui que le pouvoir se départira des candidatures de Karim Wade et de Khalifa Sall. En dépit des menaces de forclusion du fait de leurs situations respectives (Ndlr : l’un au Qatar et l’autre en prison), ils continuent de garder espoir. Hier, ils ont même déposé et leurs déclarations de candidature et le nombre de parrains.

Khalifa Sall a déposé 66.820 parrains 

C’est la coalition Taxawu Senegaal Ak Khalifa Ababacar Sall de l’ancien maire de Dakar qui a été la première à faire face aux services des juges du Conseil constitutionnel. Ensuite, le Pds avec la coalition Karim Président. Toutefois, il faut dire que même si les deux coalitions, qui avaient battu le rappel des troupes, ont pu déposer, sans le moindre problème, leurs plénipotentiaires ont encore émis des doutes quant à la transparence des élections.

Babacar Thioye, interpellé au sortir du Conseil constitutionnel, sur un rejet de la candidature de Khalifa Sall, dit que le pouvoir de Macky Sall a le choix entre persévérer dans la lâcheté, en assumer les conséquences et savoir raison garder et accepter que le jeu démocratique se déroule normalement et qu’à l’issue du scrutin, le peuple sénégalais souverain se choisisse les dirigeants  qu’il veut qu’ils conduisent les destinées de ce pays. «C’est une question de responsabilité et nous, nous prendrons nos responsabilités, quel que soit le cas de figure», a prévenu Babacar Thioye Bâ, qui a révélé avoir déposé au nom du candidat Khalifa Sall 66.820 parrains.

Avis au Ministère de l’Intérieur, la Cena et le Cnra : «Khalifa Sall doit exercer la plénitude des droits liés à son statut de candidat. Il doit pouvoir battre campagne, utiliser son temps d’antenne et voter…»

Toutes choses qui lui font dire que, désormais, la seule chose qui l’intéresse, c’est de préparer les équipes pour la campagne électorale et finaliser le projet que le candidat va présenter aux électeurs. «Ce qui se passe au niveau de la justice ne nous intéresse point. Nous avons notre agenda qui n’est pas celui de l’agenda politico-judiciaire de Macky Sall et de son régime», a dit Babacar Thioye Bâ. Avant d’ajouter : «nous, notre agenda, il est conforme aux dispositions du code électoral. Il est conforme à l’ambition que nous avons pour ce pays. C’est cela qui nous occupe et c’est cela qui nous préoccupe. Le reste, c’est de la diversion, des balivernes et c’est sans intérêt pour le peuple sénégalais. Mais c’est surtout que le ministère de l’Intérieur, la Cena et le Cnra prennent dès à présent les dispositions nécessaires pour permettre à Khalifa Ababacar Sall d’exercer la plénitude des droits liés à son statut de candidat. Il doit pouvoir battre campagne. Utiliser son temps d’antenne et voter comme tous les citoyens sénégalais inscrits sur les listes électorales. C’est cela le sujet, tout le reste n’est que balivernes, venant de gens qui pensent qu’en le disant, ils confortent Macky Sall».

«Nous avons déposé tous les documents qui étaient demandés»

Omar Sarr, accompagné de Mamadou Diop Decroix pour le compte de Karim Président, ne dit pas autre chose. Dans la même lancée que les socialistes, le mandataire de Karim Wade au Conseil constitutionnel, hier, a invité l’Etat à savoir raison garder. Omar Sarr dit en effet qu’il n’y a nulle part où l’on exige du candidat un casier judiciaire vierge.

«Nous avons déposé tous les documents qui étaient demandés. Tous les documents…il n’y a pas un seul qui manque. On a demandé un certain nombre de documents, nous les avons tous donnés. Il y a deux dossiers sur lesquels les gens s’attardent : c’est le dossier concernant la copie de la carte d’identité Cedeao et le dossier concernant le casier judiciaire. Pour le casier judiciaire, nulle part dans la loi sénégalaise, on a demandé des casiers judiciaires vierges. On a dit de déposer des copies du casier judiciaire…Dans le casier judiciaire de Karim Wade, il apparaît, c’est vrai, cette condamnation politique due à la Crei. Ça nous l’avons relevé. Mais aussi la Crei a dit, redit et écrit que Karim Wade, malgré ses condamnations, gardait tous ses droits civiques, politiques».

Karim Wade a déposé 66.820 parrainages 

Et Omar Sarr de révéler : «l’autre, c’est la carte d’identité. Karim a reçu sa carte d’identité. Nous n’avons jamais demandé qu’on nous donne une carte d’identité avec la mention qu’il est inscrit sur les listes électorales. Ils (les gouvernants) ne voulaient pas nous donner sa carte d’identité et c’est ça que nous demandions. Le ministre avait refusé, au début, comme si Karim n’était pas un Sénégalais. Maintenant, pour ce qui est des inscrits et non inscrits, c’est une question qui se pose. Voilà ce que dit la loi sénégalaise : ‘’pour être député, on dit qu’il faut être électeur inscrit. Pour être candidat à l’élection présidentielle, être électeur. Pas électeur inscrit pour l’élection présidentielle’’. Pour nous donc, la candidature et l’inscription sur les listes électorales ne sont pas liées. Nous avons déposé et nos données sont à l’intérieur sans aucune sécurisation. On a déposé nos 66.820 parrainages dans des classeurs et puis, ils ont attaché ces classeurs et nous les avons laissés là-bas. Notre clé USB aussi a été copiée sur un disque dur et nous savons comment les choses se passent. Ils ont quand même d’autres moyens de récupérer le fichier. On n’a pas du tout confiance», a confié Omar Sarr.

Madou MBODJ – Les Echos 

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