Politique

Marche du front de résistance nationale : l’opposition réussit une démonstration de force, les «Karimistes» remportent encore la palme de la mobilisation

Marche manifestation de l Opposition
Marche de l'opposition

Les partis de l’opposition sénégalaise regroupés au sein du Front de résistance nationale (Frn) ont manifesté, à travers les rues de Dakar, pour exiger une élection «juste, transparente et démocratique». Pour une marche, à cinquante-huit jours de la Présidentielle du 24 février 2019, Mamadou Diop Decroix et ses camarades ont, une nouvelle fois, démontré leur capacité de mobilisation.

Il a fallu pas moins de 15 minutes pour que la queue de la foule rejoigne le rond-point du boulevard Centenaire, à l’angle de la rue 25 de la Médina, point de chute de la marche, après l’arrivée des premiers manifestants. Un fait qui démontre à lui seul la forte mobilisation lors de la marche des partis de l’opposition regroupés au sein du Front de résistance nationale (Frn). C’est à 16 heures 30 minutes passées, hier, que s’est ébranlée la vague blanche, couleur des t-shirts que tous ou presque portaient le temps de la manifestation politique.

«Macky Sall dictateur !», «Karim Day Bokk (Karim sera de la course) !», «Aly Ngouille Ndiaye dégage !», «Sages du Conseil constitutionnel le peuple vous jugera !»…, pouvait-on lire sur les pancartes fièrement brandies par des centaines de militants. Les mêmes slogans qu’ils scandaient tout au long de l’itinéraire de la marche qui, après avoir quitté l’avenue du Président Habib Bourguiba, a défilé le long du Boulevard Dial Diop.

Une forte mobilisation qui, comme c’est le cas depuis quelque temps, lors des manifestations de l’opposition, a une nouvelle fois été dominée par les «Karimistes». Néanmoins, dans la vague blanche, certaines formations ont réussi à exister. C’est le cas des Orange de Rewmi, des pro-Khalifa Sall, des militants des Pastef, des partisans du Pur ou encore ceux du Grand Parti… Dans cette ambiance, les supporters du fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, plus nombreux, ont dicté leur loi à leurs camarades de l’opposition, qui n’avaient que leurs yeux pour constater la suprématie des «jaune et bleu».

Plus nombreux, les «Karimistes» ont également remporté la bataille du positionnement, en s’adjugeant les places à l’avant du cortège que chaque groupe de militants voulait occuper. C’est dans ces circonstances que la marche a pris son départ, quittant le Casino Liberté, sur l’avenue Bourguiba, direction le rond-point du Boulevard centenaire faisant angle avec la rue 25 de la Médina. En cours de route et à chaque coin de rue, des dizaines de manifestants venaient s’ajouter à la foule déjà très nombreuse.

Souvent accélérée, souvent décélérée mais toujours avec l’enthousiasme du militant engagé, la vague de manifestants réussit à atteindre la mythique place de la Nation (ex Obélisque) après quelques quarante-cinq minutes de marche. Là une pose est observée «pour permettre aux leaders – largués par le convoi – de rejoindre les premières lignes de la foule», explique un militant qui contenait ses camarades qui débordaient du mouvement.

Après plus d’une quinzaine de minutes à attendre, les policiers encadreurs de la marche décident de relancer la machine, mais c’était sans compter avec la détermination des manifestants, qui se sont aussitôt étalés sur le bitume pour marquer leur opposition. «Nous ne bougerons pas d’ici tant que les responsables ne sont pas là», pestent certains manifestants, parmi les plus déterminés.

Quelque temps après, la marche a repris de plus belle et sans heurt jusqu’à l’arrivée de Mamadou Diop Decroix. En effet, voulant rejoindre la foule, le leader d’And-Jëf/Pads a été brièvement secoué par les policiers alors qu’il tentait de franchir le «mur» établi par les limiers devant les manifestants. Connu pour son engagement pour les libertés, le gauchiste a insisté en forçant le passage. Les policiers, du moins très corrects pendant la manifestation, ont fini par obtempérer après l’intervention de leur supérieur qui leur demande de ne pas céder à la tentation.

Le bref accrochage passé, les marcheurs ont repris leur procession, quittant la place de Nation pour le rond-point de la rue 25 de la Médina, point de chute de la marche. Sur place, les rares leaders présents sur les lieux se sont adressés à la foule. Le message est le même : faire obstacle à la volonté de Macky Sall, pour des élections justes transparentes et démocratiques.

Sur place une scène s’est déroulée et a sans doute fait frissonner certains qui étaient proches du podium où les leaders étaient alignés. En effet, alors qu’il s’apprêtait à prendre la parole, Thierno Bocoum a été surpris par les appels de cœur de ses anciens camarades rewmistes, qui l’invitent à revenir dans le parti. «Thierno rentre à la maison», ont-ils scandé à l’endroit du leader d’Agir qui, touché par la marque d’affection de ses anciens camarades de parti, a levé la main pour les saluer, son visage traversé par un grand sourire, comme pour marquer sa sensibilité vis-à-vis de l’invitation de ceux avec qui il a partagé plusieurs années de compagnonnage et d’engagement politique.

 

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