Afrique : que deviennent les présidents africains après le pouvoir?
Joseph Kabila, président de la RDC de 2001 à 2018
Les électeurs congolais sont allés aux urnes dimanche pour une élection qui se présente comme la première transition démocratique du pouvoir dans le pays. Après 17 ans passés à la tête du pays, Joseph Kabila envisage de se reposer dans sa ferme de Kingakati dans la périphérie de Kinshasa, la capitale du pays.
Avant lui, d’autres chefs d’Etat africains ont quitté le pouvoir mais ils ont eu des fortunes diverses après leur règne.Certains sont contraints à l’exil, d’autres ont été emprisonnés et d’autres plus chanceux ont pu se reconvertir.
Voici une liste de ce que font certains anciens dirigeants.
Ellen Johnson Sirleaf, présidente du Libéria de 2006 à 2018
C’est est la première femme élue au suffrage universel à la tête d’un État africain. Économiste formée aux États-Unis, elle a dirigé son pays pendant 12 ans. Mme Sirleaf est aussi Prix Nobel de la paix en 2011 et la lauréate 2017 du prix Ibrahim.
Son leadership exceptionnel ainsi que sa capacité à redresser un pays dévasté par de nombreuses années de guerre civile et confronté à des défis sans précédent et renouvelés, ont été salués. Elle a récemment publié une tribune dans laquelle elle exhorte les vieux chefs d’Etats africains à céder le pouvoir à la jeune génération.
En novembre 2017, Mme Sirleaf envisageait de prendre une retraite paisible après ses deux mandats : « J’espère prendre une retraite honorablement et participer activement à la vie privée dans l’intérêt du Libéria et de l’Afrique », a-t-elle dit ajoutant qu’il y a une vie après la retraite.
Alpha Oumar Konaré, président du Mali de 1992 à 2002
Alpha Oumar Konaré, né le 2 février 1946 à Kayes au (Mali) a été président de la République de 1992 à 2002. En 2002, conformément à la Constitution malienne qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux, il cède le fauteuil présidentiel à Amadou Toumani Touré.
Un an plus tard, il est élu en juillet 2003, président de la Commission de l’Union africaine (UA) par les chefs d’États africains réunis au sommet de Maputo, un poste qu’il quitte en 2008.
Le Gabonais Jean Ping lui succède. Alpha Oumar Konaré vit dans son pays, le Mali, depuis sa retraite à l’UA. Il reste un observateur et une figure respectée de la scène politique malienne.
Pédro Pires, président du Cap-Vert de 2001 à 2011
Pédro Pires a dirigé le Cap-Vert pendant 10 ans aux débuts des années 2000. Auparavant, il a été Premier ministre de 1975 à 1991.Leader du Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV), M. Pires est un vétéran de la lutte contre la colonisation portugaise en Guinée-Bissau et au Cap Vert.
Le Prix Ibrahim 2011 pour le leadership d’excellence en Afrique lui a a été décerné pour son engagement en faveur de la démocratie et de la gouvernance, notamment son refus de se représenter à la fin de son second mandat présidentiel, en écartant catégoriquement toute suggestion de modifier la Constitution à sa guise.
Après avoir dirigé le Cap-Vert, Pédro Pires coule des jours tranquille à Praia.
Il anime des conférences à travers le continent et mène des missions d’observation électorale et participe à des colloques à l’échelle internationale.
Olusegun Obasanjo, président du Nigéria 1976 à 1979 puis de 1999 à 2007
Né en 1937, Olusegun Obasanjo est un militaire et homme d’État nigérian, originaire de la ville d’Abeokuta, dans l’État d’Ogun. Il a dirigé le Nigéria à deux reprises de 1976 à 1979 puis de 1999 à 2007. A la fin de sa présidence, il mène une vie active sur le plan international.
Médiateur apprécié dans son pays comme à l’étranger, il est souvent sollicité pour des missions. En novembre 2008, Obasanjo est nommé envoyé spécial de l’ONU chargé de la crise congolaise entre les troupes gouvernementales de Joseph Kabila et la milice du CNDP de Laurent Nkunda.
En 2017, il a joué le rôle de médiateur entre les Ivoiriens Alassane Ouattara et Guillaume Soro, au plus fort des tensions entre les deux hommes. Il est devenu opérateur économique avec sa ferme de poulet dénommée Obasanjo Farms.
Pierre Buyoya, président du Burundi de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003
Pierre Buyoya, né en 1949 à Rutovu dans la province de Bururi est un officier et homme d’État burundais.
Il a dirigé deux fois le Burundi de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003.
Pierre Buyoya a également été président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) et de l’Organisation du bassin de la KAGERA.
Après sa présidence, il mène une vie active sur le plan international.
Pierre Buyoya est observateur pour plusieurs élections en Afrique pour le compte de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
En 1994, il est observateur des premières élections depuis la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
En avril 2004, il assiste aux élections législatives en Guinée-Bissau, puis, en tant que chef des observateurs, aux élections présidentielles de Guinée-Bissau en juillet 2005, aux élections générales de la République démocratique du Congo en juillet et octobre 2006 et aux élections législatives et présidentielles de Mauritanie en novembre 2006 et février et mars 2007.
L’OIF le nomme chef d’une mission politique en République centrafricaine pour promouvoir le dialogue politique en août 2007 et un an plus tard, chef d’une mission d’information en Mauritanie, juste après le coup d’État intenté contre le président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi.
Le 25 octobre 2012, il est nommé haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, pour la résolution de la crise au Mali.
Abdou Diouf, président du Sénégal de 1980 à 2000
Homme d’État sénégalais, Abdou Diouf a dirigé son pays pendant près de 20 ans.
En 1970, à la suite d’une révision constitutionnelle, il est nommé, à 35 ans, Premier ministre par le père de l’Indépendance du pays, Léopold Sédar Senghor. Il occupera cette fonction pendant 10 ans.
Battu par Abdoulaye Wade en 2000 au cours de la première transition démocratique du pouvoir dans le pays, il félicite son rival et se retire de la vie politique locale. Mais sur le plan international, un grande carrière internationale lui ouvre les bras.
Il devient secrétaire général de la Francophonie, chapeautant ainsi l’ensemble des institutions et opérateurs des pays ayant le français en partage: l’Organisation internationale de la Francophonie, TV5 Monde, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, l’Agence universitaire de la Francophonie et l’université Senghor d’Alexandrie.
Il dirige l’OIF de 2003 à 2015. Depuis sa retraite en 2015, il coule des jours tranquilles entre Paris et Dakar. Depuis son départ du pouvoir en 2000, Abdou Diouf s’est éloigné de la politique et observe une position de neutralité et de réserve.
Mwai Kibaki, président du Kenya de 2002 à 2013
Mwai Kibaki, né le 15 novembre 1931 à Gatuyaini, est un homme d’État kenyan. Il a dirigé son pays de 2002 à 2013 année durant laquelle l’actuel président Uhuru Kenyatta lui succède.
Auparavant, il a été vice-président de la République de 1978 à 1988. A 87 ans, il vit une retraite paisible dans son pays. Il y a récemment été hospitalisé.
En prison
Laurent Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010
Laurent Gbagbo, né en 1945 à Gagnoa, est un homme d’État, historien et écrivain ivoirien. Il a dirigé son pays de 2000 à 2010 après plusieurs années de lutte dans l’opposition. Longtemps opposant à Félix Houphouët-Boigny, il est élu pour un mandat de cinq ans en 2000, face à Robert Guéï.
Son mandat est marqué pendant plusieurs années par une crise politico-militaire qui coupe le pays en deux. L’élection présidentielle de 2010, qu’il a repoussée à six reprises, l’oppose à Alassane Ouattara. A l’issue de ce scrutin, il est considéré comme battu par la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale, mais déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel.
Il refuse alors de quitter le pouvoir, ce qui entraîne une crise de plusieurs mois. Il est finalement arrêté par les forces rebelles d’Alassane Ouattara avec l’appui de la France le 11 avril 2011 et incarcéré à la Cour pénale internationale à La Haye depuis le 30 novembre 2011.
Hissène Habré, président du Tchad de 1982 à 1990
Hissène Habré est un militaire tchadien né en 1942 qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990. Il avait pris le pouvoir à la suite du coup d’État qui renverse Goukouni Oueddei. Il l’a perdu aussi à la faveur d’un coup d’Etat mené par l’actuel président Idriss Deby.
Condamné à mort par contumace pour crimes contre l’humanité par un tribunal de Ndjamena, Hissène Habré se réfugie au Sénégal. Il y est inculpé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture.
Son procès à Dakar en 2015, est la première utilisation de la compétence universelle sur le continent africain. Il est condamné à la prison à perpétuité en appel en 2017 et purge sa peine dans une prison sénégalaise.
Mohamed Morsi, président de l’Egypte de 2012 à 2013
Né en 1951, Mohamed Morsi a dirigé l’Egypte pendant une année. Il est le premier président élu démocratiquement en Égypte et le premier civil à occuper ce poste. Il est investi cinquième président de la République arabe d’Égypte le 30 juin 2012.
Soutenu par les Frères Musulmans, Mohamed Morsi est renversé par un coup d’État organisé par l’armée, le 3 juillet 2013, à la suite d’un vaste mouvement de protestations populaires. Le 18 juin 2016, il est condamné à la prison à vie, une peine qu’il purge en prison.
En exil
Yahya Jammeh, président de la Gambie de 1994 à 2017
Yahya Jammeh, né en 1965 à Kanilai, est un officier et homme d’État gambien qui a dirigé ce petit pays niché au cœur du Sénégal de 1994 à 2017. Il accède au pouvoir après un coup d’Etat contre Dawda Jawara. En décembre 2015, il proclame l’islam comme religion d’État et la Gambie comme une république islamique.
En Décembre 2016, Yahya Jammeh est battu à l’élection présidentielle par son rival Adama Barrow. Il refuse de céder le pouvoir, proclame l’état d’urgence et obtient la prolongation de trois mois de son mandat par l’Assemblée nationale. Néanmoins, devant la pression internationale, il quitte le pouvoir le 21 janvier 2017 sous la menace d’une intervention militaire.
Depuis, il vit en exil en Guinée Equatoriale mais certains de ses compatriotes exigent son rapatriement pour qu’il soit jugé.
Zine El Abidine Ben Ali, président de la Tunisie de 1987 à 2011
Né en 1936 à Hammam Sousse, Zine El Abidine Ben Ali est un homme d’État tunisien.
Il dirige ce pays d’Afrique du Nord du 7 novembre 1987 au 14 janvier 2011 à la suite de mouvement populaire connu sous le nom de « Printemps arabe » . Responsable au sein de l’armée et de la sûreté nationale, il devient ministre de l’Intérieur puis Premier ministre.
Avec la maladie du président Habib Bourguiba, il en profite pour le déposer « pour raisons médicales » et lui succède en sa qualité de dauphin constitutionnel. Le 14 janvier 2011, il abandonne son poste de président de la République pour se réfugier à Djeddah, en Arabie saoudite où il réside dans un palais avec sa femme.
L’Arabie saoudite refuse de les extrader et met du personnel et des gardes du corps à leur disposition.
Jusqu’au 15 mai 2018, le total des peines prononcées à l’encontre de Ben Ali par des tribunaux tunisiens atteint cinq condamnations à perpétuité et plus de 200 ans de prison.
Blaise Compaoré, président du Burkina Faso de 1987 à 2014
Blaise Compaoré est un militaire et homme d’État burkinabé qui a dirigé son pays de 1987 à 2014.
Arrivé au pouvoir le 15 octobre 1987 à la suite d’un coup d’État contre Thomas Sankara, il est accusé d’être impliqué dans le meurtre de ce dernier. Élu président de la République en 1991 à la suite d’un scrutin contesté et boycotté par l’opposition, il est réélu en 1998, 2005 et 2010.
Le 31 octobre 2014, après 27 ans au pouvoir, il est contraint à la démission par un soulèvement populaire.
Depuis ce Burkinabè, né en 1951 à Ziniaré, ville située au nord de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, vit en exil en Côte d’ivoire, un pays qui l’a naturalisé en 2015.