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Afrique-Brésil : le continent salue le retour de Lula aux affaires

Le président brésilien Lula avec l'ancien président mozambicain Armando Guebuza à Maputo, capitale du Mozambique, le 9 novembre 2010
Le président brésilien Lula avec l'ancien président mozambicain Armando Guebuza à Maputo, capitale du Mozambique, le 9 novembre 2010. (BENOIT MARQUET / AFP)

Après quatre ans d’indifférence de Jair Bolsonaro envers l’Afrique, le retour de Luiz Inácio Lula da Silva à la présidence au Brésil a été généralement salué sur le continent comme annonçant un nouveau départ avec la plus grande économie d’Amérique latine.

Tel un phénix remontant du pays des morts, Lula, 77 ans, est sorti du désert politique pour achever un retour improbable qui a choqué le Brésil et le reste du monde.

Passé en prison d’avril 2018 à novembre 2019 en raison d’une condamnation pour corruption, le chef du Parti des travailleurs (PT) a réussi un retour fracassant dans le cœur et l’esprit de ses compatriotes grâce en grande partie à l’impopularité grandissante de sa course -off rival.

Lula avait servi deux mandats à la présidence du Brésil entre 2003 et 2010 au cours desquels les relations avec l’Afrique avaient été très élevées.

Dimanche, l’ancien métallurgiste a battu Bolsonaro au second tour de l’élection présidentielle avec 50,90% des suffrages valablement exprimés contre 49,10% pour le président sortant, qui était le candidat de l’extrême droite.

Depuis l’annonce des résultats, les réactions des dirigeants mondiaux se sont multipliées, y compris d’Afrique où la victoire de Lula est singulièrement saluée comme annonciatrice de meilleures relations avec le Brésil.

Le président sénégalais Macky Sall, qui est l’actuel président de l’Union africaine (UA), lui adresse ses « chaleureuses félicitations » et ses meilleurs vœux à l’homme politique latino-américain de gauche.

Le chef de l’Etat bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, félicite l’ancien syndicaliste et promet d’œuvrer pour des relations bilatérales solides entre le Brésil et son pays.

« L’Afrique est ravie de travailler avec le gouvernement brésilien sous la direction de M. da Silva », a déclaré le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui a félicité le peuple brésilien pour avoir traversé avec succès cette élection à haut enjeu et pleine de risques.

L’engouement pour le continent africain pour Lula manifesté à travers ses dirigeants, n’est pas anodin.

Au cours de son premier passage à la tête de la plus grande économie d’Amérique latine, Lula a montré un intérêt particulier pour l’Afrique, selon l’écrivain et analyste Khalifa Mohamed Touré.

Au cours des huit années de sa présidence, Lula a visité pas moins de 27 pays africains dont le Sénégal.

« Sa conception de l’économie sociale fait des émules sur notre continent », ajoute M. Touré qui s’attend à une redynamisation des relations afro-brésiliennes sur les plans diplomatique, économique et culturel maintenant que Lula est de nouveau aux commandes.

Surnommé « l’atout des tropiques », en référence à l’ancien président américain Donald Trump, le candidat brésilien défait Jair Bolsonaro n’a jamais mis les pieds en Afrique pendant ses quatre années à la présidence, préférant les pays de l’hémisphère nord.

Cependant, entre 2000 et 2010, les échanges commerciaux entre le Brésil et l’Afrique sont passés de 4 à 20 milliards de dollars.

Dès lors, le retour de Lula ne peut être qu’une bonne chose pour l’Afrique, estime Khalifa M. Touré.

Pourtant, la troisième élection du septuagénaire au Brésil s’inscrit dans un contexte de ruée vers l’influence en Afrique des puissances mondiales.

« Il est vrai que le Brésil a connu un boom économique depuis les années 1990, devenant une puissance économique. Il peut jouer son rôle, mais il lui sera difficile de s’affirmer d’un point de vue diplomatique et d’être aussi présent que des pays comme la France, et les Etats-Unis », souligne M. Touré.

Pour raviver la flamme presque éteinte entre son pays et l’Afrique, le président du Brésil nouvellement élu pourrait néanmoins profiter de « l’affection que Lula porte à l’Afrique notamment auprès des jeunes grâce à son intérêt pour la liberté, le panafricanisme et l’éloignement de l’Occident », analyse l’analyste.

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