Italie: déception et colère après la sanction maintenue contre Koulibaly
La Fédération italienne de football a décidé de maintenir les deux matches de suspension à l’encontre de Kalidou Koulibaly, le défenseur de Naples expulsé contre l’Inter Milan le 26 décembre après avoir essuyés des insultes racistes. Son club évoque « une grave défaite pour le football ». Et son président est à nouveau monté au créneau après la victoire obtenue contre la Lazio Rome.
La décision est tombée vendredi 18 janvier. Et elle a remis de l’huile sur un feu encore vivace en Italie. La Fédération italienne de football a examiné le « dossier Koulibaly ». Rappel des faits : le 26 décembre, à dix minutes de la fin du choc entre l’Inter Milan et Naples (1-0), le défenseur sénégalais Kalidou Koulibaly applaudit ironiquement l’arbitre et écope d’un second carton jaune, synonyme d’expulsion. Il prend ensuite deux matches de suspension. Or, son état de nervosité sur le terrain s’explique par des faits graves : de nombreux supporters de l’Inter lui ont lancé des cris à connotation raciste durant la rencontre. Des faits malheureusement récurrents en Serie A. La polémique s’empare alors de l’Italie.
« La loi prévaut »
Ce 18 janvier donc, la Fédération italienne était appelée à se prononcer sur l’appel interjeté par Kalidou Koulibaly à propos de sa suspension. Déjà absent le 29 décembre contre Bologne (3-2), le défenseur central espérait obtenir la clémence des instances pour pouvoir jouer ce dimanche 20 janvier contre la Lazio Rome (20e journée). Un espoir vain : son deuxième match de suspension a été maintenu.
La Cour d’appel a bien noté « l’ambiance inacceptable » qui régnait au stade Giuseppe-Meazza lors du fameux match contre l’Inter. Mais elle a estimé que cela « ne justifie pas qu’un athlète se moque de l’arbitre ». Elle a aussi indiqué ne pas vouloir qu’à l’avenir, une attaque raciste « soit utilisée pour justifier un acte de violence ». Le président de la Cour, Piero Sandulli, a exprimé sa solidarité envers le joueur, « mais la loi prévaut ».
Le joueur de Naples, Kalidou Koulibaly après sa sortie du terrain, le 26 décembre 2018. © REUTERS/Alberto Lingria
« Une humiliation pour le combat contre le racisme »
Une décision qui a ulcéré la SSC Napoli. Dans un communiqué, le club coaché par Carlo Ancelotti a dénoncé « une grave défaite pour le football », estimant que le football italien « a raté une grande opportunité de combattre le racisme ». Le porte-parole du club, Nicola Lombardo parle dans ce long courrier d’une « humiliation pour le combat contre le racisme mené par l’UEFA depuis de nombreuses années et que Naples a toujours soutenu ». « Des milliers de personnes (7 400 d’après le représentant fédéral sur le terrain) ont insulté Koulibaly parce qu’il est noir », rappelle-t-il.
« Lever la suspension de Koulibaly devait être fait, indépendamment de la réglementation, de la bureaucratie. En ne le faisant pas, c’est le football qui meurt. Parce que le football est par-dessus tout une affaire de passion, une passion qui unit des milliards de personnes dans le monde, une passion qui ne peut être moquée de cette façon. (…) Nous avons malheureusement la confirmation qu’il y a encore beaucoup à faire et beaucoup de choses à changer », poursuit le club napolitain.
L’Inter veut gommer son image, Naples gagne et chambre la Fédération
Samedi, l’Inter Milan, qui s’est vu infliger deux matches à huis clos après les incidents du 26 décembre, a lancé son opération anti-raciste baptisée « BUU » pour « Brothers Universally United » (« Frères universellement unis »). 11 000 écoliers ont été invités pour usivre le match de Serie A des Intéristes contre Sassuolo (0-0). « C’est une initiative qui démontre combien le club se préoccupe de certaines valeurs », a indiqué Giuseppe Marotta, le directeur général.
Ce dimanche 20 janvier, Kalidou Koulibaly, lui, était bien dans les tribunes du stade San-Paolo, pour purger son dernier match de suspension. Il n’a rien manqué de la performance de Naples contre la Lazio Rome (2-1). « Une victoire méritée et importante : bravo les gars », a-t-il tweeté en fin de soirée. Le Napoli occupe toujours la 2e place du championnat (47 points), derrière la Juventus (53 points) et devant l’Inter (40 points). Aurelio De Laurentiis, le président de Naples, a quand même adressé un message ironique aux instances après ce succès. Réputé pour ne pas avoir sa langue dans sa poche, le dirigeant a déclaré : « Je veux dédier cette victoire au juge Sandulli. »