Afrique

Dakar-Paris-Rome : le Vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio accuse la France d’appauvrir des pays africains dont le Sénégal

Luigi Di Maio Matteo Salvini
Luigi Di Maio , Matteo Salvini

C’est une affaire qui vient d’éclater en plein Union européenne et qui risque de faire des dégâts considérables sur les relations entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique. L’Italie est, en effet, décidé d’aider l’Afrique francophone à s’émanciper de l’ancien colonisateur qui, dans la réalité des faits, n’a quitté le continent. Rome, par la voix de son très jeune vice-président du Conseil des ministres a demandé à l’Union européenne de sanctionner les pays appauvrissent l’Afrique, « comme la France ».

C’est un sujet depuis longtemps entretenu par les plus panafricanistes qui, parce qu’ils ont critiqué la forme biaisée des rapports entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique, on fini d’être accuser de nourrir un « racisme à l’africaine ». Mais cette fois, c’est bien au sein de l’Union que vienne la plainte. L’Italie semble, en effet, ne plus pouvoir supporter de voir le voisin Français « continuer à piller l’Afrique ».

Tout est partie d’une sortie du vice-président du Conseil des ministres italien Luigi Di Maio. Le jeune dirigeant italien s’est prononcé pour l’instauration de sanctions contre les pays «qui ne décolonisent pas l’Afrique». Et sans mâcher ses mots, le dirigeant du Mouvement cinq étoiles indique qu’il s’agit, tout d’abord, de la France. Ainsi, il appelé l’Union européenne à instaurer des sanctions à l’encontre des pays qui, selon lui, «appauvrissent l’Afrique» et sont ainsi à l’origine de la crise migratoire.

« L’Union européenne devrait sanctionner la France et tous les pays qui comme la France appauvrissent l’Afrique et font partir ces personnes [les migrants, ndlr], parce que la place des Africains est en Afrique pas au fond de la Méditerranée», a-t-il déclaré dimanche, lors de son déplacement dans les Abruzzes, une région d’Italie située à l’est de la capitale italienne, Rome. Selon lui, «certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains». Di Maio estime également que la France qui «imprime une monnaie, le franc des colonies», dans «des dizaines de pays africains», finance ainsi sa dette publique.

«Si la France n’avait pas les colonies africaines, parce que c’est ainsi qu’il faut les appeler, elle serait la 15e puissance économique mondiale alors qu’elle est parmi les premières grâce à ce qu’elle est en train de faire en Afrique», a-t-il indiqué. Avant de conclure en annonçant «une initiative parlementaire du M5S dans les prochaines semaines», impliquant notamment le gouvernement et les institutions européennes, visant «à sanctionner tous les pays qui ne décolonisent pas l’Afrique».

Le chef de file du mouvement 5 Étoiles a toutefois nié être à l’origine d’un « incident diplomatique », en confirmant ses propos. « Je pense que tout cela est vrai. La France est un de ces pays qui, parce qu’il imprime la monnaie de 14 pays africains, empêche le développement et contribue au départ des réfugiés. Si l’Europe veut en ce moment avoir un peu de courage, elle doit avoir la force d’affronter le thème de la décolonisation de l’Afrique », avait-il déclaré.

Quelques heures seulement après la très ferme déclaration du vice-président du Conseil des ministres italien Luigi Di Maio, c’est le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini qui lui emboite le pas, critiquant durement le chef d’État français, qu’il considère comme un « très mauvais président ».

« Je suis proche, avec tout mon cœur et tout mon travail, du peuple français, de millions d’hommes et de femmes qui vivent en France avec un très mauvais gouvernement et un très mauvais président de la République », a posté Matteo Salvini dans une vidéo mise en ligne sur sa page Facebook. En France, cette déclaration faite au lendemain de la sortie de chef de file du Mouvement Cinq Etoiles est vu comme un « incident diplomatique » entre Rome et Paris. Et même si aucune réactions officielles n’a été notée du côté de l’Hexagone. À Paris, on estime que si la tension monte entre Rome et Paris, c’est avant tout pour des raisons de politique interne.

Il faut dire que l’Italie est le poil à gratter de la politique européenne, avec cette coalition présumée « rouge-brune » qui tendrait à démontrer la porosité entre l’extrême droite et l’extrême gauche. En effet, les chefs de file du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue Nord, malgré la proximité dans les déclaration, présentent de grandes divergences, qu’il continuent aujourd’hui encore de tenter de masquer.
Dans les faits, si la Ligue du Nord de Matteo Salvini assume des racines régionalistes et des relents xénophobes qui fleurent la droite radicale, le Mouvement 5 étoiles est moins un parti de gauche traditionnelle qu’un « attrape-tout » idéologique, mélange de populisme antisystème, d’euroscepticisme et de position antimondialiste.

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