Vague d’arrestations d’opposant : inquiétude et colère au sein de la société civile, le Sénégal est-il toujours une démocratie ?
Au Sénégal, c’est la chasse aux militants de Rewmi, le parti d’opposition dirigé par Idrissa Seck. Pas moins de 15 partisans de l’ancien Premier ministre du Sénégal sont arrêtés depuis le 28 février dernier, comme constat. Mais déjà, KLINFOS.COM se demande si le Sénégal est toujours une démocratie ?
Depuis l’annonce de la victoire de Macky Sall à l’élection présidentielle du 24 février dernier, les arrestations vont bon trains au Sénégal. Et ce sont les partisans de Idrissa Seck, leader de l’opposition qu’on semblent cibler.
Mais si les premières arrestations ont choqué beaucoup de Sénégalais, les choses ont complètement dérapé avec l’interpellation du colonel Abdourahim Kébé , secrétaire chargé de la Défense au sein du parti «Rewmi» de l’opposant Idrissa Seck .
#Senegal Si à la frustration des gens, à cause de suspicions d’une élection truquée, on ajoute des arrestations tous azimuts évitables, les dégâts ne vont pas tarder. #Kebetu pic.twitter.com/pjDPVascWu
— Sidy Djimby Ndao🇸🇳🗞💻📱 (@sidydjimbyndao) 3 mars 2019
Ainsi donc après les 13 militants du Rewmi arrêtés le mardi 26 février dernier, c’est au tour du colonel Abdourahim Kébé , secrétaire chargé de la Défense au parti «Rewmi», de recevoir la visite de la police. Il a été mis aux arrêts et conduit à la Division des investigations criminelles (DIC), le dimanche 3 mars.
Le tort de cet ancien attaché militaire auprès de l’ambassade du Sénégal à Washington est d’avoir invité les citoyens sénégalais à refuser ce qu’il appelle, «un hold-up électoral que veulent nous imposer les valets de Macron».
«Sénégalais debout! Une riposte énergétique du peuple s’impose. Face à ce qui apparaît comme un hold-up électoral que veulent nous imposer les valets de Macron, une seule attitude, la révolte populaire. Nous ferons comprendre à la France que le Sénégal n’est pas un pays banania, et dire au pouvoir que la confiscation de la volonté populaire ne sera pas acceptée», a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Cet appel lancé après l’annonce par la Commission nationale de recensement des votes, donnant le candidat sortant, Macky Sall, vainqueur de la présidentielle avec un taux de 58,27% du suffrage, est vu comme une incitation au soulèvement.
Quant aux 13 partisans de l’opposant Idrissa Seck , ils ont été arrêtés alors qu’ils manifestaient devant les grilles de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (RTS). Ces derniers seront jugé aujourd’hui.
Alors que, selon les informations obtenues par KOACI, le colonel Abdourahim Kébé a été déféré lundi.
En effet, conduit dans les locaux de la Sr, Abdourahim Kébé a été auditionné, le même jour, c’est-à-dire dimanche, tard dans la soirée, de 22 heures 50 minutes à 00h 40 minutes. C’est donc dans la nuit du dimanche à lundi que les éléments de la Section de Recherches ont bouclé leur audition et dressé leur procès-verbal.
La garde-à-vue devant durer 48 heures, c’est aujourd’hui que le responsable de Rewmi à Saint-Louis devra être présenté au Procureur. Le maître des poursuites, le teigneux Serigne Bassirou Guèye, décidera du sort à donner à cette affaire. Le dossier du colonel à la retraite pourrait être confié à un juge d’instruction, envoyé devant le juge des flagrants délits ou tout simplement, le procureur peut arrêter les poursuites et classer sans suite.
Outre Abdourahmane Kébé, Mory Guèye , le secrétaire national chargé de la jeunesse de Rewmi est aussi dans les liens de la détention. Présenté au procureur, hier, il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt. Le chef du parquet a renvoyé le dossier au juge des flagrants délits. Le rewmiste fera face au juge pénal de Dakar, demain mercredi.
Dans la foulée, le secrétaire exécutif d’Amnesty International section Sénégal, Seydi Gassama a fait une sortie pour dénoncer ces arrestations .
« Il faut que le gouvernement comprenne que le monde n’acceptera pas que des manifestants pacifiques soient arrêtés, jugés et envoyés en prison… », a-t-il expliqué dans un entretien avec le site Dakaractu.