Livre blanc : les grandes lignes du rapport public sur la Présidentielle du 24 février 2019 de la coalition Idy2019
INTRODUCTION
Le 11 décembre 2018, le mandataire de la coalition « Idy 2019 » a déposé au greffe du Conseil constitutionnel la déclaration de candidature de Monsieur Idrissa SECK à l’élection présidentielle du 24 février 2019.
Monsieur Idrissa SECK a vu sa déclaration de candidature validée par le Conseil constitutionnel dans sa Décision n° 3-E 2019/affaires n° 13 à 24-E-19 du 20 janvier 2019.
Toutefois, avec cette décision, le Conseil constitutionnel venait tout aussi de concrétiser la « prophétie »1 du régime d’organiser une élection présidentielle avec tout au plus cinq (5) candidats. Dans un tel contexte, la décision du Conseil constitutionnel arrêtant la liste définitive des candidats apparaissait, en réalité, comme la couverture juridictionnelle d’une sélection politique des candidats à la candidature. Aux termes de cette décision, plusieurs candidats à la candidature ont été injustement écartés soit par le biais du parrainage, soit au moyen d’une application arbitraire du droit pénal relatif au régime de déclaration de candidature.
Pour faire face à cette stratégie politico-judiciaire assumée de « réduire l’opposition à sa plus simple expression lors de l’élection présidentielle », une bonne partie des candidats à la candidature évincés à l’issue de la Décision du 20 janvier 2019, ont rejoint et agrandit la Coalition « Idy 2019 » 3.
De l’ouverture de la campagne, le 03 février 2019, à la fin de celle-ci, le 22 février 2019, la coalition « Idy 2019 » a mobilisé les sénégalais dans la paix, la sobriété et la concorde (sur l’ensemble du territoire et dans la diaspora) autour des thématiques fondamentales qui structurent le projet de société du candidat de notre coalition.
Propos publics tenus par Président de la République le 17 avril 2017 à Kaffrine dans le cadre d’une conférence de presse. V. https://www.seneplus.com/article/%C2%ABnous-allons-r%C3%A9duire-l%E2%80%99opposition- %C3%A0-sa-plus-simple-expression%C2%BB
Il s’agit de : Monsieur Mamadou Lamine DIALLO, Monsieur Papa DIOP, Monsieur El Hadji Malick GAKOU, Bougane GUEYE, Monsieur Moustapha Mamba GUIRASSY, Monsieur Abdoul MBAYE, Monsieur Khalifa Ababacar SALL, Madame Amsatou Sow SIDIBE, Monsieur Cheikh Hadjibou SOUMARE.
V., « Boune DIONNE : « ‘‘Il n’y aura pas plus de cinq candidats à la présidentielle’’ », Walf Quotidien, 22 novembre 2018, p. 2.
Le 24 février 2019, jour de l’élection présidentielle, le scrutin s’est déroulé, pour l’essentiel, dans le calme. Toutefois, d’innombrables irrégularités ont affecté la sincérité du scrutin. A ce propos, on peut notamment relever la modification unilatérale et illégale du régime de vote le jour même du scrutin, des milliers et des milliers d’électeurs égarés en raison d’une modification forcée de leurs bureaux, centres, voire leurs régions de vote, sans oublier un phénomène inédit et triste dans l’histoire de la fraude électorale : les enfants-votants ! En réalité, ces différentes irrégularités n’auraient pas été possibles si l’administration électorale dans son ensemble n’avait pas soit participé soit laissé passer les différentes manipulations anticipées sur le fichier électorale et la carte électorale.
Bref, nous avons à travers ces différentes irrégularités et entorses à la loi électorale, tout un faisceau d’indices d’une fraude électorale savamment planifiée depuis des années et devant déboucher sur une victoire technique ou à défaut sur une confiscation du suffrage du peuple souverain.
Suite au plafonnement des votes favorables à Macky SALL a l’occasion du référendum du 20 mars 2016 et lors des législatives du 30 juillet 2017, il était clair que sa chute était inévitable. Face au vote massif des sénégalais, le rejet clair du candidat sortant dans les grands centres et régions de vote et surtout à la vue des premières tendances, une victoire technique dès le premier tour apparaissait quasi impossible. C’est finalement la seconde branche de l’alternative de la victoire planifiée qui sera déployée la soirée du 24 février.
Ce qu’il convient d’appeler « plan de confiscation du suffrage du peuple souverain » trouve d’abord une expression médiatique à travers un traitement ouvertement tendancieux des résultats par les médias dominants. Ce hold-up électoral que configuraient à dessein certains médias de masse sera par la suite, on pourrait dire définitivement, scellé tard dans la nuit du 24 au 25 février par le Premier ministre. Alors même que les urnes n’étaient pas intégralement dépouillées, et à travers une déclaration télévisée, celui qui avait acté le nombre de candidats avant le temps de la justice récidiva en proclamant la victoire du candidat sortant, dont il est le directeur de campagne, avec un score de 57%.
C’est sans surprise que la Commission Nationale de Recensement des Votes confirma, tout en l’améliorant, les résultats préfabriqués du candidat sortant, le 28 février 2019.
Le Conseil constitutionnel couvre définitivement le hold-up électoral en confirmant les résultats de la CNRV4 tout en se gardant de se prononcer sur les observations et contestations de l’opposition annexées au PV des résultats provisoires de la CNRV.
Les observations qui vont suivre ont pour objet, d’une part, d’éclairer au mieux l’opinion nationale et internationale sur les conditions au regard desquelles la solution d’un hold-up électoral s’est réalisée lors de l’élection du 24 février. D’autre part, cette contribution de notre coalition entend proposer, conformément au principe fondamental de consensus politique, les voies et moyens d’une concertation politique de nature exclusivement
V. CC, Décision n° 4-E-2019/affaire N° 25-E-19 du 5 mars 2019, http://conseilconstitutionnel.sn/decision-n-4- e-2019-affaire-n-25-e-19/
thématique, effectivement pluraliste et sincère en mesure de garantir la sincérité des scrutins nationaux à venir.