Chiffre inquiétant : seul 9% de la population dans le monde vit aujourd’hui dans un pays où la liberté de la presse est satisfaisante
A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) constate que moins de 10% de la population dans le monde vit aujourd’hui dans un pays où les journalistes peuvent exercer leur profession dans un environnement favorable et dans de bonnes conditions de liberté et d’indépendance.
Seulement 9% de l’humanité vit dans un pays où la situation de la liberté de la presse est considérée par RSF comme bonne ou plutôt bonne, à savoir un pays en blanc ou en jaune sur la carte de la liberté de la presse, établie à partir du Classement mondial 2019 révélé par RSF le 18 avril dernier. Soixante quatorze pourcent de la population mondiale vit dans un pays en rouge ou noir sur la carte, c’est-à-dire un pays où la situation de la liberté de la presse est jugée difficile ou très grave, c’est-à-dire largement réprimée, tel que la Chine, la Russie, l’Arabie saoudite, mais aussi des démocraties comme le Mexique ou l’Inde. Si l’on inclut les pays en orange, où la situation est problématique, comme la Mauritanie et la Hongrie, le pourcentage s’élève à 91%.
“Aucun des grands problèmes de l’humanité ne saurait être réglé sans information libre, indépendante et fiable, c’est-à-dire sans journalisme de qualité, qu’il s’agisse du réchauffement climatique, de la corruption, de l’égalité entre les femmes et les hommes, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Il s’agit d’une situation très préoccupante pour les journalistes, mais surtout pour l’ensemble des êtres humains, privés de leur droit à l’information”.
Ces chiffres, qui prennent en compte les données démographiques de la Banque mondiale et les pourcentages de l’édition 2019 du Classement mondial de la liberté de la presse de RSF, se reflètent sur la carte de la liberté de la presse qui continue de s’obscurcir d’année en année. En cinq ans, l’indice global de la liberté de la presse a connu une baisse de 11%.
Ces mauvais résultats s’expliquent aussi par le poids démographique de certains pays qui occupent les plus mauvaises places du Classement RSF. L’Inde située à la 140e place qui est en rouge sur la carte de la liberté de la presse et la Chine, située dans la zone noire à la 177e position, représentent à eux deux plus de 2,7 milliards de personnes tandis que la population du pays le mieux classé, la Norvège, pèse seulement 5,2 millions d’individus.
Parallèlement des pays à forte densité de population ont aussi connu des évolutions démocratiques importantes en 2018, qui se sont traduites par des hausses significatives dans le Classement 2019. C’est le cas notamment de l’Ethiopie (110e) et ses 100 millions d’habitants qui a fait un bond de 40 places ou de la Malaisie (123e) et ses 31,6 millions d’habitants qui a gagné 22 places.
Publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de RSF, le Classement mondial de la liberté de la presse permet d’établir la situation relative de 180 pays et territoires en matière de liberté d’information.