Institutions

Équilibre des pouvoirs : la société civile dénonce « l’hégémonie » du président de la République

fADEL Barro et Sadikh Niass
fADEL Barro et Sadikh Niass

Pendant 48 h, la société civile sénégalaise a passé au crible, la nomenclature institutionnelle du pays. Celle-ci, fait souvent l’objet de diverses réformes. Contrairement aux exposés des motifs qui sont présentés, la société civile sénégalaise soutient que ces modifications constituent, pour la plupart du temps, une source d’instabilité institutionnelle.

Selon Sadikh Niass, secrétaire général de Raddho, la suppression du poste de Pm, ne déroge pas à cette règle. « Ce poste a été supprimé en 1963, réintroduit en 1970, supprimé de nouveau en 1983, restauré depuis 2001 et sera de nouveau certainement supprimé cette année », rappelle M. Niass. C’était les 11 et 12 avril 2019 à Mbour lors d’un atelier organisé par d’Africa Jom Center, un think thank fondé par Alioune Tine.

S’agissant du contrôle institutionnel qui devrait être sous-tendu par l’équilibre des pouvoirs, l’insatisfaction de la société civile est flagrante. « En effet, poursuit M. Niass, l’hégémonie présidentielle entraine, un déséquilibre chronique du système politique car, il attribue au Président de la République tous les pouvoirs de nomination et du fait de ses prérogatives, il peut interférer sur le fonctionnement des pouvoirs judiciaire et législatif ».

Se fondant sur les recommandations du Forum Citoyen, Moussa Mbaye, secrétaire exécutif de Enda Tiers Monde-Sénégal a formulé différentes recommandations. L’acteur de la société civile soutient que le citoyen doit être au cœur des processus de réformes. Pour ce faire, « Il faut promouvoir auprès des citoyens et organisations de base un panier minimal de mesures structurantes de réformes institutionnelles indispensables pour renforcer les normes démocratiques du Sénégal, créer un Front très large de citoyens/OSC déterminés et clairvoyants, qui porte ces propositions de réformes institutionnelles en vue de remettre l’éthique au centre de la gouvernance », suggère M. Mbaye

Cependant, les réformes institutionnelles ont souvent trait à des aspects techniques. Pour faciliter l’appropriation de ces modifications, par le maximum de populations, un changement de paradigme s’impose. Il est nécessaire de « susciter une passerelle entre académiciens et société civile pour accompagner les citoyens dans la compréhension des enjeux/situations, enrichir le débat public, promouvoir une vision nouvelle de la gouvernance, des institutions et de la citoyenneté, et ainsi assurer une meilleure résilience des fonctions de contre-pouvoirs dans nos sociétés », aux yeux du secrétaire général de Enda Tiers-Monde Sénégal.

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