Gambie : Reporters sans frontières demande l’extradition de Yahya Jammeh pour son implication dans l’assassinat de Deyda Hydara
Reporters sans frontières (RSF) demande l’extradition de Yahya Jammeh pour la tenue d’un procès en Gambie, suite aux aveux de membres de sa milice l’accusant d’avoir fait assassiner le doyen des journalistes gambiens.
Un militaire, qui a directement participé à l’assassinat de Deyda Hydara, figure historique de la presse en Gambie, accuse l’ancien président Yahya Jammeh, en exil en Guinée Equatoriale d’avoir donné l’ordre de tuer le journaliste.
« Nous avons tiré, moi, Alieu Jeng et Sanna Manjang [tous des militaires] », a déclaré le lieutenant Malick Jatta, lundi 22 juillet, devant la Commission vérité et réconciliation (TRRC), détenu depuis le 8 février 2017, suite à la chute de Jammeh.
“L’assassinat de notre correspondant il y quinze ans a entraîné une douleur profonde pour notre équipe, a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Quinze ans après les faits, nous continuons à demander que justice soit rendue. L’enquête sur ce crime abominable doit être relancée et Yahya Jammeh doit être extradé de la Guinée Equatoriale et jugé compte tenu de la gravité des accusations dont il fait l’objet. Les crimes commis contre les journalistes durant ses 22 années de règne ne doivent pas rester impunis.”
Deyda Hydara a été tué par balle dans sa voiture le 16 décembre 2004. Il était notamment connu pour sa chronique intitulée “Good morning Mr. President”, dans laquelle il livrait ses observations sur la vie politique et la gouvernance du pays.
Père de quatre enfants et cofondateur du journal privé The Point, il était âgé de 58 ans. Il était également le correspondant de RSF et de l’AFP. Deyda Hydara était considéré comme le doyen de la presse de ce pays.
Les 22 ans de règne de Yahya Jammeh ont été marqués par des relations conflictuelles avec la presse. En plus de Deyda, son nom est cité dans l’assassinat des journalistes Chief Ebrima Manneh et de Oumar Barrow, sans compter de nombreux cas d’emprisonnements de reporters et de censures.
En hausse de 30 places par rapport à 2018, la Gambie occupe la 92e position sur 180 pays dans le Classement établi par RSF en 2019. Cette embellie a coïncidé avec l’arrivée au pouvoir d’Adama Barrow en janvier 2017.