Diaspora

Un enseignant sénégalais menacé d’expulsion en France : ses collègues et ses élèves le soutiennent

manifestation de soutien à Moustapha Gueye à Montpellier en France
manifestation de soutien à Moustapha Gueye à Montpellier en France

Moustapha Gueye est installé en France depuis 2011. Ce professeur de physique-chimie sénégalais enseigne depuis deux ans dans deux collèges de Montpellier, dans le sud de la France. Alors qu’il est sous le coup d’une expulsion depuis le 14 octobre dernier, la préfecture de l’Hérault devrait lever « en partie » l’obligation à quitter le territoire français. Mais déjà à Montpellier les proches et élèves de Prof Gueye aiment dire à qui veut les entendre que « Moustapha est Montpelliérain, il restera Montpelliérain ! ».

Recruté par le rectorat puis un temps sous obligation de quitter le territoire français, Moustapha Gueye a été reçu lundi 14 octobre en préfecture. Il en ressort soulagé. Ses soutiens et ses élèves aussi.
Le chapitre pourrait s’appeler : l’heureux dénouement. Moustapha Gueye, vous savez, cet enseignant de physique-chimie sénégalais sous contrat avec le rectorat, à la base jusqu’à fin août 2020 et qui avait reçu une obligation de quitter le territoire (OQT) sous trente jours… Ça, c’était pour l’acte 1.
L’acte 2 ? La préfecture avait annulé l’OQT et c’était calqué sur la durée du contrat du rectorat pour valider un nouveau titre de séjour sur la durée du contrat avec le rectorat.

Si Moustapha Gueye bénéficie d’un sursis, pour lui, le combat n’est tout à fait terminé. Le 14 septembre, ce Sénégalais âgé de 32 ans, qui bénéficiait pourtant d’une carte de séjour, recevait un courrier de la préfecture de l’Hérault lui demandant de quitter le territoire. Sa surprise fut grande : ce trentenaire, arrivé en France en 2001, multiplie en effet les contrats de professeur de sciences physiques dans la région, à la demande du rectorat qui souffre d’un manque d’enseignants titulaires.

Depuis février 2017, il a occupé des postes à Nîmes, à Pérols, et, depuis la rentrée, il officie dans les collèges Arthur-Rimbaud et Gérard-Philippe, à Montpellier. « On me reprochait que l’emploi occupé n’était pas passé par les organes de recrutement traditionnels, ce qui est obligatoire avant de recruter un étranger, explique Moustapha Gueye, titulaires de deux Masters 2 décrochés en France. Je travaillais pour l’Etat français et on me demandait de partir ! Ça fait mal, je suis en France depuis huit ans. »

L’obligation de quitter le territoire a été annulée
Tandis qu’un comité de soutien s’est mobilisé ce lundi matin, notamment devant les collèges où enseigne le professeur, la préfecture lui a fait part d’une avancée notable dans son dossier, qui semble le satisfaire pour l’instant : son obligation de quitter le territoire français a été abrogée. Moustapha Gueye « est en situation régulière désormais, indiquent les services de la préfecture à 20 Minutes. Il a un titre de séjour lui permettant de travailler (…) Il a déposé une demande de naturalisation, qui est en cours d’examen. » Du côté du rectorat, on précise que le contrat du professeur a été prolongé jusqu’en « décembre 2020 afin de simplifier ses démarches administratives ».

Au-delà, il devra demander un prolongement de son titre de séjour. A moins qu’il ne soit, d’ici là, naturalisé. « Ce qui importait le plus à Moustapha Gueye, c’était que la procédure de naturalisation qu’il a débutée il y a deux ans ne soit totalement annulée, en raison de cette obligation de quitter le territoire français, indique Julien Landais, membre du collectif de soutien du professeur et représentant des enseignants du collège Arthur-Rimbaud. On nous a indiqué que son dossier serait transmis avec un avis favorable de la préfecture. » « Il faut lui donner de la pérennité, qu’il n’ait pas à penser tous les soirs à sa situation administrative, qu’il puisse continuer son travail sereinement », souligne Julien Frayssinhes, membre du collectif et militant à Sud Education.

Top 10 de l'info

Haut