Sénégal

Nébuleuse, manque de planification, népotisme : à la Senelec, les syndicalistes s’en prennent sévèrement au DG Pape Demba Bitèye

Papa Demba Bitèye, DG Senelec
Papa Demba Bitèye, DG Senelec

La gestion de la société nationale d’électricité (SENELEC) du point de vue social et au titre des nominations est inquiétante. C’est en tout cas ce qui ressort du communiqué du Syndicat unique et démocratique des travailleurs de l’énergie (SUDETEN) dont une copie est parvenue à KLINFOS.COM et qui décrie « une gestion inique et inédite de l’entreprise en général et des institutions sociales en particulier ». Une situation qui ne semble pas s’être améliorée avec l’arrivée du nouveau DG, Pape Demba Bitèye. 

Nous vous proposons ci-dessous et en entier, le communiqué du Syndicat unique et démocratique des travailleurs de l’énergie (SUDETEN)

La situation de SENELEC reste marquée par une gestion inique et inédite de l’entreprise en général et des institutions sociales en particulier. La gestion des ressources humaines va de mal en pis créant ses lots de frustrations, de découragement mais surtout de déception du personnel malgré l’espoir né de l’avènement d’un nouveau Directeur Général issu de l’encadrement de l’entreprise et dont l’intégrité et la compétence professionnelle font notoriété. Nous attendions du nouveau DG un diagnostic approfondi et sans complaisance de la gestion laissée par son prédécesseur en lieu et place de prises de décisions hâtives, de mises en place d’organigrammes et de nominations qui poussent à s’interroger sur la pertinence de sa vision et de ses objectifs de redressement de l’entreprise.

Depuis notre dernière rencontre avec le Directeur Général, le SUDETEN s’était engagé à privilégier la voie du dialogue mais surtout à éviter de publier des déclarations pouvant vicier le climat social apaisé.
Le SUDETEN a, depuis des mois accepté de participer à une série de négociations portant sur des demandes de régularisations de ses militants longtemps discriminés au niveau de leurs postes, ignorés dans leur déroulement de carrière, privés de promotions malgré leur ancienneté et leur expérience et faisant ainsi l’objet de cas criards reconnus.

Nous avons ainsi adressé plusieurs correspondances au DPCRH, ancien DRH et avons tenu plusieurs réunions et rencontres dans le cadre de sous commissions mises en place par la DRH. Au final toutes ces réunions et rencontres interminables se sont révélées stériles et inutiles. Les nominations et promotions décidées par la Direction Générale malgré qu’ils aient satisfait certains agents, n’ont pas concerné ceux-là mêmes dont les dossiers faisaient l’objet de ces réunions et correspondances.

A l’analyse de cette situation nous en arrivons à la conclusion que les éternelles méthodes de duperies, de subterfuges, de manœuvres et manipulations aux fins d’endormir les travailleurs restent constantes. Pendant ce temps des décisions unilatérales prises en catimini qui portent sur des contrats nébuleux, dans des conditions obscures sont prises par la Direction Générale avec le DPCRH à la baguette. Jugez en vous- même:
● la note d’information relative à la liquidation unilatérale du Fonds de pension en dehors de toutes concertations avec les représentants des travailleurs dont certains déboussolés n’ont eu pour seul choix que de se faire rembourser à perte après des années d’épargne annihilant tous projets rentables.

● La gestion du FOPES a atteint son paroxysme avec ses lots d’irrégularités, violant son statut et son règlement intérieur depuis sa mise en place avec un conseil d’administration provisoire installé en 1994 et dont la quasi-totalité de ses membres ne sont plus à SENELEC (retraités, décédés). Le règlement intérieur et les textes du FOPES sont violés en toute impunité par le DPCRH.
L’exemple le plus récent concerne le protocole portant sur l’achat d’un terrain à plus de 2 milliards à l’insu de la trésorière du FOPES qui seule avec le Président du Bureau Central de Gestion (BCG) peuvent engager une telle opération après avis et accord des représentants des travailleurs dans le Conseil d’Administration. Comment, à quelles fins et pourquoi le DPCRH avec le chef du Département Action Sociale et Communication Interne (DASCI) peuvent-ils endosser la responsabilité d’un tel acte ? ………..Le SUDETEN exige fermement l’annulation de cette transaction nébuleuse, la prise immédiate des mesures conservatoires qui s’imposent au profit exclusif des travailleurs, le renouvellement du conseil d’administration et l’audit du FOPES.Le FOPES est présentement une machine à endetter le personnel pendant que ses fonds dorment dans les comptes de SENELEC.

● Le contrat d’assurance maladie des cadres a été octroyé à une société d’assurance avec des changements majeurs dans la prise en charge des cadres sans aucune concertation, sans aucun bilan de la politique précédente et dans des conditions et circonstances qui restent à élucider.

● La retraite complémentaire, depuis sa mise en place est gérée par la Direction Générale dans la plus grande opacité.

Le SUDETEN demande la finalisation du contrat avec surtout des avenants vue la population jeune (70%du personnel) et de fournir toutes les dispositions réglementaires et les informations y afférents face aux interpellations récurrentes et légitimes des travailleurs.

Le SUDETEN interpelle la Direction Générale à instaurer le dialogue sur la retraite complémentaire avec l’ensemble des organisations syndicales.
Par ailleurs de nombreux contrats juteux ont été signés avec des impacts négatifs sur la trésorerie de l’entreprise sur fond d’externalisation d’activités au profit de sociétés inexpérimentées. C’est le
cas des contrats

o Akilee « à qui il est ? »
o Excellec « excès lekk ? »

qui malgré les ateliers de SALY présentent beaucoup d’irrégularités dans le plus grand défaut de
transparence.
La location express d’une puissance additionnelle de 120 MW auprès de KARPOWERSHIP remet à jour la lancinante question de la planification avec ses sempiternels échecs à travers les IPP dont le cas le plus récent est la Centrale de SENDOU. D’une puissance installée de 125 MW, cette centrale est une mort née (à l’arrêt à moins d’une année de sa mise en service).

Nous appelons les autorités à faire une évaluation des IPP et à apporter les corrections idoines pour une bonne maîtrise de la politique énergétique. Se référant aux preuves factuelles nous pouvons juger sans ambages la faillite de la politique des IPP.

Malgré son coût exorbitant le nouveau NSIC dénommé H2MC présente beaucoup de dysfonctionnements dans son exploitation et impacte fortement sur le rendement de SENELEC.
Le SUDETEN demande son évaluation.

Last but not least le récent contrat inopportun portant sur la location d’imprimantes par SENELEC,
C’est pourquoi nous nous interrogeons à qui profite réellement ces contrats ?
L’externalisation de certains métiers pose un débat sur certains emplois et le sort réservé à ce personnel. Nous nous attendions à ce que le nouveau Directeur Général fasse l’analyse et l’évaluation de tous ces contrats pour faire la lumière sur leurs conséquences dans le fonctionnement de l’entreprise. Malheureusement il s’est inscrit dans une politique de continuité aveugle de la gestion de son prédécesseur.

La mise en place du nouvel organigramme du Top management et des postes de cadres traduit encore une fois cette gestion solitaire et ne pourra engager les braves travailleurs pour l’atteinte des objectifs. Nous dénonçons ce travail inachevé et hâtif laissant la quasi-totalité des agents dans le désarroi. Nous constatons le partage des postes et responsabilités dans la hiérarchie supérieure pendant que les braves travailleurs continuent à trimer et à voir leur espoir de justice, d’équité, de transparence, piétiné en toute insouciance. L’absence de politique de déroulement de carrières, l’absence de logique dans la mise en place des organigrammes ou les règlements de comptes et les nominations prédominent.

La prolifération du népotisme avec des proches, des protégés, des membres de familles biologiques, politiques ou de terroirs sans aucune qualification pertinente qui sont recrutés ou propulsés à des postes taillés sur mesures sous couvert d’arguments fallacieux et trompeurs de nécessité de recruter du sang neuf. Les avancements et l’octroi des postes vacants sont traités en factuelle démagogie.
Le SUDETEN déplore l’attitude solitaire de la Direction Générale et l’invite à privilégier la démarche inclusive et participative avec les partenaires sociaux sur toutes les questions relatives à la gouvernance de l’entreprise. Cette attitude de la Direction Générale sonne la césure formelle du dialogue social entre SENELEC et les partenaires sociaux.

Le SUDETEN demande au Directeur Général garant de l’équité et de la justice, de prendre toutes ses responsabilités pour que le personnel sente une gestion transparente juste et équitable des ressources humaines de SENELEC.

Le SUDETEN interpelle les autorités étatiques face à leurs responsabilités quant aux risques de détérioration du climat social de l’entreprise s’ils ne mettent pas fin à ces pratiques de gestion en cours à SENELEC.

Le SUDETEN encourage les travailleurs en général et les délégués du personnel, les militants et sympathisants à demeurer mobilisés, fermes et déterminés dans la défense de l’emploi, des valeurs de transparence, d’équité, de mérite et de justice autour de leurs intérêts matériels et moraux.

 

Fait à Dakar, le 14 Octobre 2019

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