Guinée-Bissau: Umaro Sissoco Embalo, le « général » élu président
Umaro Sissoco Embalo, déclaré mercredi vainqueur de la présidentielle en Guinée-Bissau, se présente comme un « rassembleur » qui veillera à fédérer les énergies pour redresser ce petit pays d’Afrique de l’Ouest qu’il juge « martyrisé » par des années d’instabilité et de mauvaise gestion.
Général de brigade de réserve, ancien Premier ministre (2016-2018) du président sortant José Mario Vaz, Umaro Sissoco Embalo, 47 ans, est un spécialiste des questions de défense et géostratégiques surnommé « le général » par ses partisans, bien qu’il ait quitté l’armée dans les années 1990.
Il a été le représentant en Afrique de l’Ouest d’un fonds d’investissement libyen. Sur ses affiches de campagne, lors de ses meetings et sur les bulletins de vote, cet homme polyglotte portait un désormais célèbre keffieh rouge et blanc.
Sur le plan politique, il est le vice-président du Madem, un parti qu’il a fondé sous la précédente législature avec des dissidents du PAIGC, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui a mené la lutte pour l’indépendance du Portugal en 1974 et dominé la vie politique depuis lors.
M. Embalo était arrivé en deuxième position lors du premier tour, avec près de 28% des voix, contre 40,1% pour le chef du PAIGC, l’ancien Premier ministre Domingos Simoes Pereira.
Mais il a su réunir autour de sa candidature pour le second tour les principaux déçus du premier, dont le président sortant José Mario Vaz, l’opposant Nuno Gomes Nabiam et l’ancien Premier ministre Carlos Domingos Gomes.
Ce père de trois enfants, « musulman marié à une chrétienne », s’est posé en « rassembleur », tout en critiquant vertement la gestion du PAIGC, qui domine le Parlement et avec qui il va devoir composer pour tenter de ramener de la stabilité dans ce pays à l’histoire mouvementée, coutumier des coups d’Etat.
Lors du débat d’avant second tour, il s’est exprimé en créole portugais, parlé par une très grande partie de la population.
Il a appelé tous les Bissau-Guinéens, dont beaucoup vivent à l’étranger, à « contribuer au développement de ce pays martyrisé ».
Né dans la capitale Bissau, ce membre de l’ethnie peule, l’une des principales du pays, a fait des études de sciences sociales et politiques en Espagne et au Portugal.
En octobre, le Premier ministre Aristide Gomes, membre du PAIGC, l’a accusé de préparer un coup d’Etat, ce que l’ex-militaire a formellement démenti.
« Je ne suis pas un bandit et je n’entre jamais dans des actions subversives. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas violent », avait-il alors déclaré à l’AFP.
Amateur de foot –il est supporter du Standard de Liège, en 1ère division belge–, il parle portugais, espagnol, français, anglais et arabe.
Avec AFP