Escroquerie foncière présumée à Ngor Almadies : le Dg de l’ONAS Lansana Gagny Sakho traîné en justice
Le Directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), Lansana Gagny Sakho, a été cité dans une affaire d’escroquerie foncière présumée par une femme émigrée du nom de Aïda Seck. Celle-ci a déposé une plainte au niveau du parquet de Dakar contre Lansana Gagny Sakho qu’elle accuse de l’avoir grugée sur un de ses deux terrains d’une superficie de 150 m2 d’une valeur d’une centaine de millions de francs Cfa, sis à Ngor Almadies.
Aïda Seck a décidé d’ester en justice pour escroquerie foncière présumée au parquet du Tribunal de grande instance de Dakar contre le Directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), Lansana Gagny Sakho. Après réception de la lettre-plainte contre le sieur Sakho, le parquetier a envoyé le dossier sous forme de soit transmis (St) aux pandores de la Section de Recherches de Colobane, qui ont ouvert une enquête pour démêler l’écheveau.
Sakho et les 400 millions en liquidités pour le projet immobilier
Après avoir longtemps travaillé en Europe, Aïda décide de rentrer définitivement au bercail pour ensuite tenter d’investir dans l’immobilier, histoire de continuer à gagner sa vie aux côtés de son unique fille mais aussi et surtout de disposer enfin de son propre toit et du coup sortir de l’enfer des loyers. Ainsi, elle acquiert au courant de l’année 2000 deux terrains de 180 m2 et 150 m2 pour une valeur de plus de 100 millions de francs Cfa, sis à Ngor Almadies, et se lance à la recherche de partenaires financiers. Ainsi, elle est mise en rapport avec le Directeur de l’Onas par son «frère» Balla Seck. «Quand M. Sakho m’a reçu dans son bureau, nous avons discuté d’un projet de société civile immobilière (Sci) d’un coût de 600 millions de francs Cfa. Il était convenu que je mette mes terrains, quant à lui, il devait se charger de financer le projet, mais aussi de trouver d’autres financements, si d’aventure nous convenons d’étendre le partenariat. Ainsi, dans son bureau, il m’a dit qu’il détenait 400 millions en liquidités pour démarrer le projet. J’ai sauté au plafond en disant que c’était une aubaine pour moi, d’autant que je suis sans mari et vis seule avec mon unique fille dans une maison en location. Je me suis également saignée aux quatre veines à l’étranger pour gagner de l’argent et disposer de ces terrains, avant de chercher des financements pour mon projet d’immeuble R+9 à vocation typiquement commerciale», nous a confié, samedi dernier, Aïda dans son domicile en location à la cité Biagui.
La société «Sci Soninkara» et le projet d’immeuble R+9 d’un coût de 600 millions
Selon toujours la femme émigrée, il était convenu de nouer un partenariat entre elle et la société baptisée «Sci Soninkara» qui, à en croire Aïda, appartiendrait au Directeur de l’Onas, pour la construction d’un immeuble R+8 ou 9 d’un coût de 600 millions sur les terrains de la bonne dame du lot N°677 sis à Ngor Almadies (Nga) pour une société civile immobilière (Sci). «Nous avons été sur les lieux pour visiter ensemble les terrains. On a pris ensuite un architecte pour nous faire les plans. C’était juste avant la dernière présidentielle. Mais, entre-temps, je devais subir une opération et je suis partie à Paris. Mais, à mon retour au Sénégal, j’ai été surprise d’entendre le sieur Sakho me dire qu’il renonçait au projet. Il m’a mis pourtant la pression pour que je signe le document, avant de se rétracter. Pour la signature du document, il m’a envoyé un certain Papis A. et m’a indiqué au téléphone que ce dernier pouvait signer à sa place», a déclaré la femme émigrée.
Aïda cède à la pression, signe sa «mort» sans le savoir avec la cession de droit au bail de son Tf N°2132/Nga du lot N°677 à la «Sci Soninkara»
Mais, en signant le bail sans l’étudier à tête reposée, Aïda Seck se rend vite compte qu’elle vient de signer son arrêt de mort. Le document en question stipule sur la page de couverture ceci : «cession de droit au bail par Madame Aïda Seck au profit de la société «Sci – Soninkara». Lot N°677 à distraire du Tf N°2132/Nga». Mais, avant d’arriver à la signature-rupture de partenariat, selon toujours Mme Seck, le Directeur de l’Onas lui demandera de lui céder l’un de ses deux terrains Tf N°2132/Nga du lot N°677 au profit de sa société dénommée «Sci Soninkara», avant d’engager le projet de construction de l’immeuble à vocation typiquement commerciale sur le second terrain. Ce que la dame dit avoir fait naïvement. «Je croyais qu’un homme de son statut de Directeur général d’une société nationale ne pouvait vraiment pas me faire ce coup-là. Car il a plus de moyens et gagne plus que moi». Mais, grande fut sa surprise, lorsqu’elle reçoit des ordres d’expulsion du terrain de la part d’huissiers de justice. Aussitôt, elle affirme avoir compris que l’objectif était de prendre la parcelle.
Elle apprend la mise en vente de sa parcelle via un ami et reçoit des ordres d’expulsion
Mais, plus grave encore, rapporte la dame, quelqu’un a téléphoné à un de ses amis avec qui elle se trouvait dans un véhicule et a proposé de lui vendre sa parcelle de terrain. L’ami en question a mis alors en haut-parleur l’appelant pour faire écouter leur conversation téléphonique à la bonne dame. «Le gars proposait de vendre mon terrain du titre foncier Tf N°2132/Nga à mon ami à 100 millions au lieu de 135 millions, alors que je n’étais même pas au courant de ça. J’ai paniqué et appelé mon avocat Me Youssoupha Camara pour l’informer. Ce dernier m’a conseillé de requérir les services d’un huissier, qui a constaté la conversation téléphonique et les différents messages via cellulaire entre Gagny Sakho et moi», a-t-elle laissé entendre.
Elle porte plainte contre Sakho au parquet de Dakar qui saisit la Section de Recherches, Balla Seck enfonce son ami Directeur
Ayant perdu un de ses terrains et sommée par des huissiers de vider les lieux pour mise en vente de la parcelle, Aïda Seck crie à la trahison et dépose une lettre-plainte pour escroquerie foncière contre le Directeur de l’Onas au niveau du parquet de Dakar. Celui-ci envoie le dossier en soit transmis aux gendarmes de la Section de Recherches de Colobane pour enquête exhaustive. La dame a été auditionnée vendredi dernier sur procès-verbal par les enquêteurs. D’autres personnes citées dans l’affaire, notamment Papis A., représentant du sieur Sakho, et le nommé Balla Seck, l’ami de la plaignante et du mis en cause, ont été auditionnées. Mais, d’après nos informations, le sieur Balla a confirmé sur toute la ligne la déposition de la femme émigrée, avant d’enfoncer son ami Lansana Gagny Sakho devant les enquêteurs. D’autres individus vont être auditionnés. Notamment le notaire et l’architecte. L’enquête suit son cours..
Lansana Gagny Sakho dément, dit payer les 75 millions et parle de chantage
Joint hier par téléphone, le Directeur général de l’Office national de l’assainissement (Onas), Lansana Gagny Sakho, a botté en touche les accusations d’escroquerie foncière de la dame Aïda Seck et parle de chantage. «Cette dame (Aïda Seck) m’a vendu un terrain à 75 millions de francs Cfa devant le notaire Me Tabara Mathurin. J’ai versé d’ailleurs intégralement la somme convenue. Elle m’a ensuite parlé d’un projet immobilier et je lui ai dit que je n’étais pas intéressé. Elle m’a accusé d’escroquerie et menacé de saisir la presse. C’est dommage que dans ce pays, des gens utilisent la presse, qui publie parfois sans vérifier. En tout cas, pour votre cas, je vous remercie de m’avoir permis de m’exprimer sur cette affaire. Je vous envoie tout de suite via WhatsApp sur votre téléphone portable les documents, en l’occurrence, l’acte de vente devant le notaire et l’assignation en expulsion pour occupation sans droit ni titre», a soutenu M. Sakho. Et d’ajouter, «elle veut faire du chantage avec moi».
Il instruit néanmoins son avocat pour négocier avec la dame via l’avocat de celle-ci, qui décline l’offre
Après notre échange avec le sieur Sakho, ce dernier a, selon la plaignate, activé au téléphone son avocat, qui a câblé l’avocat de la dame pour tenter de trouver un terrain d’entente. «Mon avocat vient de me dire que l’avocat de Sakho l’a appelé au téléphone pour lui dire que son client veut négocier. Mais, j’ai décliné l’offre de négociation. Je veux continuer le combat contre le sieur Sakho, qui m’a causé du tort. J’ai totalement foi en la justice de mon pays», déclare Aïda Seck.
V. P. NDIAYE – Les Echos