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Révélation: Moustapha Niasse échangeait avec un agent secret étranger lors de la Présidentielle 2012

Révélation: Moustapha Niasse échangeait avec un agent secret étranger lors de la Présidentielle 2012
Moustapha Niasse

e Sénégal et le Maroc sont liés par des relations d’amitié et de coopération qui datent des années d’indépendance, saluées de part et d’autre. Les deux pays ne ratent jamais l’occasion de réitérer l’excellence du partenariat fécond qui alimente leurs relations bilatérales. Mais De Gaulle avait appris au monde que «les pays n’ont pas d’ami, ils n’ont que des intérêts». Et le Maroc ne semble pas déroger à cette règle. En effet, des informations publiées par le site d’informations moroccomail.fr laissent entendre que Rabat s’est immiscé dans le déroulement de l’élection présidentielle sénégalaise de 2012.

Dans sa publication, le média pro République arabe sahraouie démocratique (Rasd) fait état d’un échange par courrier confidentiel entre l’actuel président de l’Assemblée nationale du Sénégal Moustapha Niasse et l’ex-agent des services secrets marocains, Abdelmalek Alaoui. Selon moroccomail.fr, un courrier confidentiel des services secrets marocains, la DGED (la Direction Générale des Études et de la Documentation est un service de renseignements et de contre-espionnage au Maroc), révèle que Moustapha Niasse, alors candidat, échangeait avec Abdelmalek Alaoui des informations sur le déroulement de l’élection présidentielle de 2012 au Sénégal. A l’époque, écrit le site, Abdelmalek Alaoui présidait une société de conseil qui assurait la veille médiatique à la DGED. Dans la discussion que le moroccomail.fr n’a pas hésité à mettre en ligne, Moustapha Niasse qui écrivait sous le mail ‘’moustapha…@….com, envoyait à Abdelmalek Alaoui à l’adresse a.alaoui@global-intel.com, le lundi 27 février 2012 à 11:39, un mail avec comme objet «point de la situation».

Moustapha Niasse ne voulait pas devenir député «Je ne serai pas parmi les candidats à la députation, ayant choisi de m’occuper de mes missions de consultant et de la compagnie qui exploite l’hélicoptère»

«Mon cher ami… Ce matin apparaissent les tendances issues du scrutin d’hier, 26 février 2012. Tu auras l’amabilité de faire connaître à notre Grand Ami que je suis 3ème, après A W (Abdoulaye Wade, ndlr) et M S (Macky Sall, ndlr), crédités de 30 et 25% et moi de 18%. Si cela se confirme, il sera évident qu’aucun des deux ne peut gagner au second tour sans mon soutien», lit-on sur le mail dont une capture d’écran a également été publiée sur le site. Poursuivant, Moustapha Niasse ajoute : «c’est la coalition Bennoo qui décidera, mais il est exclu que nous soutenions A W (Abdoulaye Wade, ndlr), qui, du reste, le sait bien. S’il doit y avoir des négociations, elles seront menées, sous mon égide, par les Jeunes cadres de notre coalition. D’autant que les élections législatives se tiendront le 17 juin 2012. Ce qui permet de continuer le travail politique à la base». Plus loin, l’actuel président de l’Assemblée nationale du Sénégal de faire savoir à son interlocuteur qu’il n’est pas intéressé par la députation. «Je ne serai pas parmi les candidats à la députation, ayant choisi de m’occuper de mes missions de consultant et de la compagnie qui exploite l’hélicoptère», aurait-il indiqué, terminant par dire : «Encore une fois grand merci à notre Ami et à toi. J’ai un moral d’acier, soutenu par ma foi. Dieu est grand. Moustapha Niasse».

Qui est Abdelmalek Alaoui

Né à Rabat en 1978, Abdelmalek Alaoui est le fils de Moulay Ahmed Alaoui, membre du gouvernement marocain entre 1956 et 1998 (décédé en 2002) et de d’Assia Bensalah, ambassadrice itinérante proche du roi Mohammed VI. Fondateur de Global Intelligence Partners, il conseille de grands patrons et hommes politiques. Ses activités tournent autour de l’intelligence économique, le lobbying et la communication d’influence. Au Royaume, nombreux sont ceux qui ont pensé ou dit que le succès fulgurant de Global Intelligence Partners s’explique en grande partie par sa proximité avec le Palais royal. Il est également le Directeur de la publication du HuffPost Maroc. Questions : le Maroc avait-il soutenu Moustapha Niasse lors de la présidentielle de 2012 ? C’est qui l’Ami ? Pourquoi le secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès sentait-il la nécessité de «rendre compte» au service de renseignements et de contre-espionnage marocain du déroulement du scrutin présidentiel sénégalais ? Ce qui est sûr, c’est que si ces informations venaient à se confirmer, des questions et pas des moindres se poseraient. Et le Sénégal, comme tout pays qui se respecte, devra demander des comptes à son partenaire marocain. Et pour cause, en soutenant directement ou indirectement un candidat à une élection au Sénégal, le Maroc s’immisce dans la marche de la démocratie sénégalaise. En tout cas, de telles fautes aussi lourdes ont déjà valu des ruptures de relations diplomatiques sous d’autres cieux. Mais on est au Sénégal.

Pape Sagna Mbaye : «Le Président Moustapha Niasse revendique et assume toutes ses relations» avec les plus hautes autorités marocaines et ce depuis plusieurs générations» Contacté par nos soins, le cabinet du Président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse a donné la version de son patron. Pape Sagna Mbaye, «commis» pour nous parler, a d’emblée fait savoir que «le Président Niasse (Moustapha) doit voyager demain (aujourd’hui, ndlr)». Devant notre instance, le parlementaire demande quelques minutes pour évoquer la question avec «qui de droit». Et 16 minutes après, Pape Sagna Mbaye nous recontacte pour nous donner une version. «Le Président Moustapha Niasse revendique et assume toutes ses relations avec les plus hautes autorités marocaines et ce depuis plusieurs générations», dit-il. Et alors qu’on allait lui poser la question de savoir si «le Président Moustapha Niasse a été soutenu par le Maroc lors de la présidentielle de 2012», le parlementaire Pape Sagna Mbaye indique qu’il ne répondre à aucune question.

Le précédent Mankeur Ndiaye

Ce n’est pas la première fois que les Saharaoui révèlent des conversations secrètes entre des autorités sénégalaises et celles marocaines. Il y a 4 ans, ils ont fait leurs choux gras sur une affaire qui concernait Mankeur Ndiaye. Dans une série de textes intitulée «scandale de l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères», ils avaient posté des échanges de mails confidentiels entre Mankeur Ndiaye et l’ambassadeur du Royaume du Maroc au Sénégal. «Depuis le scandale de l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, nous savons que l’élite sénégalaise est complètement assujettie par la ‘’générosité’’ des autorités marocaines en vue de les manipuler dans le dossier du Sahara Occidental», constate le média, faisant ainsi allusion à l’affaire de la note du 1er août 2014, dans laquelle l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise faisait part de son souhait d’obtenir du Maroc «trois places de pèlerinage qu’il souhaiterait octroyer à ses proches». Affaire qu’avait révélée un hacker du nom de Chris Coleman. Mankeur Ndiaye a été éloigné du gouvernement depuis.

Sidy Djimby NDAO

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